Tirs de drones américains: des ONG demandent la fin du «secret»

Les Etats-Unis doivent mettre fin au « secret » entourant leurs tirs meurtriers de drones au Pakistan et au Yémen et juger les responsables de frappes « illégales », ont plaidé mardi des organisations de défense des droits de l'Homme.  

Tirs de drones américains: des ONG demandent la fin du «secret»

Le 22 octobre 2013 à 10h22

Modifié le 22 octobre 2013 à 10h22

Les Etats-Unis doivent mettre fin au « secret » entourant leurs tirs meurtriers de drones au Pakistan et au Yémen et juger les responsables de frappes « illégales », ont plaidé mardi des organisations de défense des droits de l'Homme.  

La publication de rapports d'Amnesty international et de Human Rights Watch intervient à la veille de la rencontre à Washington entre le président Barack Obama et Nawaz Sharif, premier ministre du Pakistan, pays le plus visé par les tirs d'avions sans pilote américains suivi du Yémen.

La question de ces tirs officiellement dénoncés par le Pakistan devrait être abordée lors de cet entretien marquant la première visite officielle à Washington d'un Premier ministre pakistanais sous l'ère Obama.

Depuis 2004, entre 2.000 et 4.700 personnes, dont des centaines de civils, selon différentes évaluations, ont été tuées par plus de 300 tirs de drones américains dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais, principal bastion dans la région des talibans et d'autres groupes liées à Al-Qaïda situé à la lisière de l'Afghanistan.

Dans un rapport d'une soixantaine de pages, Amnesty International appelle les Etats-Unis à rendre publiques les informations sur ces tirs pour savoir s'ils respectent le droit international, ce qui pourrait être le cas par exemple s'ils visent à neutraliser une menace imminente pour Washington.

Droit de tuer

« Le secret entourant le programme des drones donne au gouvernement américain un droit de tuer supérieur aux tribunaux et aux normes fondamentales du droit international », soutient dans un communiqué Mustafa Qadri, analyste pour Amnesty International au Pakistan. 

« Les autorités américaines doivent ouvrir leur programme de drones à un examen (public, ndlr) indépendant et impartial », ajoute l'organisation dans son rapport.

L'organisation revient ainsi sur une quarantaine de tirs de drones américains perpétrés depuis mi-2012 dans le nord-ouest du Pakistan, dont celui du 24 octobre 2012 qui a tué une femme de 68 ans, Mamana Bibi, dans un village du district tribal du Waziristan du Nord, principale cible des tirs de drones américains au Pakistan. 

« Dans son enquête (sur ce tir), Amnesty International n'a trouvé aucune preuve d'installations militaires ou de groupes armés, de caches ou de combattants », souligne le rapport, ce qui suggère « un échec catastrophique » des autorités américaines qui ont peut-être pris Mamana Bibi à tort pour un combattant.

A l'aune de cet exemple, Amnesty appelle Washington à traduire en justice les responsables d'attaques illégales - en notant au passage que même les tirs de drone tuant uniquement des insurgés peuvent constituer des « exécutions extrajudiciaires » - et à compenser les familles de victimes innocentes.

Le rapport se penche également, pour les dénoncer, sur les « attaques contre les secours » : lorsqu'un drone bombarde une deuxième fois la même zone alors que les proches des victimes du premier tir et des secouristes s'affairent sur place.

« Meurtres illégaux »

Amnesty critique également « l'ambiguïté » du Pakistan qui considère officiellement ces frappes comme des violations de sa souveraineté, mais juge en privé plusieurs d'entre elles « utiles » et « semble fournir » aux Américains des informations leur permettant de frapper certains combattants islamistes.

L'organisation s'inquiète également de la « collusion » de l'Australie, de l'Allemagne et du Royaume-Uni qui « semblent fournir des renseignements et de l'aide » pour les tirs de drones américains.

Par ailleurs, une autre organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW), publie également mardi un long rapport sur les tirs de drones américains, mais cette fois-ci au Yémen, un des principaux bastions d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

Elle y documente plusieurs attaques meurtrières contre des civils, et juge également que les Etats-Unis doivent « expliquer les fondements juridiques de ces assassinats ciblés », « clarifier publiquement toutes les directives » sur ces attaques et traduire en justice les auteurs de « meurtres illégaux ».

Lors d'une visite au Pakistan en août dernier, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait déclaré que les tirs de drones américains, gérés par la CIA, devaient respecter le droit international ou être arrêtés. 

(Par AFP)

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