Dans Attajdid : la cohésion familiale, avant les droits de la femme

Quelle est la position réelle du PJD concernant le statut de la femme marocaine? Une réponse est donnée par le journal du parti. Elle montre un fort courant conservateur qui a du mal à reconnaître la femme comme individu à part entière.  

Dans Attajdid : la cohésion familiale, avant les droits de la femme

Le 2 décembre 2013 à 15h03

Modifié 2 décembre 2013 à 15h03

Quelle est la position réelle du PJD concernant le statut de la femme marocaine? Une réponse est donnée par le journal du parti. Elle montre un fort courant conservateur qui a du mal à reconnaître la femme comme individu à part entière.  

Dans son édition du 28 novembre, trois semaines après la décision du conseil de gouvernement de retirer le projet de loi concernant les violences faites aux femmes, Attajdid publie une analyse de son journaliste et éditorialiste Bilal Talidi.

L’angle de l’article est clairement défini: quelle est l’approche qu’il faut adopter à l’égard des violences faites aux femmes? Question qui se pose selon l’auteur, aussi bien pour les enquêtes de terrain, que pour la lecture des statistiques ou encore pour les objectifs de toute politique dans ce domaine.

Voici un résumé très succinct de l’article. La partie qui suit est intégralement extraite de cet article:

-«on constate l’apparition d’une nouvelle orientation, visant à ajouter à la liste des types de violences que subissent les femmes, des types nouveaux qui n’étaient pas inscrits dans les priorités des associations féminines:

1. ce que l’on appelle dans la pratique internationale le viol conjugal, ou ce que le HCP appelle d’une manière plus soft les pratiques sexuelles non désirées par la femme ;

 2. la violence verbale ou la violence morale.

-L’intrusion de ces deux nouveaux types va élargir le champ de la violence contre les femmes, de sorte que les statistiques vont atteindre des niveaux stratosphériques, qui laisseraient croire que les foyers marocains vivent la violence à longueur de journée. Les chiffres laissent penser que les principales victimes des violences sont les femmes au foyer.

-pour ce qui concerne les enquêtes de terrain, la manière dont les questions sont posées oriente les personnes interrogées vers un certain type de réponses accréditant l’idée qu’elles sont effectivement victimes de violences.

-La conclusion que l’on veut imposer est la suivante: les violences dont sont victimes les femmes ont lieu principalement au sein du foyer et donc au sein de la famille et que la solution passe par une approche légale ou judiciaire, et notamment des poursuites contre l’époux.

-Nous ne pouvons nier l’existence d’une proportion significative de violence à l’égard des femmes dans le foyer conjugal, mais cette violence est souvent le fruit de l’absence d’éducation correcte ainsi que de l’absence de culture religieuse solide.

-La question qui se pose est de savoir quelle est l’approche qu’il faut adopter pour traiter cette situation? On peut adopter une approche qui vise à préserver la cohésion de la famille. Comme on peut adopter une approche basée sur une logique de lutte qui essaie de créer des prétextes pour renforcer l’animosité entre les hommes et les femmes et au final miner l’institution familiale.

-Nous avons besoin de circonscrire ce phénomène de trois manières :

1. les enquêtes doivent être bien encadrées sur le plan de la rigueur scientifique ;

2. en cas de problème de violence, l’approche doit être conciliatrice entre les époux, pour préserver la cellule familiale; il faut également bien définir les concepts de viol conjugal ainsi que de violence verbale ou morale ;

3.  l’approche judiciaire et légale ne doit pas prédominer. La violence à l’égard des femmes a plusieurs sources et les associations féminines doivent se pencher sur les politiques éducatives et sur le rôle des médias dans la genèse de la violence à l’égard des femmes. »

Fin du résumé.

 

Cet article clair et structuré a le mérite d’exposer la vision d’une partie des troupes du PJD. Dans le meilleur des cas, il y a deux courants, un courant libéral ou moderniste que l’on peut penser minoritaire, et un courant conservateur et orthodoxe, que l’on peut penser majoritaire.

Malgré la Moudawana et la nouvelle Constitution, la femme marocaine doit encore lutter pour arracher ses droits.

La condition de la femme correspond à un clivage réel qui traverse la société entre une vision patriarcale conservatrice et une vision qui défend les libertés et les droits individuels, que nous appellerons libérale.

Les partis à référentiel religieux ne deviendront pas des partis démocrates tant qu’ils n’auront pas rompu, totalement et clairement, avec deux principes bien ancrés dans leur culture et selon lesquels :

-l’homme est supérieur à la femme ;

-le musulman est supérieur au non musulman.

On ne peut pas imposer, par le droit, une approche conciliatrice à la femme. Ester ou ne pas ester en justice est un droit individuel. C’est à la victime qu’il appartient de l’exercer ou pas.

Lorsqu’on défend l’idée contraire, au nom de la cohésion de la famille, c’est en fait l’époux, l’homme, que l’on veut protéger.

Le projet de loi relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes, a gêné les courants conservateurs du PJD pour lesquels les droits du mari passent avant ceux de la femme. Ils n’ont pas admis que l’homme, malgré la supériorité qu’ils lui prêtent, puisse être incriminé. La femme doit rester mineure. Si ce n’est dans le code du statut personnel, eh bien ce sera dans le reste. Sinon, bienvenue à la «dssara».

Ce projet de loi est en réalité emblématique des difficultés de mener une transition vers une société où tous les citoyens auront les mêmes droits, quel que soit leur sexe.

Le Maroc ou la lente émergence de l’individu dans les pays d’Afrique du Nord…


 

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