Espionnage américain: Kerry fait face à la controverse à Bruneï

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré lundi son homologue européenne Catherine Ashton, en marge d'un sommet asiatique, en pleine controverse sur le programme d'espionnage de la NSA, qui aurait visé les institutions de l'UE et des millions de citoyens européens.  

Espionnage américain: Kerry fait face à la controverse à Bruneï

Le 1 juillet 2013 à 10h23

Modifié le 1 juillet 2013 à 10h23

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a rencontré lundi son homologue européenne Catherine Ashton, en marge d'un sommet asiatique, en pleine controverse sur le programme d'espionnage de la NSA, qui aurait visé les institutions de l'UE et des millions de citoyens européens.  

Après quatre jours d'une mission marathon au Proche-Orient afin de tenter de ressusciter un processus de paix moribond, le chef de la diplomatie américaine a posé pied lundi au Bruneï, un petit sultanat d'Asie du Sud-Est où se réunissent jusqu'à mardi les ministres des Affaires étrangères de 26 pays d'Asie-Pacifique, ainsi que l'Union européenne.

Le sommet doit être largement consacré à des questions régionales comme les dissensions entre la Chine et ses voisins quant à ses prétentions en mer de Chine méridionale. Mais la controverse suscitée par le programme d'espionnage américain devrait s'inviter aux discussions, au moins en marge, en particulier lors d'une rencontre entre M. Kerry et la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton. Rien n'a filtré sur la teneur de l'entretien, qui a lieu en milieu de journée. Les Européens ont exigé des explications sur le programme d'espionnage américain, qui aurait visé les institutions de l'UE et des millions de citoyens européens, alors que le quotidien britannique The Guardian a affirmé dimanche que la France, l'Italie et la Grèce figuraient parmi les 38 «cibles» surveillées par l'Agence nationale de sécurité (NSA) américaine.

Face au déluge de documents communiqués via l'ancien consultant américain de la NSA, Edward Snowden, au cœur d'un imbroglio mondial digne des meilleurs romans d'espionnage, Bruxelles a averti même de possibles conséquences sur la négociation d'une zone de libre-échange transatlantique. «Entre partenaires, on n'espionne pas!», a lancé dimanche au Luxembourg la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding. «On ne peut pas négocier sur un grand marché transatlantique s'il y a le moindre doute que nos partenaires ciblent des écoutes vers les bureaux des négociateurs européens», a-t-elle estimé, en réclamant que les Etats-Unis «dissipent ces doutes très rapidement».

La Direction nationale du renseignement américain (ODNI), qui chapeaute les 17 agences de renseignement du pays dont la NSA, a indiqué dans un communiqué transmis à l'AFP que les Etats-Unis «répondront de façon appropriée» à l'UE et à ses Etats membres par les canaux diplomatiques. L'hebdomadaire allemand Der Spiegel a assuré dimanche que Prism, le programme d'espionnage de la NSA, avait visé les institutions de l'Union européenne. Le Spiegel fonde ses accusations sur des documents confidentiels dont il a pu avoir connaissance grâce à Snowden.

La France a demandé des explications «dans les plus brefs délais». «Ces faits, s'ils étaient confirmés, seraient tout à fait inacceptables», a déclaré le chef de sa diplomatie, Laurent Fabius. La ministre française de la Justice, Christiane Taubira, est allée plus loin, en estimant que si Washington avait bel et bien mené les opérations d'espionnage décrites par le Spiegel, ce serait «un acte d'hostilité inqualifiable». Selon le Spiegel, le programme était constitué non seulement de micros installés dans le bâtiment de l'UE à Washington, mais aussi d'une infiltration du réseau informatique qui lui permettait de lire les courriers électroniques et les documents internes. La représentation de l'UE à l'ONU était surveillée de la même manière, toujours selon ces documents.

L'affaire Snowden devrait également être abordée lors d'une rencontre prévue mardi entre M. Kerry et son homologue russe Sergueï Lavrov à la réunion ministérielle du Bruneï. Moscou a refusé d'extrader Snowden, recherché aux Etats-Unis pour espionnage. S'adressant lundi à ses homologues d'Asie-Pacifique, M. Kerry a par ailleurs appelé à l'apaisement en mer de Chine méridionale, où les revendications territoriales chinoises sont en butte à plusieurs pays de la région. «Les Etats-Unis éprouvent un intérêt national au maintien de la paix et de la stabilité, au respect du droit international, à des échanges commerciaux sans entraves et à la liberté de navigation en mer de Chine méridionale», a-t-il déclaré.

Le chef de la diplomatie américaine a exprimé son espoir de voir s'établir le «Code de conduite», une série de règles visant à apaiser les tensions et que l'ASEAN tente en vain depuis de nombreuses années de faire adopter par une Chine réticente. «Nos actions ne visent pas à maîtriser ou à contrebalancer un pays quelconque», a cependant ajouté M. Kerry qui devait rencontrer lors de la réunion son homologue chinois Wang Yi.

La Chine revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, carrefour de routes maritimes vitales pour le commerce mondial. Outre les Philippines, le Japon, Taïwan, le Vietnam, la Malaisie et Bruneï ont également des différends territoriaux maritimes avec Pékin. La tension est encore montée d'un cran à ce sujet dimanche quand les Philippines ont estimé que la présence militaire et para-militaire chinoise «massive» en mer de Chine méridionale représentait une «menace» pour la paix dans la région.

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