Gibraltar, une base stratégique incontournable pour Londres

Aux portes d’une Afrique politiquement instable et sur la route du Moyen-Orient, l’enclave de Gibraltar, au coeur d’une poussée de tension entre Madrid et Londres, est une base stratégique équipée d’installations militaires et de renseignement incontournable pour les Britanniques, affirment des experts.  

Gibraltar, une base stratégique incontournable pour Londres

Le 13 août 2013 à 11h10

Modifié 13 août 2013 à 11h10

Aux portes d’une Afrique politiquement instable et sur la route du Moyen-Orient, l’enclave de Gibraltar, au coeur d’une poussée de tension entre Madrid et Londres, est une base stratégique équipée d’installations militaires et de renseignement incontournable pour les Britanniques, affirment des experts.  

Cédé en 1713 à la Grande-Bretagne aux termes du traité d’Utrecht, Gibraltar, un territoire de sept kilomètres carrés peuplé de 30.000 habitants, est au centre de tensions récurrentes entre le Royaume-Uni et l’Espagne, qui en revendique la souveraineté.

L’accès protégé à l’enceinte militaire de l’aéroport est la première vue qui s’offre au visiteur du Rocher, à une extrémité de l’énorme piste d’atterrissage qu’il doit franchir, en voiture comme à pied, pour entrer à Gibraltar.

«Il ne faut pas oublier qu’une bonne part du territoire est occupé par une base aérienne militaire, une base navale, essentielle pour les escales et la réparation des sous-marins nucléaires, ainsi qu’une base de renseignement», explique Alejandro del Valle, professeur de droit international public à l’Université de Cadix.

Ce petit territoire constitue «l’unique porte d’entrée et de sortie de la Méditerranée», un espace plus que jamais stratégique pour les Occidentaux en raison de la montée de l’islamisme au Sahel et de l’instabilité au Moyen Orient, ajoute-t-il.

«Un responsable de l’armée britannique à Gibraltar, il y a de nombreuses années, a dit un jour: 'Si Gibraltar n’existait pas, il faudrait l’inventer, car nous sommes ici à mille milles plus près de la menace», souligne Luis Romero, ex-rédacteur en chef du journal Europa Sur de Algesiras et expert en politique de sécurité.

La base permet une surveillance de la Méditerranée par laquelle transite une bonne partie du pétrole et du gaz naturel consommés en Europe occidentale.

Le Royaume-Uni veut donc conserver ce territoire pour des «raisons de communication, de renseignement et de contrôle du trafic maritime» passant par le détroit de Gibraltar, qui sépare l’Europe de l’Afrique, explique Alejandro del Valle.

L’importance stratégique du détroit s’est encore accrue avec son statut international qui, depuis 1982, permet à tout pays de survoler et de naviguer dans la zone, y compris pour les sous-marins, sans en informer les pays riverains, à savoir l’Espagne et le Maroc.

Avec moins de 200 militaires, l’activité de la base navale britannique n’en reste pas moins incessante, assure Luis Romero.

«C’est un point d’escale permanent tant des navires de guerre que des sous-marins nucléaires, britanniques mais également américains, à l’aller ou au retour des patrouilles en Méditerranée», souligne-t-il.

C’est ainsi que la frégate britannique HMS Westminster, en pleine tension diplomatique avec l’Espagne sur la souveraineté des eaux qui entourent Gibraltar, doit faire escale dans le territoire dans les jours à venir, dans le cadre d’un «déployement annuel» de la Royal Navy jusqu’au Golfe.

Londres profite par la même occasion de la capacité exceptionnelle d’écoute de ses installations de renseignement électronique, selon Luis Romero.

La pointe du Rocher, à l’extrémité de l’ithsme où se situe Gibraltar, se trouve «à 400 mètres à l’aplomb de la mer et avec en face, rien d’autre que l’Afrique», explique-t-il.

Cette position fait du territoire «une tour de renseignement très intéressante pour les Britanniques, qui l’exploitent pour eux-mêmes mais également pour leur allié le plus proche, les Etats-Unis», souligne Luis Romero.

Pour toutes ces raisons, «le statut des bases militaires fut une des lignes rouges» à ne pas franchir pour les Britanniques lors des négociations menées au début des années 2000 entre les gouvernements britannique de Tony Blair et espagnol de José María Aznar, à la recherche d’une souveraineté partagée, relève Alejandro del Valle.

«Les Britanniques ne voulaient évidemment pas que les bases militaires soient placées sous une co-souveraineté ni qu’il y ait une utilisation commune», ajoute-t-il.

De son côté, l’Espagne voit «dans la présence de la Grande-Bretagne à Gibraltar une atteinte à sa puissance stratégique», considère Luis Romero. En matière stratégique, remarque-t-il, «il est très important que tu puisses agir librement et que l’autre ne le puisse pas».

(Par AFP)

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