Espionnage: les Européens demandent des comptes aux USA
Excédés par l'espionnage américain à leur encontre, les dirigeants européens ont montré leur courroux vendredi à Bruxelles sans aller jusqu'à suspendre les négociations commerciales en cours avec les Etats-Unis.
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Le 25 octobre 2013 à 10h36
Modifié le 25 octobre 2013 à 10h36Excédés par l'espionnage américain à leur encontre, les dirigeants européens ont montré leur courroux vendredi à Bruxelles sans aller jusqu'à suspendre les négociations commerciales en cours avec les Etats-Unis.
« Il ne s'agit pas de commencer à faire monter la pression inutilement » avec les Etats-Unis, a déclaré le Premier ministre belge, Elio Di Rupo, en résumant l'état d'esprit des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne.
A l'issue du premier jour de leur sommet, les 28 dirigeants ont donc affiché une unité de façade pour réclamer des explications à Washington. Cette offensive sera conduite par la France et l'Allemagne, qui vont « engager des discussions bilatérales avec les Etats-Unis dans le but de trouver d'ici à la fin de l'année un accord sur leurs relations mutuelles dans ce domaine », a expliqué Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen.
Cette « initiative commune » vise à trouver « une solution pour que ce genre d'incidents ne se produise plus jamais », a-t-il ajouté, alors que les révélations se succèdent jour après jour.
Le quotidien britannique The Guardian a ainsi affirmé jeudi soir que l'agence nationale de sécurité américaine (NSA), déjà impliquée dans des écoutes en France, au Brésil et au Mexique, avait mis sur écoutes 35 dirigeants de la planète, dont la chancelière allemande Angela Merkel.
Ces révélations à répétition depuis juin « ont créé des tensions considérables dans nos relations avec certains de nos partenaires étrangers les plus proches », a admis jeudi Lisa Monaco, la conseillère de Barack Obama pour ??la sécurité intérieure.
Washington justifie le renforcement de son programme d'écoutes ces dernières années par la montée des menaces terroristes depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Une telle préoccupation est jugée tout à fait compréhensible par nombre de dirigeants européens, qui en pointent cependant les dérives. « Tout le monde peut comprendre que l'on prenne des mesures exceptionnelles tant les menaces terroristes sont importantes (...) mais nous ne sommes pas dans une situation où l'un doit espionner l'autre », a déclaré vendredi M. Di Rupo. Le président français François Hollande a pour sa part relevé qu' « on ne contrôle pas les portables des personnes que l'on rencontre dans les sommets internationaux ».
Le dilemme des Européens
Le chef du gouvernement finlandais, Jyrki Katainen, a résumé le dilemme des Européens: « nous devons à la fois préserver la relation transatlantique et affirmer que cela (l'espionnage) n'est pas acceptable ».
Au delà des protestations, les Européens se sont donc refusés à envisager des sanctions, en particulier une éventuelle suspension des négociations de libre-échange qui viennent d'être lancées entre les deux blocs. Le patron du parti social-démocrate allemand, Sigmar Gabriel, l'a réclamée mais Mme Merkel a mis en garde contre le risque d'une rupture des discussions.
Un front commun des 28 est d'autant plus difficile à dégager que l'espionnage continue à se pratiquer entre pays européens. La Grande-Bretagne, traditionnellement très proche des Etats-Unis, a ainsi été mise en cause dans certaines affaires dévoilées ces derniers mois.
Signe d'un possible embarras, le Premier ministre britannique, David Cameron ne s'est pas exprimé devant la presse depuis le début du sommet, contrairement à son habitude.
Le Washington Posta rapporté vendredi que des documents obtenus par Edward Snowden pourraient compromettre des services de renseignement européens en révélant des détails sur la manière dont ils opéraient secrètement avec Washington.
Par ailleurs, les Européens n'arrivent pas à s'entendre, depuis des mois, sur un projet de loi présenté par la Commission européenne pour renforcer la protection des données privées face aux géants de l'internet et aux services de renseignement.
Alors que la commissaire européenne à la Justice, Viviane Reding, appelait à « passer aux actes » et adopter la réforme « d'ici au printemps 2014 », les 28 ont décidé de « se donner une marge de manœuvre » jusqu'en 2015. « Nous devons aller plus vite, mais la tâche est complexe. Cela ne concerne pas seulement la vie privée mais a aussi des retombées sur le monde des affaires », a affirmé M. Van Rompuy.
(Par AFP)
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Le 25 octobre 2013 à 10h36
Modifié 25 octobre 2013 à 10h36