Egypte : arrestation des dirigeants des Frères musulmans

Les principaux dirigeants des Frères musulmans ont été arrêtés au lendemain d'un coup d'Etat militaire qui a renversé l'islamiste Mohamed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement, remplacé jeudi pour une période intérimaire par un magistrat peu connu.  

Egypte : arrestation des dirigeants des Frères musulmans

Le 4 juillet 2013 à 17h39

Modifié le 4 juillet 2013 à 17h39

Les principaux dirigeants des Frères musulmans ont été arrêtés au lendemain d'un coup d'Etat militaire qui a renversé l'islamiste Mohamed Morsi, premier président égyptien élu démocratiquement, remplacé jeudi pour une période intérimaire par un magistrat peu connu.  

Adly Mansour, président de la Haute cour constitutionnelle, a promis de «protéger le système républicain» et d'être le «garant des intérêts du peuple» dans une brève allocution. Il a aussi rendu hommage à l'armée, «conscience de la nation» et à la presse «libre et courageuse».

La chute de M. Morsi, issu des Frères musulmans et élu en juin 2012 lors de la première présidentielle libre de l'histoire du pays, met un terme à un an de pouvoir islamiste marqué par des crises à répétition et une forte contestation populaire. Elle ouvre aussi la voie à une délicate transition dans le plus peuplé des pays arabes, où l'armée a lancé une vaste opération contre les Frères musulmans, accusés par leurs détracteurs de vouloir instaurer un régime autoritaire au profit de la confrérie.

M. Morsi et sa garde rapprochée sont détenus par l'armée. Le Guide suprême de la confrérie Mohamed Badie a été arrêté pour «incitation au meurtre de manifestants», son numéro 2 Khairat al-Chater est sous le coup d'un mandat d'arrêt, et le chef du Parti de la liberté et de la justice (PLJ), vitrine politique du mouvement islamiste, a également été arrêté.

Un haut responsable de l'armée a confirmé la détention «de façon préventive» de M. Morsi, laissant entendre qu'il pourrait être poursuivi, alors que la justice le convoque lundi à un interrogatoire pour «insulte à l'institution judiciaire» et que d'autres charges pourraient être retenues contre lui.

Embarras à l'étranger

La mise à l'écart d'un président démocratiquement élu par l'armée, qui a aussi suspendu la Constitution pour une période transitoire non précisée, a créé un certain embarras à l'étranger et suscité des réactions contrastées. Si toutes les capitales ont évité de parler de «coup d'Etat», le président américain Barack Obama a appelé à réexaminer l'importante aide militaire à l'Egypte, la Russie a exhorté les camps rivaux à "la retenue" et l'Europe a insisté sur la tenue rapide d'une présidentielle.

Berlin a dénoncé «un échec majeur pour la démocratie en Egypte», tandis que Londres, tout en disant «ne pas soutenir les interventions militaires», s'est dit prêt à coopérer avec les nouvelles autorités. L'ONU a demandé la mise en place d'«un gouvernement civil le plus vite possible».

M. Mansour a reçu des félicitations de plusieurs dirigeants arabes en tête desquels l'Arabie saoudite, mais la Turquie a jugé antidémocratique le renversement de M. Morsi. Sur la place Tahrir au Caire qui a fêté toute la nuit avec des feux d'artifice le renversement de M. Morsi, moins de trois ans après avoir célébré la chute de son prédécesseur Hosni Moubarak en février 2011, il restait quelques petits groupes de manifestants alors que des haut-parleurs diffusaient de la musique patriotique.

Les événements se sont précipités depuis des manifestations sans précédent dimanche, émaillées de violences meurtrières, contre M. Morsi.

Tous les maux du pays

Après l'expiration d'un ultimatum de 48 heures lancé lundi par l'armée, et face à la persistance du président à rester au pouvoir, c'est son ministre de la Défense et chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort du pays, qui a annoncé sa mise à l'écart.

Les forces de sécurité l'ont ensuite arrêté et emmené au siège du ministère de la Défense, après la diffusion d'un enregistrement vidéo dans lequel M. Morsi, premier président civil et islamiste du pays, s'est redit «le président élu d'Egypte» et a dénoncé un «coup d'Etat complet».

Ce coup de force fait craindre de nouvelles violences, alors que les heurts depuis le 26 juin ont coûté la vie à 57 personnes, dont dix morts mercredi soir lors d'accrochages entre des pro-Morsi et les forces de l'ordre, et entre pro et anti-Morsi.

Le ministère de l'Intérieur a averti qu'il répondrait «fermement» aux troubles et des blindés ont été déployés au Caire. La feuille de route sur la transition politique a été rédigée par l'armée, qui avait déjà pris les rênes de l'exécutif durant 16 mois entre la chute de Moubarak et l'élection de Morsi. Elle a toutefois fait l'objet de tractations avec l'opposition et les principaux dignitaires religieux musulmans et chrétiens du pays. Les consultations pour la formation d'un gouvernement «doté des pleins pouvoirs» qui sera dirigé par M. Mansour, ont commencé, selon l'opposant Amr Moussa.

M. Morsi était accusé de tous les maux du pays -administrations corrompues, dysfonctionnements économiques, tensions confessionnelles- par ses adversaires qui voyaient en lui un apparatchik islamiste inexpérimenté, cherchant à placer ses partisans dans tous les rouages du pays et à restaurer, sous un habillage idéologique différent, le système autoritaire d'autrefois. Ses partisans, eux soulignent que les problèmes auxquels il faisait face ne datent pas de son arrivée. Ils ont manifesté eux aussi massivement, et plusieurs ont estimé qu'il avait été «trahi».

(Par AFP)

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