Hanaa Raddam : le cri d'une diplômée chômeuse

Loin du discours révolté des coordinations des diplômés chômeurs à Rabat, le témoignage de Hanaa Benabdelwahab Raddam comporte une dimension humaine. Elle y explique, en partie, les raisons de son engagement  

Hanaa Raddam : le cri d'une diplômée chômeuse

Le 3 octobre 2013 à 22h36

Modifié 3 octobre 2013 à 22h36

Loin du discours révolté des coordinations des diplômés chômeurs à Rabat, le témoignage de Hanaa Benabdelwahab Raddam comporte une dimension humaine. Elle y explique, en partie, les raisons de son engagement  

Médias 24a reçu une copie traduite du témoignage de Hanaa Raddam. Nous en avons sélectionné quelques extraits que nous publions. Dignité bafouée, le témoignage commence par un aveu :

« Je n’ai jamais pensé un jour m’agenouiller sur les trottoirs du boulevard Mohammed V de la capitale administrative sans me soucier des regards des passagers qui me percent. Je n’ai jamais espéré en arriver là un jour. Je n’ai jamais pensé rester au chômage durant trois longues années. Je n’ai jamais pensé faire partie des protestataires qui réclament l’embauche devant le parlement. J’ai souvent critiqué ceux qui dérangent avec leur sit-in, je les ai toujours méprisés et accusés de paresse… comme je suis maintenant méprisée et accusée. »

Dans son témoignage, Hanaa Raddam rappelle les faits qui se sont déroulés après la victoire du PJD aux élections législatives :

« Vu le référentiel religieux du PJD, nous les avons crus ! En attendant l’engagement promis, des cadres ont lancé des projets de mariage, ont démissionné du secteur privé, sont rentrés définitivement au Maroc en sacrifiant leur travail légal à l’étranger.

En avril, nos représentants ont tenu une réunion avec le Premier ministre et son ami M. Baha qui nous ont annoncé que le PV 20 juillet 2011 est illégal et contradictoire avec les dispositions de la nouvelle constitution. On nous a répondu : « Allons ! Passez des concours mes enfants ! ». Cette rencontre a eue lieu après le référendum. C’est à se demander si les ministres n’ont lu la constitution qu’après avoir fait leurs promesses ! Ou alors, nous préparaient-ils psychologiquement à la rupture de l’engagement de l’Etat ?

La série des promesses mensongères et des vérités maquillées s’est achevée, pour céder la place à l’horreur (violences, insultes, injures, harcèlements…).

Le ministre de la Justice quant à lui déclare à la presse écrite et audiovisuelle que « tout rassemblement illégal vaut une intervention illégale! » Il sait évidemment que nous ne pouvons jamais obtenir une autorisation pour manifester, comme il sait très bien que la plupart des interventions sauvages ont eu lieu sur les trottoirs du boulevard Mohammed V ou dans le jardin de la poste. Alors, si nous faisons l’effort de comprendre la déclaration du ministre, il devrait pouvoir répondre à cette question : « un rassemblement légal vaut-il une intervention légale? »

Le chef du gouvernement actuel a renié les engagements des institutions publiques et nous a conseillé de pratiquer le commerce ; de nous transformer en marchands ambulants. Si le chef du gouvernement  nous avait donné ce conseil lorsque nous étions âgés de 17ans, nous aurions économisé de longues années de labeur et des fortunes dépensées pour l’obtention de nos diplômes ! »

Pour finir, elle adresse une lettre ouverte au chef du gouvernement :

« M. Benkirane nous a aussi conseillé de tenter nos chances dans le secteur privé. Savez-vous,  M. le Chef du gouvernement, que ce secteur exige de l’expérience et ne donne pas de chance aux jeunes diplômés, pour ne pas dire qu’il refuse les doctorants et préfère les titulaires de bac+2 misérablement rétribué. Sans parler des répercussions de  votre désengagement  sur nos curriculum vitae, qui acceptera de nous embaucher après le cumul de ces longues  années sabbatiques !

Finalement, il nous a conseillé de passer des concours… Savez-vous, M. le Chef du gouvernement, que nous souffrons à mort de la corruption et des « pistons » ? Le jour où vous réussirez à condamner le corrupteur et le corrompu et dénoncer les dilapidateurs des budgets  et assurer l’égalité des chances aux titulaires des diplômes scientifiques et techniques, à ce moment-là, nous cesserons de lever le signe de victoire qui réclame de l’embauche. Comment acceptez-vous qu’un docteur en chimie ou en physique entre en concurrence avec un licencié ou un docteur en droit ?

Comment vous permettez-vous M. Benkirane, de parler de l’égalité des chances alors que vous avez réduit le nombre des bénéficiaires du PV 20 juillet, passant d’une liste de 7.000 à 3.000 diplômés chômeurs.

Au lieu de nous blâmer, M. le Chef du gouvernement, et de nous accuser d’incompétence, n’oubliez pas que nos diplômes sont délivrés par des universités marocaines. N’oubliez pas qu’ils sont signés par des présidents d’universités nommés par dahir. Vos accusations reviennent elles sur ces nominations ?

Trois longues années se sont écoulées et la Justice a rejeté vos propos qui avancent que notre PV est illégal. Pourtant, vous vous obstinez à nous réprimer. »


 

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