Le monde politique compte les petites phrases pour meubler l’attentisme

Un week-end de petites phrases, sous le regard d’un monde politique en apnée qui n’en peut plus d’attendre un nouveau gouvernement pour le Maroc. Benkirane et Saïd Naciri en ont été les deux vedettes.

Le monde politique compte les petites phrases pour meubler l’attentisme

Le 30 septembre 2013 à 20h27

Modifié 30 septembre 2013 à 20h27

Un week-end de petites phrases, sous le regard d’un monde politique en apnée qui n’en peut plus d’attendre un nouveau gouvernement pour le Maroc. Benkirane et Saïd Naciri en ont été les deux vedettes.

Benkirane à Moulay Yacoub

Benkirane est en campagne. Il continue à attirer les foules.  Il s’est rendu ce week-end à Moulay Yacoub où il s’est adressé à des citoyens venus nombreux l’écouter.

Enjeu : le siège de la circonscription. Il tient à rappeler qu’à chacune des échéances électorales, le nombre de voix en faveur de son parti augmente. «Nous n’avons pas changé», scande-t-il. «Nous n’avons pas menti, ni corrompu, ni utilisé le Pouvoir. Nous ne sommes pas des baltagias, qui abusent des faibles en les expropriant de leurs biens».

Et là, il se fait plus direct : «je défie les symboles de la corruption, qui insultent le gouvernement sans fondement, qui mentent en l’exploitant. Je les défie de venir dans cette circonscription organiser un rassemblement aussi imposant».

Tout le monde pense à l’Istiqlal.

 

 

 

Et il poursuit sur sa lancée: «Vous rabaissez le Maroc. Peine perdue, les candidats du PJD sont gravés  dans les cœurs des gens». Il ajoute: «pour gagner ce siège, je n’avais pas besoin de me déplacer. Je suis juste là pour vous revoir».

Encore une fois, il lance un message en direction de l’opposition, notamment le parti de l’Istiqlal : «je dis, laissez-nous terminer notre travail en toute sérénité ! »

A la sortie de la commune de Moulay Yacoud, à Fès, dans son 4x4 ministériel, il est cerné par une foule  dont on n’arrive pas à déterminer l’affiliation. Mais tout laisse à penser qu’il s’agit de quelques istiqlaliens.

L’autre actu de ce week end, c’est le show donné par l’humoriste Said Naciri, à l’occasion de la 2ème édition du festival de la jeunesse Istiqlalienne.Un spectacle orienté, devant un parterre de personnalités du parti de la balance, avec à leur tête, Hamid Chabat. Une scène aménagée à la mode disco, avec des projecteurs diffusant une lumière rose fushia, très kitch comme ambiance…

 

 

Alors, c’est le grand déballage ! Un humour de base, sur commande, riche en situation et déclarations attribuées à Abdelillah Benkirane, sorties de leur contexte initial.

Said Naciri justifie le choix du titre de sa prestation «le gouvernement show».  Ses explications: « Benkirane nous a fait rire au début. On s’est dit tiens! Un chef de gouvernement qui a de l’humour. Ensuite, c’est toujours lui qui travaille et nous, nous ne travaillons pas». Par ailleurs, Naciri reconnaît que Benkirane lui vole la vedette même sur scène.

Et puis, Naciri n’est plus très drôle. Il fait une fixation sur la cravate du chef  du gouvernement. «Dès qu’il est devenu 1er ministre, Abdelillah Benkirane s’est acheté une cravate. Lui, qui ne sait pas nouer une cravate, comment voulez-vous qu’il attache un budget de l’Etat» (prière de traduire en arabe).

Naciri revient sur les explications quant au choix du titre de son spectacle, «le gouvernement show». «Si au début, il nous faisait rire, maintenant il se moque de nous ! Et au Parlement, tout un chacun va de son émission Comédia», poursuit-il.

