Le trafic de faux médicaments rapporte plus que celui de la drogue

Attirés par une activité moins risquée et nettement plus rentable que le trafic de drogue, de simples particuliers se sont lancés dans le commerce de médicaments contrefaits, concurrençant des criminels aguerris sur ce marché en plein essor, révèle une étude publiée mercredi.   

Le trafic de faux médicaments rapporte plus que celui de la drogue

Le 25 septembre 2013 à 9h38

Modifié 25 septembre 2013 à 9h38

Attirés par une activité moins risquée et nettement plus rentable que le trafic de drogue, de simples particuliers se sont lancés dans le commerce de médicaments contrefaits, concurrençant des criminels aguerris sur ce marché en plein essor, révèle une étude publiée mercredi.   

Entre 2008 et 2010, Mimi Trieu a écoulé près de 2 millions de pilules amincissantes aux clients de son salon de beauté de Philadelphie. Présentés comme «naturels» et fabriqués au Japon, ces comprimés, qui lui auraient rapporté pas moins de 245.000 dollars, étaient en réalité importés frauduleusement de Chine et contenaient du sibutramine -un coupe-faim interdit en France- et d’autres substances dangereuses.

Tout comme Victor Cheke, un Britannique interpellé de retour d’Asie avec des milliers de fausses tablettes contre les troubles de l’érection qu’il comptait revendre sur internet, Mimi Trieu fait partie de ces citoyens lambda décrits dans un rapport de l’Institut international de recherche anti-contrefaçon de médicaments (Iracm), qui se sont lancés dans le business juteux du médicament contrefait.

«Il y a une démocratisation de la criminalité et de la cyber-criminalité. Aujourd’hui plus qu’avant, un citoyen peut être lié à ces trafics, soit de manière totalement autonome, soit en nouant des alliances avec d’autres individus», explique Eric Przyswa, chercheur à Mines-ParisTech et auteur du rapport.

Selon le Center for Medicine in the Public Interest, un organisme spécialisé américain, la vente de faux médicaments a progressé de 90% entre 2005 et 2010, pour atteindre 75 milliards de dollars (55 milliards d’euros). L’activité serait 10 à 25 fois plus rentable que le trafic de drogue.

Toutes les classes de médicaments sont concernées: antibiotiques, contraceptifs, antipaludiques et même médicaments antirejet et contre le cancer.

Sur internet, 62% de contrefaçons

La place des organisations criminelles «classiques» et des réseaux terroristes dans ce trafic, difficile à estimer, semble limitée, souligne le rapport, seule l’Armée républicaine irlandaise (IRA), dans les années 90, étant réellement parvenue à en faire une source de financement.

Selon Eric Przyswa, le marché du faux médicament est plutôt dominé par «une criminalité en col blanc, qui travaille dans le secteur de la santé» et qui s’allie parfois à des particuliers.

Entre décembre 2006 et mai 2007, Peter Gillespie, un expert-comptable et distributeur pharmaceutique britannique, a ainsi importé, via sa société, 72.000 paquets de médicaments contrefaits.

Fabriqués en Chine -principal producteur de faux médicaments devant l’Inde et la Russie- emballés en France, puis revendus légalement en Grande-Bretagne, ces produits lui auraient rapporté 3 millions de livres (3,6 millions d’euros), avant sa condamnation à 8 ans de prison.

D’autres criminels «en col blanc» ont donné naissance à un véritable réseau international, comme Igor Gusev, un homme d’affaires russe à l’origine dans les années 2000 de Glavmed, l’un des plus importants réseaux de distribution de médicaments contrefaits sur internet.

Grâce à un programme d’affiliation, des intermédiaires pouvaient ouvrir leur propre pharmacie en ligne «pré-fabriquée» et toucher environ 40% de commissions sur leurs ventes. La «promotion» des fausses pharmacies était ensuite assurée par l’envoi de nombreux pourriels (ou spams), une présence importante sur les forums de discussion ou encore la manipulation des moteurs de recherche.

Ce système aurait permis à Glavmed d’engranger plus d’un million de dollars (740.000 euros) de revenus mensuels en 2011.

Selon l’Alliance européenne pour l’accès à des médicaments sûrs, 62% des comprimés achetés sur la toile en 2011 étaient des contrefaçons.

Dans les pays développés, seulement 1% des médicaments seulement sont contrefaits.

Mais dans certains pays d’Asie, d’Amérique du Sud et d’Afrique, un tiers sont faux, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Là-bas plus qu’ailleurs, le trafic est particulièrement dangereux: en 2009, 84 enfants nigérians sont morts après avoir absorbé un sirop contre la toux qui contenait de l’antigel.

(Avec AFP)

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