DSK : “la crise actuelle n'est pas une crise de l'euro mais une crise de l'Europe”

Dominique Strauss-Kahn a livré son analyse de la crise européenne aujourd’hui à l’Université privée de Marrakech. Motus, en revanche, concernant la conjoncture économique marocaine.

DSK : “la crise actuelle n'est pas une crise de l'euro mais une crise de l'Europe”

Le 8 mai 2013 à 14h12

Modifié 8 mai 2013 à 14h12

Dominique Strauss-Kahn a livré son analyse de la crise européenne aujourd’hui à l’Université privée de Marrakech. Motus, en revanche, concernant la conjoncture économique marocaine.

Après un premier passage à l’Université privée de Marrakech, le 21 septembre 2012, organisé sur le thème « pays émergents dans la gouvernance mondiale », Dominique Strauss-Kahn, ex-président du FMI, a animé aujourd’hui mercredi 8 mai 2013, une conférence durant laquelle il a parlé de « la crise de l’euro ».

« La crise actuelle n’est pas une crise de l’euro ; les crises monétaires sont faciles à résoudre. La crise la plus difficile et la plus urgente à résoudre est d’abord la crise de l’Europe.» C’est en ces termes que DSK a pointé le mal que traverse l’Europe actuellement. Et pour cause : il a identifié trois facteurs majeurs de cette descente aux enfers:

1. L’Europe a sous-estimé la crise :

Les premiers signes de la crise se sont fait sentir en décembre 2009. Les premières mesures n’ont été entreprises qu’en mai 2010. A l’heure où l’Union européenne avait besoin d’une grande intervention chirurgicale, elle s’est contentée de mettre en place un plan, sans le soutien du FMI, pour sortir la région de la crise annoncée. Seule la Grèce a fait exception, elle a été la seule à solliciter l’aide du fond monétaire. Mais seule, elle ne pouvait entreprendre de mesures hors du cadre de l’Union européenne.

Le plan proposé par l’UE consistait à prêter à l’Etat grec de quoi payer ses dettes. « Grosse erreur » commente DSK avant de poursuivre : « prêter à un Etat endetté ne fait qu’augmenter davantage sa dette ».

Le même scénario s’est répété ensuite, avec la crise chypriote, Chypre étant un pays d’une importance économique moindre que la Grèce. Cette fois-ci, l’Union Européenne a mal négocié les « effets » de la crise.

2. L’Europe a été sous-équipée :

« Théoriquement, la gauche comme la droite se ressemblent en ce qui concerne les politiques économiques. Tous font du keynésianisme mal digéré ! Mélenchon aussi » juge DSK qui ne manque pas de déplorer l’absence d’une base de réflexion théorique et intellectuelle.

L’UE n’a pas su accompagner la financiarisation du système mondial ; les universités et les think thank n’ont pas anticipé ce changement. Les chefs d’Etat non plus ; « ils n’ont pas conscience de l’interconnexion des économies.»

Par ailleurs, DSK fait remarquer que l’Europe a tué la prise de risque et le sens de l’innovation, et ce, en surtaxant les grands revenus prenant en exemple un pays européen "que je ne veux pas citer". Rajouté à cela le sous-équipement institutionnel : la gouvernance ne fonctionne pas correctement.

3. L’Europe a été mal dirigée :

Le pouvoir central est faible ; Bruxelles est une organisation de type fédéral, composée de dirigeants faibles, qui ne font pas la différence entre la gestion communautaire, selon laquelle l’Union était censée être gérée, et la gestion intergouvernementale, qu’elle a effectivement connue. De ce fait, le collège n’avait pas de pouvoir de réaction lorsque la crise est arrivée.

Actuellement, le rôle de conseil des structures de régulation, à l’instar du FMI, n’est pas tenu.

Le problème majeur qui ressort du discours de DSK est celui de la compétitivité. Le problème de la dette n’est pas d’une grande importance, ce qui compte c’est la remise à niveau de l’Union européenne. Elle doit se rattraper, et ce, à travers l’innovation. Sans quoi, dans 50 ans, l’Union européenne va très probablement disparaître.

Concernant le Maroc, DSK préconise une intégration politique et économique régionale ; « les bénéfices sont évidents, et les avancées sont faibles à cause notamment du conflit entre le Maroc et l’Algérie dans la région du bassin méditerranéen. L’Europe peut, en revanche, contribuer à harmoniser les politiques économiques de la région. Mais pas seulement : la société civile, les universités marocaines et algériennes peuvent contribuer à rendre l’atmosphère moins tendue ».

Au final, interpellé en privé par la presse sur la question des finances publiques et de la caisse de compensation, DSK n’a souhaité apporter aucune analyse, ni aucun commentaire.

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