Egypte: Morsi déposé, la constitution suspendue (officiel)

Mohamed Morsi a donc été déposé, la constitution suspendue et des élections anticipées seront organisées. Le chef d'état major des armées et ministre de la Défense l'a annoncé. Voici les grandes lignes de la feuille de route et retour sur une journée historique. Morsi est détenu par l'armée selon l'AFP.

Egypte: Morsi déposé, la constitution suspendue (officiel)

Le 4 juillet 2013 à 7h44

Modifié le 27 avril 2021 à 22h20

Mohamed Morsi a donc été déposé, la constitution suspendue et des élections anticipées seront organisées. Le chef d'état major des armées et ministre de la Défense l'a annoncé. Voici les grandes lignes de la feuille de route et retour sur une journée historique. Morsi est détenu par l'armée selon l'AFP.

C'est à 20H00 heure marocaine que le général Al-Sissi, ministre de la Défense et chef d'état major des armées, a donné lecture de la déclaration du conseil des Forces armées, en présence de plusieurs personnalités civiles et religieuses.

Il a rappelé le contexte, le danger dans lequel se trouve la sécurité de l'Egypte selon lui et le refus de Mohamed Morsi et de son parti de faire le moindre compromis ou de trouver un terrain d'entente avec ses adversaires pour sortir le pays de la crise profonde dans lequel il est plongé.

Il a révélé que le 22 juin 2013, les chefs de l'armée ont rencontré le président Morsi pour lui faire de leurs inquiétudes et de la nécessité absolue de trouver une issue consensuelle à la crise.

Le discours de Morsi prononcé mardi soir a conduit selon lui l'armée à réunir les principales forces politiques, lesquelles ont conçu une feuille de route comme suit:

-suspension provisoire de la constitution,

-le président du conseil constitutionnelle devient président provisoire jusqu'aux élections anticipées avec pleins pouvoirs;

-un gouvernement de technocrates sera constitué;

-préparation d'élections parlementaires;

-une charte relative aux libertés des médias sera élaborée;

-des jeunes seront associés à la prise de décision gouvernementale;

-une instance de réconciliation nationale sera créée.

Arrestations et résidences surveillée

La chaîne Dream 2 a diffusé en début de soirée les images de l'arrestation de toute l'équipe de la chaîne religieuse Ennass, selon elle pour diffusion de la haine et apologie de la sédition, du racisme et du takfir.

La même source annonce également que plusieurs anciens hauts responsables de l'Etat ont été placés en résidence surveillée.

Une deuxième révolution

Sur les écrans des télés égyptiennes, le pays avait mercredi soir des airs de fête, avec feux d'artifice et scènes de fraternisation avec les forces de l'ordre. Des millions d'Egyptiens étaient encore dans les rues. Sur la place Tahrir, la diffusion de la déclaration de l'armée annonçant la déposition de Morsi a été accueillie avec une explosion de joie.

L'ambiance était bien celle d'une seconde révolution, de nombreux Egyptiens n'hésitant pas à parler de révolution confisquée par les Frères musulmans dont le pouvoir a constitué à leurs yeux, une contre révolution.

Chronologie de la journée

19H58. Selon le portail Al Ahram online, "Morsi n'est plus président depuis 19H00 et il a été avisé de cela". Il a refusé de se démettre et les négociations avec l'armée ont échoué. Selon la même source, les frères musulmans sont armés.

19H34. La page Fb de l'armée égyptienne annonce une déclaration des forces armées pour 20H15 heure marocaine.

19H15. Selon plusieurs sources médiatiques égyptiennes, une feuille de route politique sera annoncée par le chef d'Al Azhar, le pape copte et Mohamed El Baradei.

18H38. Plusieurs sources du camp Morsi accusent l'armée de mener en ce moment un coup d'Etat (AFP).

18H03. Un haut responsable militaire cité par CNN indique que M. Morsi "ne fait plus partie du processus de décision".

