300 passionnés de création de jeux vidéo s’étaient rassemblés à Casablanca pour pondre un concept vendable en 24h. De nombreux participants ont développé un prototype testable de leur jeu. C’est donc si facile que ça de créer un jeu vidéo ?

Cette année, pour la deuxième édition des Inwi Days, la compétition s’orientait autour du thème du gaming et à ce sujet, Julien Muller, manager marché internet & VAS chez Inwi, Andréa Gay, business development manager région Mena chez Gameloft, Omar Sabrou, directeur artistique de Ubi Soft Maroc, Christophe Henner, responsable marketing chez Jeuxvideo.com, Michael Nkaoua, responsable game design chez KRDS, et enfin, Laurent Auneau, fondateur de Succubus Interactive, ont beaucoup à nous apprendre, car créer un jeu vidéo ne se résume pas à imaginer un concept intéressant.

Talk 1 : Inwi et les jeux videos

Pour introduire la série de conférence de cette deuxième édition des Inwi Days, c’est Julien Muller, qui accueillera dès 9h30 du matin les candidats de ce «Hackathon». Cet ancien de chez Bouygues Télécom, NRJ Mobile et aujourd’hui manager marché internet & VAS chez Inwi, présentera la place de plus en plus grande qu’occupent les jeux vidéo dans le quotidien des Marocains et expliquera comment Inwi compte se lancer dans ce marché à travers entre autres, un partenariat avec Gameloft pour le lancement de la première plateforme de téléchargement légal de jeux vidéo au Maroc.

Cette plateforme de téléchargement semblable à un AppStore permettra de télécharger parmi un large choix de jeux et d’applications et intégrera des modalités de paiement accessibles aux Marocains (carte bancaire marocaine, SMS ou recharge).

Talk 2 : Le succès des jeux sur mobile

Gameloft est leader en France sur le marché des jeux video mobiles (sur smartphones et tablettes tactiles). Et pour cause, nous explique Andréa Gay, leur responsable de développement d’affaires sur la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), chez Gameloft, créer des jeux vidéo est loin d’être une activité ludique. Ayant l’ambition de viser un public le plus large possible, ils ont l’ambition de développer des jeux compatibles avec le plus de terminaux possible et pour tous les goûts et toutes les cultures. Leur stratégie consiste à inonder le marché. Et c’est une machine plutôt bien rôdée qui produit aujourd’hui des jeux mobiles de tous les styles presque à la chaîne. Andréa Gay nous explique surtout le rôle du contrôle de qualité. Les process de la création d’un jeu sont rigoureusement étudiés. Pour lui, le défi consiste à créer une valeur équivalente au gain potentiel. Les prix de vente étant préétablis, l’effort déployé dans le développement d’un jeu est  toujours encadré par la limite de sa rentabilité.

Talk 3 : Les tendances dans les jeux vidéo

C’est au tour du directeur artistique d’Ubi Soft Maroc de prendre le micro, le seul marocain parmi les conférenciers du jour et il s’agit d'Omar Sabrou. Son intervention revient sur toutes les innovations qu’ont apporté les jeux vidéo de cette dernière génération et les synthétise pour nous éclairer sur les nouvelles tendances dans le Gaming.

La première, qui commence déjà à dater, est l’ajout de ce qu’on appelle les Social Awards. Leur appellation varie selon les jeux entre «hauts faits», «médailles», «trophées», «badges», etc.. Ces petites rétributions qui ne changent souvent rien à l’expérience de jeu permettent de donner au joueur une impression supplémentaire de réussite et augmentent de fait, l’intérêt porté au jeu en question.

Une autre tendance, beaucoup plus récente, est celle du Companion Gaming. De nombreux jeux qui sortent aujourd’hui offrent des modes de jeux différents sur chacune des plateformes touchées. Dans le jeu Tom Clancy’s The Division, par exemple, le joueur sur console incarnera un soldat armé et évoluera au sol dans un univers truffé d’ennemis tout aussi armés, tandis que le joueur sur tablette incarnera un soldat en hélicoptère et pourra fournir à son coéquipier des informations sur la configuration du terrain, la direction à prendre et l’effectif ennemi. On peut également citer Little Big Planet qui se joue en coopération entre le joueur sur sa PlayStation 3 et celui sur sa PlayStation Vita, la nouvelle console portable de Sony.

Parmi les autres tendances à noter, on peut citer le fait que dans certains jeux récents, on joue en permanence. Lorsqu’on est activement devant notre console, tablette ou ordinateur, on donne les instructions aux personnages qu’on incarne et en notre absence, une intelligence artificielle s’occupe de faire tourner notre partie d’elle-même. D’autres jeux proposent en guise d’univers qui accompagne le joueur ce qu’on appelle une «Sand Box» (bac à sable) ou «Living World». Ce sont des milliards de petits détails indépendants des actions de l’utilisateur que la machine hôte calcule pour créer une impression encore plus forte de réalité. Dans des jeux comme Assassin’s Creed par exemple, l’expérience de jeu est agrémentée de vols de nuées d’oiseaux, d’entrechoquements des feuillages selon le vent et même de personnages secondaires faisant leur marché du matin.

