Moussa Seck: le témoignage d'un colocotaire accuse la police

Médias 24 s’est rendue au quartier Boukhalef à Tanger pour tenter d’élucider l’affaire du décès de Moussa Seck. Le jeune immigré sénégalais a trouvé la mort après être tombé du quatrième étage de l’immeuble où il habitait le 10 octobre dernier.  

Moussa Seck: le témoignage d'un colocotaire accuse la police

Le 15 octobre 2013 à 18h59

Modifié 27 avril 2021 à 22h22

Médias 24 s’est rendue au quartier Boukhalef à Tanger pour tenter d’élucider l’affaire du décès de Moussa Seck. Le jeune immigré sénégalais a trouvé la mort après être tombé du quatrième étage de l’immeuble où il habitait le 10 octobre dernier.  

Les autorités locales parlent d’une chute accidentelle. Les témoins présents sur place parlent d’un crime. Un témoin, Alpha Barry, a assisté à la scène. Il témoigne.

Il était 7h00 ce 10 octobre, lorsqu’une dizaine d’éléments de la police nationale et des agents des forces auxiliaires ont forcé la porte du domicile que partagent 8 immigrés subsahariens. Alpha Barry en fait partie, il occupait la même chambre que Moussa Seck le jour de son décès.

 

 

«Le policier nous a demandé nos papiers. Moussa Seck a sorti son passeport, il l’a tendu au policier qui le lui a remis quelques secondes plus tard sans vérification.» Le mystère qui entoure la suite des évènements n’en est pas un pour Alpha Barry qui nous donne sa version:

«Moussa s’est ensuite dirigé vers la cuisine pour se laver le visage, il était tôt et il venait de se réveiller. Il a été suivi par le policier et un agent des forces auxiliaires, qui l’ont traité de tous les noms. Moussa leur a répondu qu’ils ne devaient pas l’insulter. Ce à quoi le policier a répondu par un coup de matraque évité par Moussa. Les deux agents l’ont ensuite trainé vers le balcon. Là, le policier lui a asséné un premier coup de matraque à la tête et un deuxième à l’oreille gauche. A ce moment là, Moussa a les deux bras suspendus au-delà du rebord du balcon et la jambe gauche pliée et relevée. Le policier assène un dernier coup de matraque à la jambe avant de pousser Moussa au-delà du balcon

Les deux agents se sont selon la même version enfuis pour rejoindre leur fourgon.

 

 

Selon la version des officiels, l’appartement est illégalement occupé. Médias 24 a constaté lors de sa visite des lieux que le 4e étage, seul niveau occupé de l’immeuble, est alimenté en eau et desservi en électricité tandis que les autres niveaux et les escaliers sont pongés dans le noir.

Une affichette à l’entrée de l’immeuble de la société Amendis montre les modalités de paiement des frais d’eau et d’électricité du mois. Un des habitants de l’immeuble nous a certifié qu’ils payent mensuellement un loyer de 1.500 DH.

Pour vérifier si le corps du défunt porte des traces de blessures qui seraient dues à des violences policières, nous nous sommes rendus ce week-end, en compagnie de Pape Ndiaye, vice président de l’association Aresma (association des ressortissants sénégalais au Maroc) à l’hôpital Mohamed V de Tanger où reposait le corps. 

 

 

Les services en charge nous ont recommandé de revenir lundi, chose que nous avons faite. A notre retour, nous avons appris que le corps a disparu, « il a été transféré à Casablanca », nous dit-on sans aucune autre précision. En effet, ni les raisons ni l’endroit du transfert ne nous ont été dévoilés.

Selon des témoignages de personnes habitant le même quartier, les rafles ont commencé à 4H du matin, à une centaine de mètres du domicile de Moussa. Et tous sont unanimes, jamais aucun mandat n’a été présenté lors des perquisitions. 

Pour rappel, le code de procédure pénale marocain interdit de perquisitionner les domiciles avant 6h et après 21h, sauf dans certains cas précis, notamment en ce qui concerne les crimes terroristes.

 

 

Ils sont actuellement plusieurs centaines d’immigrés à quitter chaque soir leurs domiciles pour passer la nuit dans une colline boisée située à un kilomètre du quartier. « Là au moins, ils ne viennent pas nous chercher… pour le moment » commente un immigré camerounais sur place à la tombée de la nuit.

Une partie du mystère qui entoure le décès de Moussa Seck sera élucidée si une autopsie du corps est ordonnée. Mais la procédure est lente ; il faudra que la famille du défunt donne une procuration à une association de défense des droits humains pour qu’elle se porte partie civile dans l’affaire contre les forces de l’ordre… Encore faut-il retrouver le corps. Affaire à suivre…

Enfin, voici notre vidéo:

 

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