17H56. L'armée se déploie dans plusieurs quartiers du Caire, selon plusieurs médias égyptiens et les blindés encerclent les partisans de Morsi.

17H33. Les collaborateurs du président quittent le palais présidentiel, annoncent les télés.

17H23. Selon Al Jazeera, les hauts responsables militaires ont terminé leur réunion et ne devraient pas tarder à publier leur déclaration.

16H50. Morsi et des responsables islamistes interdits de quitter le pays (AFP).

16H11. Morsi appelle à un gouvernement de "consensus" pour préparer les élections.

15H01. Sur sa page FB, l'armée annonce une réunion en cours avec des figures politiques et religieuses qui sera suivie d'une déclaration.

14H04. Selon la chaîne de TV Al Arabiya, l'armée et la garde républicaine ont pris le contrôle de la télévision d'Etat. Selon Reuters, des blindés stationnent devant le bâtiment.

14H15. Sur sa page Facebook, l'armée annonce qu'elle ne se fixe aucune heure pour diffuser sa prochaine déclaration.

13H40.  Les Frères musulmans annoncent avoir refusé de rencontrer le chef des armées.

13H28. Les Frères musulmans accusent l'armée d'avoir choisi le camp de l'opposition. "Dieu a protégé la révolution et la protègera, les conséquences seront incalculables".

13H14. Les chefs des armées sont réunis avec des personnalités civiles et religieuses dont le Pape copte et le chef d'Al Azhar.

12H23. L'ambassadeur du Koweït au Caire appelle ses compatriotes à quitter l'Egypte "de toute urgence".

Des sources sûres auprès du président Morsi ont déclaré qu'il se trouve au palais dit de la Garde républicaine et qu'il exerçait ses prérogatives. Cependant, ses collaborateurs ont tous quitté leurs bureaux selon les mêmes sources. Selon un haut responsable égyptien cité par de nombreuses sources médiatiques, un coup d'Etat militaire est en cours.

"Un coup d'Etat est en cours"

Le camp du président Mohamed Morsi a accusé mercredi en fin de journée l'armée de mener un coup d'Etat, après l'expiration d'un ultimatum sommant le chef de l'Etat de mettre fin à la grave crise secouant l'Egypte et l'interdiction qui lui a été faite de quitter le territoire.

.A travers le pays, des manifestations massives d'opposants mais aussi de partisans de M. Morsi continuaient, faisant craindre de nouvelles violences, alors que les heurts entre anti et pro-Morsi à l'occasion de tels rassemblements ont fait 47 morts et des centaines de blessés depuis le 26 juin.

L'armée a d'ailleurs massivement déployé ses blindés aux abords des rassemblements pro-Morsi au Caire, selon des correspondants de l'AFP.

Les Etats-Unis se sont déclarés "très inquiets" de ce bras de fer entre l'armée et le président, le plus grave depuis son arrivée au pouvoir en juin 2012, au moment où le pays est profondément divisé.

"Dans l'intérêt de l'Egypte et pour la précision historique, appelons ce qui se passe par son vrai nom: un coup d'Etat militaire", a déclaré le conseiller pour la sécurité nationale du président Mohamed Morsi, Essam al-Haddad, dans un communiqué publié sur Facebook."Alors que j'écris ces lignes, je suis parfaitement conscient qu'elles sont peut-être les dernières que je vais publier sur cette page", a ajouté M. Haddad.

Morsi interdit de quitter le territoire

Le président Mohamed Morsi et plusieurs dirigeants des Frères musulmans ont été interdits de quitter l'Egypte mercredi, dans le cadre d'une enquête sur une affaire d'évasion de prison en 2011, ont indiqué des sources de sécurité citées par l'AFP.

"Tous les suspects impliqués dans l'affaire des évasions de la prison de Wadi Natroun en 2011, dont le président Mohamed Morsi et plusieurs dirigeants des Frères musulmans, sont sous le coup d'une interdiction de quitter le territoire conformément à une décision de hauts responsables de la sécurité", a déclaré une source au sein des services de sécurité.

