Une petite polémique au sujet d’abattoirs privés repose la problématique de la filière viandes

L’un des dossiers les plus chauds, les plus ardus, les plus polémiques de la réforme du secteur agricole est celui de la sécurité sanitaire. Les réformes réveillent les lobbies. Démonstration par le cas de Viande Adarouch.  

Une petite polémique au sujet d’abattoirs privés repose la problématique de la filière viandes

Le 10 septembre 2013 à 16h51

Modifié 10 septembre 2013 à 16h51

L’un des dossiers les plus chauds, les plus ardus, les plus polémiques de la réforme du secteur agricole est celui de la sécurité sanitaire. Les réformes réveillent les lobbies. Démonstration par le cas de Viande Adarouch.  

Comment monter en gamme, exporter, augmenter la valeur ajoutée de chaque filière sans sécurité sanitaire drastique ?

A contrario, comment appliquer des règles drastiques dans des filières comme l’abattage où a toujours régné l’anarchie, l’opacité et le populisme, voire les caisses noires des communes?

La viande rouge est l’exemple-type de cette situation. Le Maroc compte 180 abattoirs municipaux et 700 tueries rurales, où l’hygiène, le contrôle et la traçabilité laissent parfois à désirer. A Casablanca, le tiers du marché de la viande rouge est approvisionné à partir de l’abattage clandestin.

La réorganisation de la filière viandes rouges, malgré et contre les intérêts des lobbies bien installés, est une œuvre difficile.

Les deux dernières années ont vu l’élaboration d’une demi douzaine de projets d’abattoirs privés. Le premier d’entre eux à voir le jour fut «Viande Adarouch» dans le village de Moul Kifane dans la région de Meknès. Et ce, il y a deux ans.

Il y a environ deux semaines, les autorités sanitaires ont interdit l’abattage dans plusieurs tueries rurales de la région de Meknès. Une partie de l’activité a donc été transférée aux abattoirs privés qui en plus d’être propres et traçables, ont le défaut d’appartenir au groupe Othman Benjelloun.

Or, certaines de ces régions sont des fiefs PJD. Abdallah Bouanou, président du groupe parlementaire de la Lampe est donc monté au créneau, avec son vocabulaire aussi affûté qu’une lame.

Conformément au décret de janvier 2012, la circulation entre communes des viandes rouges issues des abattoirs agréés a été autorisée dans les régions concernées. Cette libéralisation accroit la concurrence, fait baisser le prix de l'abattage et oblige les communes à investir dans la modernisation des abattoirs municipaux.

Mardi 3 septembre, au cours d’une réunion de commission parlementaire consacrée à la fiscalité locale, il a interpellé le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur Charki Draiss, au sujet de la décision des autorités locales de «favoriser des abattoirs privés, laissant sur le carreau plusieurs dizaines de familles» … et autant d’électeurs, bien sûr.

Lundi 9 septembre, il récidive. A l’occasion de la réunion de la commission parlementaire des secteurs productifs, il interpelle le ministre de l’agriculture : «combien de subventions ces abattoirs privés perçoivent-ils de la part de l’Etat?»

Pour un homme politique, poser la question est parfois plus important que d’écouter la réponse.Ce que l’on doit à ses électeurs, c’est la question, pas la réponse. M. Bouanou pose donc sa question et se tire. Il avait certainement plus urgent à faire. Ce qui ne l’empêche pas de passer quelques de fil à des journalistes pour se plaindre de ne pas avoir reçu de réponse.

La réponse a bien été donnée sur place par le ministre de l’agriculture, avons-nous appris de source informée.

Oui, Viande Adarouch perçoit bien une subvention. Il s'agit de la prime à l'investissement octroyée à tous les projets d'abattoirs intégrés ou d'abattoirs communaux à donner en gestion déléguée et qui s’élève à 10% comme le prévoient les textes de loi dans le cadre du fonds de développement agricole. Tous les projets ou autres investisseurs postulants pour le même type d'activité peuvent en profiter comme le prévoit la loi.

La commune de Boufekrane investit 3 millions de DH

Selon une source qui se présente comme appartenant à la Commune de Boufekrane, cette dernière "a investi environ 3 millions de dirhams dans un nouvel abattoir moderne qui est en cours de finalisation mais qui a été déclaré, d'ores et déjà, non conforme par l'ONSSA, sans que ce dernier ait un souci pour la bonne gouvernance des deniers publics ou de proposer une feuille de route pour la réhabilitation de ce service public tant attendu par la profession".
 
D'après cette source, c'est le 24 août 2013 que l'abattoir communal a été fermé par l'ONSSA malgré la volonté des élus de se conformer aux nouvelles normes sanitaires, "les intérêts des donneurs d'ordre étant semble-t-il beaucoup plus urgents que de pitoyables volontés!"
Affaire à suivre...

 

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