Sans transition, il continue son monologue : «c’est la première fois, que l’on entend un 1er ministre dire : respectez-moi, je suis le chef du gouvernement!» Dans le même esprit de stupéfaction enjouée, « c’est la première fois que je vois un chef du gouvernement aller en justice contre le peuple, contre ceux qui réclament du travail. Ils ont eu gain de cause, mais il a fait appel». Clin d’œil à l’affaire des diplômés chômeurs.

Ensuite, il attaque Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement. «Son métier est de rapporter ce que disent les autres. Il nous a fait perdre 1 million de dollars en 1 minute, ce qui représente le 10ème de la dette extérieure du Maroc».

Et là, il se fait bouffon de la cour et vante la fibre artistique de Hamid Chabat et des membres de son parti. «Il n’existe rien de meilleur, que les politiques qui apprécient l’artiste et l’invitent à leurs manifestations. Car le politique doit être un artiste, pour qu’il ait cette générosité du cœur», philosophe l’artiste du jour.

Puis, Naciri change d’accoutrement. Met une veste d’un jaune passé et une cravate rose, aux couleurs du parti de l’Istiqlal. «Imaginez Abdelilah Benkirane faisant un discours devant cette assemblée istiqlalienne. Prions qu’il retrouve la raison et rejoigne le parti de la balance !», lance-t-il.

Alors, Naciri devient imitateur et adopte la voix de Benkirane : «je suis dans le gouvernement pour éliminer la corruption. Si les Américains ont Superman, Batman,…vous avez Abdelillah Benkirane!» Et de commenter : «vous devez savoir que nous sommes un gouvernement de « cerveaux », il décide après il réfléchit ».

La réponse du berger à la bergère

Lors d’un meeting avec son parti, Abdelilah Benkirane est revenu sur le spectacle de Said Naciri.  « Je me suis retrouvé dans le sujet des humoristes. Alors, moi, je promets une chose : chaque fois que j’en aurais l’occasion, je vous ferai rire. Je suis pour que toutes nos journées ne soient que rire», lance-t-il.

 

 

Il devient plus grave et s’adresse directement à Naciri tout en généralisant ses propos : « Je dis à ces artistes une chose. Si vous êtes de bonne foi et faites rire les gens à mes dépens ? Soit ! Mais, si vous y êtes encouragés par certaines personnes, je me permets de vous donner un conseil : un jour tout se saura et les Marocains ne seront pas contents».

La réaction de Said Naciri ne se fait pas attendre

Il n’est plus dans la dérision. «La déclaration de Abdelilah Benkirane est très réaliste. En tant qu’artiste, je l’accepte. Et il a raison».

Naciri tente de se dédouaner : «je veux préciser que je ne suis pas politisé. Mais, je rapporte ce que dit la rue, le café, bref les gens. Je me considère comme la voix des marocains. Et ce que je rapporte, je pense, que c’est important pour les personnalités politiques».

Il se lance par la suite dans un rappel historique. Il évoque l’époque où les sultans remontaient l’information de la rue à travers les «soltane talba».  Et d’ajouter : « le gouvernement notamment les membres du PJD ont toujours prôné la démocratie et la liberté d’expression. Ils doivent accepter la critique. Avec la comédie, on peut arriver à trouver des solutions».

A partir de cet instant, le comédien adopte un tout autre langage. « Benkirane avec son humour et sa légèreté, représente pour les gens des médias et les artistes, une belle matière brute». Il étaye son argumentaire : «auparavant, lorsque je parlais de Abbas El Fassi, de Jettou, les Marocains ne les connaissaient pas. Benkirane a une grande popularité tout le monde le connaît. Quand je dis « t’as compris ou pas ? », les gens établissent vite le lien. Pour nous artistes, c’est une matière fertile, avec laquelle on peut faire parvenir beaucoup de messages ».

Naciri conclut d’un ton didactique. « Le but n’est pas la satire pour la satire, mais la satire pour informer et transmettre des messages aux gens, qui maintenant comprennent et ont des idées ».

Il fait son mea culpa. « C’est notre devoir, nous gens des medias. Et puis moi, je ne peux pas transmettre de l’information sans faire de blagues ! »

Bref, tout cela est plus triste que risible et ne rehausse ni le débat ni la vie politique.

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