La BCE devrait rester sourde aux craintes de déflation

Malgré une inflation au plus bas en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) devrait résister jeudi aux pressions en faveur de la baisse de son principal taux d'intérêt directeur, estiment des analystes.  

La BCE devrait rester sourde aux craintes de déflation

Le 7 novembre 2013 à 11h41

Modifié 7 novembre 2013 à 11h41

Malgré une inflation au plus bas en zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) devrait résister jeudi aux pressions en faveur de la baisse de son principal taux d'intérêt directeur, estiment des analystes.  

Ce taux avait été porté en mai à 0,5%, soit le niveau le plus faible de son histoire, pour tenter de soutenir la reprise précaire de l'économie régionale. En outre la BCE avait adopté en juillet un « biais baissier », c'est-à-dire qu'elle s'est engagée à maintenir ses taux à leur niveau actuel voire à les diminuer encore en cas de nécessité. « Elle pensait sans doute s'acheter de la tranquillité jusqu'à ce que la reprise se matérialise », analyse Bruno Cavalier, d'Oddo Securities. Mais le recul de l'inflation, à 0,7% en octobre, soit bien en dessous de l'objectif de la BCE de la maintenir sous mais proche de 2%, est passé par là, faisant jaillir le spectre de la déflation, synonyme de baisse des prix mais aussi des salaires et au final de l'activité. D'où des appels pressants des marchés et de responsables politiques pour que la BCE ramène son taux directeur à 0,25% lors de la réunion de son conseil des gouverneurs jeudi ou au plus tard en décembre. D'autant qu'à la question de l'inflation vient se greffer celle de l'appréciation de l'euro, à son plus haut niveau depuis 2011, ce qui inquiète plusieurs pays dont la France.

Attentes prématurées

Mais ces attentes risquent d'être déçues, d'après Carsten Brzeski, économiste de la banque ING, car une baisse des taux serait « prématurée » à ce stade. D'abord souligne-t-il, la BCE n'a pas coutume de réagir face à un indicateur unique et en outre une baisse des taux ne serait que de peu d'efficacité vu qu'elle peine déjà à transmettre sa politique monétaire aux pays en difficulté où entreprises et particuliers restent confrontés à des taux d'emprunt élevés. Mark Wall et Gilles Moëc de Deutsche Bank jugent qu'une baisse de taux « signifierait renier l'hypothèse actuelle d'une reprise ». Certes le retour à la croissance s'avère lent, fragile et inégal -comme en témoigne la prévision mardi d'une croissance moins forte qu'attendue l'an prochain en zone euro par la Commission européenne-, mais c'est précisément le diagnostic posé depuis des mois par le président de la BCE Mario Draghi, rappellent ces économistes.

Une autre possibilité d'action pour la BCE serait d'annoncer une nouvelle injection massive de liquidités par l'intermédiaire d'un nouveau prêt à long terme aux banques, à des conditions très favorables (ou LTRO), avec l'espoir de les inciter à prêter à leur tour pour faire redémarrer la machine économique.

C'est « l'option de prédilection de beaucoup d'acteurs de marché et d'économistes », notent Jörg Krämer et Michael Schubert, de Commerzbank. Mais remarquent Mark Wall et Gilles Moëc, s'il s'est dit prêt à user de « tous les moyens disponibles » pour soutenir l'économie, M. Draghi n'a pas fait référence nommément à cet instrument dans ses discours récents. Ils jugent donc plus probable que la BCE décide encore de prolonger sa politique d'allocation illimitée de liquidités hebdomadaires et mensuelles, à taux fixe, au-delà de juillet 2014.Sur la question des taux de change, « la BCE n'a jamais réagi avec l'outil des taux d'intérêt », rappelle aussi Bruno Cavalier, soulignant que si elle utilisait dès maintenant une baisse des taux, elle risquerait de devoir opter par la suite pour des « actions non-standard » périlleuses. Selon lui, « le plus probable est que la BCE ne change strictement rien au réglage actuel de sa politique monétaire et que le discours de Mario Draghi, sans fermer aucune porte, reste délibérément flou ».

Toutefois « les interventions verbales ne fonctionnent que de manière temporaire », met en garde Holger Schmieding, de la banque Berenberg, jugeant qu' « au final, il faut que les actions suivent ». Pour les analystes de Newedge Strategy, la révision de ses prévisions d'inflation et de croissance en décembre pourraient constituer une bonne occasion d'agir.

(Avec AFP) 

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