Des responsables à l'aéroport du Caire ont confirmé à l'AFP avoir reçu l'ordre d'empêcher les responsables islamistes, dont le Guide suprême de la puissante confrérie Mohammed Badie et son "numéro 2" Khairat al-Chater, de voyager.

Un tribunal égyptien avait affirmé le 23 juin que le mouvement islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah chiite libanais étaient impliqués dans l'évasion de prisonniers, dont l'actuel président Morsi, de cette prison à quelque 70 km au nord-ouest du Caire, pendant la révolte contre Hosni Moubarak début 2011.Le président du tribunal d'Ismaïliya, sur le canal de Suez, avait demandé au Parquet d'enquêter sur cette évasion qui s'est produite en janvier 2011. Il avait affirmé que les Frères musulmans, dont est issu M. Morsi, avaient organisé l'évasion avec l'aide de membres du Hamas et du Hezbollah. A l'époque, M. Morsi avait assuré que lui et les 33 autres membres de la confrérie islamiste emprisonnés ne s'étaient pas évadés mais que "des habitants (leur avaient) ouvert les portes" de la prison.

Les chefs de l'armée égyptienne ont tenu mercredi une réunion d'urgence, quelques heures après que le président islamiste Mohamed Morsi a rejeté tout départ anticipé, comme réclamé par des manifestations monstres, a indiqué à l'AFP une source proche de l'armée.

Au début de la réunion, les chefs militaires ont juré de défendre l'Egypte au prix de leurs vies.

"Nous jurons devant Dieu que nous sacrifierons notre sang pour l'Egypte et son peuple, contre tous les (groupes) terroristes, extrémistes et ignorants", ont-ils affirmé dans une prestation de serment conduite par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, selon la même source.

L'armée devrait publier un communiqué après l'expiration de l'ultimatum, a précisé cette source. Des éléments de la "feuille de route" envisagée par l'armée ont été publiés mercredi par le quotidien gouvernemental al-Ahram, laissant entrevoir une période de transition sous étroite supervision de l'armée.

Le projet, selon le journal, prévoit notamment la nomination d'un conseil présidentiel de trois personnes dirigé par le président de la Haute cour constitutionnelle, et une suspension de la Constitution pouvant durer jusqu'à un an. Un gouvernement de technocrates apolitiques serait formé pour la période de transition sous "la direction d'un des chefs de l'armée", écrit le journal.

Le président égyptien Mohamed Morsi a appelé mercredi à former un "gouvernement de coalition et de consensus" au moment où expirait un ultimatum lancé par l'armée, menaçant d'imposer sa propre "feuille de route" au chef d'Etat s'il ignorait les "revendications du peuple". Sur sa page Facebook officielle, M. Morsi, contesté par une partie de la population, a appelé à "former un gouvernement de coalition et de consensus afin d'organiser des législatives à venir".

Discours musclé de Morsi

Le président égyptien Mohamed Morsi a exclu mardi soir un départ anticipé, se déclarant prêt à "donner sa vie" pour préserver sa "légitimité" et appelant l'armée à retirer l'ultimatum, qui expire mercredi, pour qu'il se plie "aux revendications du peuple". Dans ce qui semble être une réponse à ces propos, le conseil des forces armées a diffusé un communiqué annonçant que les militaires égyptiens sont prêts à donner leurs vies pour défendre le peuple contre "les terroristes, les extrémistes et les ignorants". Une escalade donc sans précédent.

Dans la nuit, 16 personnes ont péri dans une attaque contre un rassemblement d'islamistes pro-Morsi près de l'université du Caire, a annoncé le ministère de la Santé. Sept autres personnes ont été tuées lors d'affrontements ailleurs dans la capitale.

S'adressant à la télévision sur un ton combatif, le président a martelé qu'il "continuerait à assumer la responsabilité du pays", présentant sa "légitimité" comme "la seule garantie contre l'effusion de sang" et répondant ainsi implicitement à ceux qui estiment que son départ permettrait de résoudre les tensions qui secouent le pays.

