Cannabis, l'idée de légaliser s'avère une illusion

Invitée durant le débat sur l’utilisation industrielle du cannabis, l’Agence du Nord s’est distinguée par son réalisme. Les études qu’elle a présentées démontrent la difficulté de la tâche.Légaliser le cannabis au Maroc est une fausse-bonne idée.  

Cannabis, l'idée de légaliser s'avère une illusion

Le 5 décembre 2013 à 11h35

Modifié 27 avril 2021 à 22h23

Invitée durant le débat sur l’utilisation industrielle du cannabis, l’Agence du Nord s’est distinguée par son réalisme. Les études qu’elle a présentées démontrent la difficulté de la tâche.Légaliser le cannabis au Maroc est une fausse-bonne idée.  

Alors que les régions cultivant le kif ont beaucoup plus besoin d’une stratégie de mise à niveau de leurs communes rurales. Lecture.

Durant la journée d’étude sur la légalisation de la culture du cannabis, ce mercredi 4 décembre, organisée par le groupe parlementaire du PAM, la majorité des interventions abondaient dans le même sens : le Maroc gagnerait à orienter cette culture vers des utilisations industrielles et médicinales.

Les présentations des deux experts suisses invités pour l’occasion, le Dr Claude Vaney et André Furst ont démontré selon eux les bienfaits médicinaux des produits dérivés du cannabis pour certaines affections, ainsi que les multiples utilisations industrielles allant de l’agroalimentaire, à la plasturgie, en passant par le textile et la construction.

Il est dénombré près de 40.000 utilisations possibles de la plante, de sa graine, ses fibres, sa résine, selon les deux médecins connus pour prôner l’usage médicinal de ces plantes et leurs dérivés.

Sauf que le Maroc n’est pas la Suisse. Et c’est l’intervention des experts de l’agence pour la promotion et le développement du Nord qui réajuste le débat à sa vraie mesure. 

«Une dizaine d’études, plusieurs centaines de pages d’analyses dont certains spécifiques aux modes de substitution et débouchés commerciaux donnent les conclusions suivantes: le cannabis n’est pas viable comme vecteur de développement et les cultures alternatives ne sont pas financièrement équivalentes d’où une logique de développement alternatif à mettre en œuvre». Voila c’est dit !

L’étude présentée souligne que l’exploitation du cannabis «n’a pas d’impact positif et clair sur la scolarisation. La hausse des revenus ne permet pas une meilleure scolarisation mais favorise la déperdition scolaire des garçons et le travail des filles». Elle précise également que «le revenu annuel d’environ 40.000 DH par familles est faible par rapport au PIB moyen par famille qui est de 100.000 DH».

C’est ainsi que la part moyenne du cannabis dans le revenu familial représente 51%. Que ce soient les céréales, les autres productions végétales et l’élevage, ils contribuent chacun à 11%. Les autres revenus ne comptent qu’à 16% dans le revenu. Quant au salaire moyen d’un journalier dans les exploitations, il est de l’ordre 52 DH.

Les experts de l’Agence du Nord se sont ainsi penchés sur le potentiel industriel du cannabis. Ils plantent le décor. «Le chanvre dit à usage récréatif (le joint) est cultivé dans des régions au relief accidenté et sur des superficies trop restreintes de près d’un hectare chacune. L’exploitation génère pour l’agriculteur au moins un tiers de plus que dans les meilleurs standards mondiaux du chanvre industriel cultivé sur des grandes exploitations». Il en résulte pour un hectare l’équivalent de 14.000 DH.

En ce qui concerne l’utilisation du cannabis dans des filiales médicales, plusieurs contraintes sont soulevées. Tout d’abord, il s’agit de procédés de pointe «aux effets mitigés et substituables. Cela ne concerne que quelques médicaments produits dans des chaînes sophistiquées pour un volume de marché moyen et incertain.

Ensuite, «la part faible de la matière brute dans l’intrant et l’utilisation de molécules de synthèse réduit à quasi néant le bénéfice de l’agriculture dans un écosystème de type Rif de produits à usage pharmaceutique». Et le rapport poursuit en signalant qu’un «scénario où l’Etat compense les coûts de marché par une subvention de la différence du prix de vente aux industriels coûterait près de 1 milliard de DH par an soit le coût d’un programme de développement de grande envergure, c’est-à-dire 10.000 DH pour 100.000 hectares. »

Quelles seront les conséquences? Pour nos experts, elles sont nombreuses et partent d’un constat. Une telle approche n’augmentera pas les revenus de la population, mais maintiendra les facteurs risques.

Les explications. Première conséquence : augmentation du trafic et de l’insécurité par détournement au marché «récréatif». Ce dernier demeure le premier marché mondial. D’autant plus qu’aucun pays n’autorise la production pour vente ou export à usage «récréatif».

Deuxième conséquence. Il y a la nécessité de lourds investissements pour de grandes unités de transformation sur place. Un budget estimé à un milliard de DH, pour un marché dont les contours ne sont pas déterminés et le potentiel quantifié. Et troisième conséquence : il demeure la problématique du transport, de la chaîne qualité et de la sécurité des cultures. Le débat semble tranché. Nos vaillants députés auraient dû mieux se renseigner avant de faire des propositions ya-ka qui donnent l’illusion que c’est facile, pas cher et que ça va rapporter gros.

 

 

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