Gestion de Casablanca : «On fait ce qu’on peut!»

Ce qui est étonnant dans le dossier de la ville, c’est la posture des élus aux commandes. «On fait ce qu’on peut ! Nous ferons mieux la prochaine fois, nous avons besoin de plus d’argent». Si vous cherchez l’autocritique, passez votre chemin.  

Gestion de Casablanca : «On fait ce qu’on peut!»

Le 1 novembre 2013 à 14h50

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

Ce qui est étonnant dans le dossier de la ville, c’est la posture des élus aux commandes. «On fait ce qu’on peut ! Nous ferons mieux la prochaine fois, nous avons besoin de plus d’argent». Si vous cherchez l’autocritique, passez votre chemin.  

«Comment faire face aux problèmes de gestion de Casablanca?», était le thème d’une émission d’une heure et demi diffusée mercredi 30 octobre sur 2M, avec comme invités des représentants de la société civile, des membres du Conseil de la ville de Casablanca et le numéro 2 de la Commune urbaine, Ahmed Brija.

Deux sujets ont dominé le débat : les problèmes de saleté et du transport urbain, les deux sujets sur lesquels les élus se sont focalisés au cours des trois dernières semaines.

«Depuis le discours du Roi du 11 octobre, des réunions marathon ont eu lieu, comme s’il fallait une colère royale pour bien vouloir travailler», lance le journaliste animateur.

Le ton est donné.

Ce à quoi Ahmed Brija, élu du PAM et numéro 2 de la Commune urbaine de Casablanca, réplique dans une déclaration garantie 100% langue de bois:«Ce discours représente pour nous à la fois un avertissement et une source de motivation. Il nous a permis de doubler d’efforts», dit-il, tout en précisant que la propreté de la commune, l'approvisionnement en eau et en électricité ou la mise à niveau urbaine demandent un travail monstrueux.

«Mais nous fournissons beaucoup d’efforts (…), il y a des projets ambitieux, des programmes structurants. Nous parlons d’une ville de plus de 5 millions d’habitants, avec nombreux dysfonctionnement et paradoxes. Sa gestion est extrêmement difficile», poursuit-il.

«A propos, quels sont les dysfonctionnements de Casablanca?», interroge Jamaâ Goulahsen.

Pour Mohamed Fahim, Istiqlalien et membre du Conseil de la ville de Casablanca, «depuis 2003, la nouvelle expérience de l’unité de la ville n’est pas au point, et il y a rarement des programmes à moyen et long termes».

Même son cloche chez Taher el Youssoufi, élu du RNI et membre du Conseil de la ville : «10 ans après l’instauration de l’unité de la ville, il apparaît clairement que cette centralisation a ses limites. Avant, chaque commune avait son budget, ses compétences, son personnel. Mais le régime de l’unité de la ville s’est fait dans la précipitation, sans préparation» dit-il dans un style décousu. Puis en se rattrapant : «l’unification de la vision est une décision sage, mais nous avons donné la priorité aux grands chantiers, aux grands projets et à certains quartiers, au détriment d’autres plus périphériques qui observent désormais un retard alarmant, avec des disparités sociales et un taux de pauvreté élevé».

Voici en somme la vision des élus. Ou plutôt leurs propos, car on ne peut déranger le terme «vision» pour ça. Mais qu’en est-il des revendications des Casablancais ?

Pour Amina Zair, militante associative proches des jeunes, «le logement, le transport, la sécurité, les infrastructures, les centres sociaux-culturels, les espaces verts ou les centres de distraction sont les principales revendications des Casablancais». Elle n’a rien oublié !

Mme Zair estime qu’il existe des disparités entre les quartiers, et que le nord de Casa est privilégié par rapport aux autres quartiers.

Pour Abderrahim Ariri, directeur de publication d'Al Watan Al An, «les problèmes ont commencé avec la constitution du Conseil de la Ville, donc la constitution de son bureau. Pour preuve, l’assainissement n’atteint que 45%, à cause de conflits politiques. Nous avons fait un faux départ».

Autre explication fournie à l’unisson par les élus présents sur le plateau, la Commune urbaine a été dépassée par l’expansion rapide de la ville, et les budgets ne permettent pas de couvrir cette expansion.

«De nouveaux quartiers ont été intégrés, comme douar Mkansa et ses 50.000 habitants, la région d’El Hraouiyine qui compte 60.000 habitants ou la région le Lissasfa. Les moyens disponibles en 2012, n’ont pas pris en compte l’expansion rapide de la ville. Mais le nouveau cahier des charges va prendre en compte ce critère», argumente M. Brija.Taher el Youssoufi et Mohamed Fahim diront la même chose.

Mais ce n’est pas tout, car selon M. Brija, il y a également un problème de contrôle. C’est pourquoi un service de contrôle va être créé pour faire face à la recrudescence des déchets à Casa.

«Beaucoup de quartiers ont vu le jour sans une politique d’infrastructure. Des villes entières ont poussé dans les périphéries», dit M. Fahim.

La deuxième partie de l’émission a été consacrée au transport urbain. En résumé, les élus s’accordent à dire que la principale problématique est d’ordre budgétaire. Donnez-nous de l’argent, nous vous donnerons une belle ville.

En effet, Casablanca a élaboré un plan ambitieux pour le transport urbain, pour un budget de 60 milliards de DH, incluant des lignes de métro, le tramway ainsi que 1.000 bus.

Pour M. Fahim, nous construisons de vraies villes, mais sans un véritable plan de transport. «Il ne suffit pas de faire bénéficier les habitants des bidonvilles d’un logement de 60 m2. Il faut des infrastructures.»

Niveau budget, le numéro 2 de la Commune urbaine de Casablanca a fait savoir que 6 milliards de DH ont été investi dans la première ligne du tramway. La seconde ligne coûtera 8 milliards de DH, le RER 10 milliards de DH.

Afin de maintenir des prix des tickets bas, «le Conseil de la ville verse 140 millions de DH à Casa tramway», affirme M. Brija.

Pour l’élu RNI, «il fallait faire un plan pour le transport il y a 20 ans, nous sommes en retard». «A cause de ce retard, le plan de transport urbain a besoin de moyens faramineux et d’urgence. D’où l’intérêt de songer à l’augmentation des ressources de la ville».

Pour conclure, M. Brija n’hésite pas à défendre son bilan. «Nous avons lancé de nombreux projets ambitieux, et en dépit des difficultés, notre objectif est que Casablanca devienne une ville propre, riche, équilibrée, pour que chaque citoyen se sente bien».

«On espère que la transparence, la sagesse et la compétence seront les seuls mots d’ordre de la gestion de la ville», conclut M. Fahim.

Pour sa part, l’élu du RNI pointe du doigt l’exclusion de certains quartiers. «Cela est dangereux, il faut d’urgence régler ce problème pour plus d’égalité». Amina Zair, elle, pense qu’il faut intégrer la société civile dans la gestion de la ville.

«Lors des dernières élections, il y a eu 24% de votes à Casablanca, il s’agit du plus bas taux de vote au Maroc. A méditer donc, car si rien ne change, lors des prochaines élections, les gens voteront en envoyant des cailloux sur la tête des candidats», conclut dans la bonne humeur Abderrahim Ariri.

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