Tunisie: explosion d'une voiture piégée, funérailles sous haute tension

La Tunisie enterre aujourd'hui l'opposant Mohamed Brahmi, assassiné jeudi par 14 balles, dans une atmosphère de haute tension. Une voiture piégée a explosé pour la première fois de l'histoire du pays. Un manifestant a été tué.

Tunisie: explosion d'une voiture piégée, funérailles sous haute tension

Le 27 juillet 2013 à 8h28

Modifié le 27 juillet 2013 à 8h28

La Tunisie enterre aujourd'hui l'opposant Mohamed Brahmi, assassiné jeudi par 14 balles, dans une atmosphère de haute tension. Une voiture piégée a explosé pour la première fois de l'histoire du pays. Un manifestant a été tué.

L'explosion a eu lieu très tôt le matin, devant un poste de la Garde nationale à l'entrée de la Goulette (banlieue balnéaire de Tunis).

Le mode opératoire est artisanal selon les forces de l'ordre, mais il s'agit d'une voiture de la Garde nationale qui a été piégée, dans ce qui apparaît comme un nouveau défi à l'Etat, après la manière dont Mohamed Brahmi a été assassiné, de sang froid, en plein jour, par deux individus qui ne semblaient ni pressés, ni désireux de cacher leurs visages. Les autorités perdent partiellement la maîtrise de la situation. Dans plusieurs villes du centre et du sud, des bâtiments de souveraineté tels que les sièges des préfectures ont été investis et sont désormais contrôlés par des comités populaires.

Les obsèques se déroulent ce matin, sous la surveillance de l'armée. Le défunt sera inhumé au carré des martyrs, aux côtés de Chokri Belaid. Les funérailles seront certainement l'occasion d'une nouvelle mobilisation anti Ennahdha.

42 députés de l'opposition ont annoncé hier leur retrait de l'ANC, l'assemblée constituante, tandis que se multiplient les appels pour la dissolution de celle ci et la démission du gouvernement.

Un manifestant tué

Les autorités tunisiennes ont annoncé vendredi rechercher activement un islamiste radical, suspect numéro un dans l'assassinat de l'opposant Mohamed Brahmi et celui quelques mois plus tôt de Chokri Belaïd, tués selon elles avec la même arme.

L'assassinat jeudi de cette figure de l'opposition de gauche, cinq mois après celle de Belaïd, a provoqué un nouveau choc dans le pays où une grève générale a été observée vendredi et des manifestations pour et contre le pouvoir islamiste du parti Ennahda ont été organisées. A Gafsa (centre-ouest), un manifestant a été tué.

Vingt-quatre heures après l'assassinat de Brahmi, le gouvernement a publié une liste de 14 personnes -des extrémistes radicaux, certains appartenant à Ansar Ashariaa, principale organisation salafiste en Tunisie-, impliquées dans les deux meurtres.

Quatre ont été arrêtées, huit sont en fuite, dont Boubaker Hakim, présenté comme le principal suspect, et deux sont en liberté conditionnelle, selon le ministre de l'Intérieur.

Boubaker Hakim, 30 ans, est "un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international", a indiqué le ministre Lotfi Ben Jeddou. Natif de Paris, il était déjà recherché en Tunisie pour détention et trafic d'armes, a ajouté M. Ben Jeddou précisant qu'il avait échappé récemment à la police et que de nombreuses armes avaient été retrouvées à son domicile.

Selon le ministre, "l'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd".

L'autopsie a montré que l'opposant avait été atteint par 14 balles de 9 millimètres, a indiqué le bureau de Procureur de la République.

Balkis, sa fille de 19 ans, a raconté vendredi à l'AFP les circonstances de l'assassinat de son père par deux hommes à moto devant le domicile familial près de Tunis. "Vers midi, nous avons entendu des coups de feu et les cris de douleurs de mon père, nous sommes sortis mon frère, ma mère et moi pour le trouver le corps criblé de balles au volant de sa voiture garée devant la maison", a témoigné la jeune fille.

Le corps de l'opposant sera inhumé ce samedi à Tunis au cimetière d'El Jallez au côté de Chokri Belaïd, a indiqué à l'AFP son épouse.

Pousser la transition démocratique vers l'échec

Le chef de Nidaa Tounes, principal parti d'opposition, a imputé au gouvernement la responsabilité de l'assassinat, estimant que "si ce gouvernement avait dévoilé l'identité des commanditaires et des tueurs de Chokri Belaïd, nous n'en serions pas là".

Le meurtre de Belaïd avait plongé le pays dans sa plus grave crise politique depuis le soulèvement de 2011.

Vendredi, des centaines de personnes ont manifesté à Tunis pour réclamer la chute du gouvernement dirigé par Ennahda qu'ils désignent comme responsable de la mort de l'opposant.Des manifestations ont eu lieu en province, faisant un mort à Gafsa, où la police a dispersé au gaz lacrymogènes une marche nocturne simulant des funérailles de l'opposant assassiné. Mohamed Moufti, 45 ans, a été mortellement blessé dans la nuit de vendredi à samedi par une bombe lacrymogène qui l'a atteint à la tête, quand les manifestants ont tenté d'envahir le siège de la préfecture, selon un journaliste de l'AFP.

Dans l'après-midi, ce sont les partisans du gouvernement qui ont manifesté. Encadrés par la police et un service d'ordre, ils ont parcouru une partie de l'Avenue centrale Habib Bourguiba ouverte à la circulation. (Avec AFP)

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