Il a aussi mis en garde contre le "piège" d'une violence "sans fin", alors que les violences ont déjà fait 47 morts en une semaine de manifestations.

Peu avant sur son compte Twitter officiel, il avait appelé les forces armées à "retirer leur avertissement" et refusé tout "diktat", en référence à l'ultimatum militaire, assimilé par ses partisans à un coup de force pour le faire partir.

Ces déclarations ont été faites après avoir rencontré tout au long de la journée le ministre de la Défense et chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Sissi, qui fait figure d'homme fort face au président.

En cas d'échec de son ultimatum, l'armée a indiqué qu'elle établirait elle-même une "feuille de route" pour résoudre la crise, mais a assuré qu'elle ne voulait pas préparer un "coup".

Selon le quotidien gouvernemental Al-Ahram, cette "feuille de route" prévoit notamment la nomination d'un conseil présidentiel et une suspension de la Constitution pour une période de transition --placée "sous la supervision de l'armée-- pouvant durer jusqu'à un an.

Le mouvement Tamarrod (rébellion), à l'origine des manifestations anti-Morsi, a réagi en accusant le président de "menacer son peuple".

L'oppositiona salué l'ultimatum de l'armée, y voyant un appui de poids dans sa volonté de pousser vers la sortie M. Morsi, accusé de vouloir instaurer un régime autoritaire au profit du mouvement dont il est issu, les Frères musulmans.

En vue d'une "transition politique", l'opposition a annoncé que Mohammed ElBaradei, ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), serait son unique "voix". Dans la nuit, "16 personnes ont été tuées et 200 blessées", selon le ministère de la Santé, dans une attaque contre des partisans de M. Morsi au Caire.

"Des assaillants nous ont attaqués avec des armes à feu. J'ai moi-même porté un homme qui avait reçu une balle dans la tête", a rapporté l'un d'eux, Mostafa Abdelnasser, à l'AFP.

Ailleurs au Caire, sept personnes ont été tuées mardi lors de heurts entre pro et anti-Morsi dans le quartier de Guizeh (sud), selon des sources médicales. Des heurts ont également éclaté en périphérie du Caire et dans le nord du pays.

"Dégage!"

Au total, 47 personnes, dont un Américain, ont trouvé la mort dans des violences en marge des manifestations qui secouent le pays depuis une semaine. Mardi soir, les anti-Morsi occupaient en masse l'emblématique place Tahrir et les abords du palais présidentiel dans le quartier d'Héliopolis, scandant "dégage!" à l'encontre du président.

Pour Mona Elghazawy, une comptable également descendue dans la rue pour réclamer le départ du président, "la bataille se joue maintenant" face aux islamistes.

Des renforts des forces de l'ordre ont été déployés dans la capitale, notamment autour de la place Tahrir. De nombreux commerces et bureaux sont restés fermés dans la mégalopole survolée par des hélicoptères de l'armée.

Alors que des dizaines de milliers de partisans du président étaient rassemblés dans le faubourg de Nasr City et devant l'université, un responsable des Frères musulmans a appelé à empêcher un coup d'Etat, au besoin par le "martyre", en rappelant le sang déjà versé pour obtenir la chute de l'ancien président Hosni Moubarak en 2011.

"La position de l'armée est inquiétante et dérangeante. S'ils prennent le pays, nous ferons une révolution islamique", a prévenu Mohamed Abdel Salem, manifestant pro-Morsi.

Alia Youssef, ingénieure voilée de 24 ans, s'est dite "prête à mourir ici pour défendre la légitimité (du président) et dire +non+ à un coup d'Etat militaire".

Depuis lundi, cinq ministres, dont celui des Affaires étrangères et le porte-parole de M. Morsi ont présenté leur démission, isolant un peu plus M. Morsi que Washington et Paris ont appelé à "écouter" son peuple.

B. B. avec AFP.

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