Enfin pour Omar Sabrou, la conception d’un jeu se fait à 6 niveaux : le gameplay (manière d’intéragir avec les différents éléments du jeu), l’équilibrage de la difficulté, l’érgonomie et le confort de jeu, le level design ou l’architecture de l’univers de jeu, le writing ou la couche narrative de l’univers du jeu et enfin le sound design, qui, lorsqu’il est bien fait, permet une immersion plus poussée.

Talk 4 : L’évolution des jeux video

Depuis la création des premiers jeux vidéo, leur forme a bien évoluée. Même le profil du joueur est passé de celui de l’ingénieur devant sa borne d’arcade à celui de l’ado boutonneux enfermé dans sa chambre avec sa console branchée à la télé à aujourd’hui, monsieur ou madame tout le monde qu’ils soient enfants, ados, jeunes adultes et même les mamans de nos présentateurs TV préférés. Cette conférence, plus destinée aux nostalgiques du genre qu’aux acteurs économiques du secteur du jeu vidéo, nous apprends néanmoins une chose : que tout ce qu’on est capable d’imaginer aujourd’hui en terme d’évolution potentielle, sera obsolète bien avant qu’on ne le réalise. Aussi, pour Christophe Henner, responsable marketing de JeuxVideo.com, ce qui fait un bon jeu c’est d’avantage le degré de fun qu’il procure et la profondeur de son univers que simplement ses prouesses techniques et graphiques.

Aussi, il cite l’exemple de Candy Box, un jeu indépendant développé par un étudiant français de 19 ans, entièrement réalisé en ASCII Art, c'est-à-dire que tous les graphismes du jeu sont en fait constitués de caractères imprimés assemblés de façon à ressembler à un donjon ou un monstre. Ce jeu qui n’avait à l’origine que la vocation d’être un exercice ludique pour son créateur a généré un tel engouement qu’une deuxième version est sortie le mois dernier.

Talk 5 : Les Social Games, nouveaux outils de la communication web

Place à présent à la toute dernière tendance du gaming avec le responsable Game Design de chez KRDS, la Facebook marketing agency, leader en France : le Social Gaming. Il s’agit là de jeux vidéo qui basent leur fonctionnement sur l’utilisation des réseaux sociaux (essentiellement Facebook). Ce sont les jeux qui visent le plus grand public.

Parmi les Social Games les plus connus on peut par exemple citer les CityVille, FarmVille etc…, The Sims Social et bien sûr la rockstar du gaming en ce moment : Candy Crush qui pulvérise les records de téléchargement mobile et qui rapporte à la société King qui l’a développé 400.000 dollars par jour d’après leurs rapports.

Ce que nous apprends cette présentation c’est d’un côté, tout ce que le côté social peut apporter à l’expérience de jeu : le fait de pouvoir comparer ses scores ou sa progression avec ses amis Facebook notamment ; et d’un autre côté, les avantages des jeux vidéos dans les campagnes de marketing digital. Le plus souvent, il s’agit de jeux concours ou de quizz mais certaines entreprises ont poussé le concept un peu plus loin. McDonald’s par exemple proposait un jeu où il fallait faire le plus de Big Mac dans un temps imparti en respectant la procédure de composition d’un Big Mac. L’impact sur la notoriété et sur l’image de marque a été décisif.

Talk 6 : Les jeux vidéo qui marchent et les modèles économiques

Enfin, la dernière conférence de la journée, «last but not least», a été donnée par Laurent Auneau, fondateur de Succubus Interactive, une nouvelle boîte de jeux vidéos qui se spécialise dans ce qu’il appelle les «Serious Games». Ce sont des jeux qui présentent au-delà de l’intérêt purement ludique, une formation à un métier. Dans le jeu Cornak, vous apprendrez par exemple à piloter votre activité commerciale, notamment son fichier client. Le jeu  «Les renforts arrivent» propose au joueur de gérer une base militaire.

Avant de démarrer le Hackathon, Laurent Auneau nous apprends ce qui, selon lui, fait le succès d’un jeu vidéo. Il parle brièvement des 4 profils de joueurs qui sont :

-          The explorer : le joueur qui a pour objectif de découvrir tout ce que le jeu a à lui offrir;

-          The killer : ce joueur veut essentiellement être le plus fort;

-          The socialiser : il cherchera à accompagner son expérience de jeu de rencontres, il n’hésitera pas à aider les débutants et à demander de l’aide aux plus forts;

-          The achiever : Son but est de débloquer tous les bonus possibles.

A l’issue de cette série de conférences, tous les participants aux Inwi Days avaient toutes les armes en main pour développer le meilleur jeu vidéo possible. Peut-être verra-t-on un jour, un d’entre eux créer la première boîte marocaine de jeux vidéo avec la vocation d’écouler sa production dans le monde entier.