Libre échange : l’industrie du cuir et les TIC peuvent y laisser des plumes

Les premiers éléments de l’étude d’impact économique, social et environnemental viennent d’être rendus publics. Le rapport complet sera publié en octobre.  

Libre échange : l’industrie du cuir et les TIC peuvent y laisser des plumes

Le 12 juin 2013 à 12h09

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Les premiers éléments de l’étude d’impact économique, social et environnemental viennent d’être rendus publics. Le rapport complet sera publié en octobre.  

Dans le cadre des négociations des accords de libre-échange complets et approfondis (Aleca) entre l’UE et le Maroc, l’UE fait réaliser une étude d’impact sur le développement durable par Ecorys.

L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact économique, social et environnemental potentiel de ces accords. Le rapport final n’est attendu que pour octobre, mais le rapport préliminaire de la première phase de l’étude a été publié ce vendredi sur le site internet dédié à l’étude. Le bilan global est plutôt positif, avec un accroissement du PIB de long terme de 1,6%, mais certains secteurs tels que l’industrie du cuir, pourraient y laisser des plumes.

Les conditions de l’étude d’impact

Cette étude estime les effets de la réduction des barrières non tarifaires ainsi que les effets d’externalité induits par la mise en conformité des normes industrielles marocaines sur les standards européens qui devrait se traduire par un meilleur accès à d’autres marchés.

Elle ne traite pas de la réduction des barrières tarifaires, puisque les Aleca ne devraient pas inclure ce type de mesures, les barrières tarifaires étant quasiment nulles depuis octobre 2012. L’étude utilise un modèle économétrique d’équilibre général comptable (CGE).

Les effets macroéconomiques

A long terme, l’effet global estimé sur le PIB est un accroissement de 1,6%, sachant que ce sont les mesures de libéralisation des barrières non tarifaires sur les biens qui ont le plus d’impact, suivis des effets d’externalités, la libéralisation des barrières non tarifaires sur les services n’ayant que peu d’effet.

Les effets sur le commerce extérieur marocain sont également positifs, puisque selon l’étude si, à long terme, les importations devraient augmenter de 8%, les exportations devraient croitre de 15%. Donc, l’effet sur la balance commerciale est estimé positif. De même, pour les termes de l’échange. Des effets positifs, de 1,6 à 1,9% sont également attendus sur les salaires, ce qui devrait permettre d’accroître le pouvoir d’achat des Marocains, malgré une hausse des prix estimée à 0,4% due à une augmentation de la demande faisant suite à l’augmentation des salaires.

Mais, si l’effet global est positif, les effets par secteur diffèrent

C’est le secteur des « autres matériaux » qui s’en sort le mieux avec une croissance estimée de la valeur ajoutée de 8,5% à long terme. Celui des fruits et légumes tire également son épingle du jeu avec une croissance de 4%.

En revanche, d’autres secteurs devraient connaître une baisse de leur production. Ainsi, dans le secteur primaire, la branche des céréales et cultures devrait se contracter de 2,7%, tandis que dans le secteur secondaire, ce sont les industries du cuir qui devraient être les plus affectées avec une contraction de leurs activités de 3,6%.

Enfin, dans le secteur tertiaire, les TIC et autres services commerciaux, sous l’effet de la concurrence accrue des entreprises européennes, devraient connaître une contraction de 1,7% de leurs activités. Du côté des exportations, c’est la branche des autres équipements de transport qui devrait bénéficier le plus des accords avec une augmentation de ses exportations de 89%. Toutes les branches de l’industrie devraient également connaître un accroissement significatif de leurs exportations, mais c’est la branche des autres matériaux qui devrait connaître la plus forte hausse (+71%).

Le secteur des services, en revanche, va connaître une diminution de ses exportationsdans la plupart des branches. Du côté des importations, tous les secteurs vont connaître une hausse de leurs importations.

Les effets sur le secteur social

En l’absence de données récentes suffisantes sur les ménages, il est impossible d’estimer l’impact quantitatif des accords sur la pauvreté et le bien-être. Les estimations ont donc été menées sur un plan qualitatif. La hausse des prix et des salaires ne va pas affecter tous les ménages de la même manière, en fonction de leur source de revenus et des habitudes de consommation.

La hausse des salaires moyens est estimée plus importante pour les travailleurs qualifiés (+1,9%) que pour les non qualifiés (+1,6%).

Le modèle de prévision utilisé n’est pas en mesure d’estimer l’impact quantitatif en matière d’emplois. Cependant, une partie de l’accroissement des revenus estimé par le modèle semble dû à une création d’emplois. Aucun impact significatif sur la sécurité et le dialogue social n’ont été estimé. L’impact des accords sur les droits humains, estimé positif mais en grande partie indirect, est davantage attendu sur les droits économiques et sociaux (droit à des conditions de vie décente,  la sécurité alimentaire, par exemple) que sur les droits politiques, civils et culturels.

Les effets sur l’environnement

Les impacts estimés de l’accord sur l’environnement sont autant positifs que négatifs, et l’effet global est incertain. En termes de pollution de l’air, les estimations montrent un effet positif des accords sur tous les polluants de l’air, aussi bien à court terme qu’à long terme. Cet effet est dû à une transition de l’économie des secteurs plus polluants tels que textile et cuirs, chimie et transport vers des secteurs moins polluants pour l’air tels que les fruits et légumes ou les services publics et autres. Ces effets positifs sur la pollution de l’air devraient à long terme permettre de diminuer les coûts externes de 24 millions d’euros.

Concernant les autres indicateurs de l’environnement, tels que les déchets, la biodiversité et l’économie verte, les effets globaux des accords sont mitigés et de moindre ampleur.

Les effets sur les ressources en eau sont ambigus : d’une part, la hausse de la production agricole intensifie l’utilisation d’une ressource déjà rare pour l’irrigation, et d’autre part, le recul des activités des industries polluantes, comme les industries de textiles et cuirs, est susceptible de réduire la pollution globale. Enfin, l’étude estime que les accords devraient avoir un effet positif sur le changement climatique à travers une réduction des émissions de CO2.

Les prochaines étapes

Cette étude fera l’objet d’une présentation à la société civile marocaine lors d’un atelier prévu le 27 juin. En attendant, elle est consultable sur le site internet qui lui est dédié et un forum de discussion est ouvert sur la page facebook « tsiamorocco ». Enfin, une seconde phase d’étude devrait approfondir les analyses.

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