Syrie: l'opposition accuse le régime d'attaque chimique

L’opposition syrienne a affirmé mercredi que le régime avait tué 1.300 personnes dans une attaque chimique près de Damas mais la Russie, allié de Bachar al-Assad l’a accusée d’avoir monté une provocation.  

Syrie: l'opposition accuse le régime d'attaque chimique

Le 22 août 2013 à 9h07

Modifié le 22 août 2013 à 9h07

L’opposition syrienne a affirmé mercredi que le régime avait tué 1.300 personnes dans une attaque chimique près de Damas mais la Russie, allié de Bachar al-Assad l’a accusée d’avoir monté une provocation.  

Même si le régime a catégoriquement démenti avoir utilisé des armes chimiques et que l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a évoqué un bilan d’au moins 136 morts, l’attaque est l’une des plus violentes du conflit et a suscité une vague de condamnations internationales.

Réunis mercredi à huis clos, les membres du Conseil de sécurité (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Luxembourg et Corée du Sud) veulent «faire la lumière» sur les accusations d’utilisation d’armes chimiques près de Damas et «saluent la détermination» de l’ONU à enquêter, a déclaré mercredi la présidente du Conseil, l’ambassadrice argentine Maria Cristina Perceval. Mais ils n’ont pas adopté de déclaration formelle sur la question, la Russie et la Chine y étant opposées, selon des diplomates.

L’Iran, principal allié régional du régime en Syrie, a rejeté jeudi les accusations de l’opposition sur un recours par ce régime à des armes chimiques dans une attaque près de Damas, selon l’agence officielle Irna.

De nombreux pays ainsi que la Ligue arabe ont demandé que les experts des Nations-unies, arrivés dimanche en Syrie pour enquêter sur l’usage éventuelle de telles armes dans le conflit, se rendent immédiatement sur les lieux.

Les Etats-Unis ont également réclamé mercredi un «accès immédiat» de l’ONU au site d’une attaque chimique à grande échelle dénoncée par l’opposition en Syrie, mais ont refusé de parler d’une «ligne rouge» qui aurait été franchie par Damas.

Les accusations sur ce massacre présumé, photos de cadavres de jeunes enfants à l’appui, ont été proférées un an et un jour après que le président américain Barack Obama eut prévenu que le recours par le régime de Bachar al-Assad à son stock d’armes chimiques constituerait une «ligne rouge».

Des vidéos diffusées par des militants montrent des enfants inanimés étendus sur le sol à côté de corps d’hommes qui ne portent aucune trace de sang. Sur l’une d’elles, du personnel soignant tente de mettre aux enfants des masques à oxygène pour les aider à respirer, alors que des médecins essaient de ranimer d’autres qui semblent inconscients.

Une autre vidéo montre une fillette d’une dizaine d’années étendue sur une civière et répétant, les mains sur le visage et paniquée: «Je suis vivante, je suis vivante...»

Un des chefs de l’opposition, George Sabra, a avancé devant la presse à Istanbul le chiffre de 1.300 morts dans plusieurs localités autour de Damas et a estimé que ce carnage rendait toute solution politique impossible.

Selon lui, «le régime syrien se moque de l’ONU et des grandes puissances quand il frappe près de Damas avec des armes chimique alors que la commission d’enquête internationale se trouve à quelque pas des victimes et des régions sinistrées».

M. Sabra a aussi accusé la communauté internationale de complicité: «L’indécision américaine nous tue. Le silence de nos amis nous tue (...). L’indifférence des Arabes et des musulmans, l’hypocrisie du monde que nous croyions libre, nous tuent».

Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui n’a pas confirmé l’usage d’armes chimiques, a fait état d’au moins 136 morts, tout en assurant ce bilan risquait d’augmenter compte tenu de la violence du bombardement qui a continué dans la journée.

L’opération s’est concentrée sur Mouadamiya al-Cham, au sud-ouest de la capitale, que l’armée cherche à reprendre, a précisé l’OSDH, qui s’appuie sur un large réseau de militants et de sources médicales.

Plusieurs experts interrogés par l’AFP se sont montrés prudents.

Paula Vanninen, directrice de Verifin, l’Institut finnois pour la vérification de la convention des armes chimiques, a déclaré «n’être pas totalement convaincue» qu’il s’agisse d’une attaque au gaz innervant.

«Les personnes qui aident les victimes ne portent pas de vêtements de protection ni de masques et si c’était le cas, elles auraient été contaminées et victimes des mêmes symptômes», a-t-elle relevé sur les vidéos.

Pour Gwyn Winfield, directeur du magazine CBRNe Wold, spécialisée dans les armes chimiques, «il n’existe aucune information indiquant que les médecins ou des infirmières ont succombé, ce qui laisse à penser que ce n’est pas ce que nous considérons comme du gaz sarin militaire, mais pourrait être un gaz sarin dilué», a-t-il indiqué à l’AFP

Le ministre israélien de la Défense, Moshé Yaalon, a pour sa part affirmé qu’il s’agissait bien d’une attaque chimique et que ce n’était «pas la première fois».

Les autorités syriennes ont cependant dénoncé des accusations «nulles et non avenues et totalement infondées», selon un communiqué de l’armée lu par un officier à la télévision.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a estimé que «ces mensonges (...) visent à faire dévier la commission d’enquête de sa mission».

La Russie a elle aussi accusé l’opposition d’avoir «planifié à l’avance une provocation».

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a cependant espéré que les alliés de M. Assad se «réveillent» et «réalisent sa nature criminelle et barbare», tandis que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon se disait «scandalisé» et la chancelière allemande Angela Merkel évoquait «un crime effroyable».

«Si le gouvernement syrien n’a rien à cacher (...), il facilitera l’accès immédiat et sans entraves de l’ONU au site» de l’attaque présumée, a insisté un porte-parole de la Maison blanche.

L’accord entre Damas et l’ONU limite la mission d’enquête à Khan al-Assal (près d’Alep), Ataybé, près de Damas, et à Homs (centre). Mais selon un porte-parole de l’ONU à New York, les inspecteurs étaient mercredi «en discussion» avec les autorités syriennes à propos d’autres accusations, dont celles de mercredi.

(Avec AFP)

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