Mort d’un ressortissant camerounais, incidents à la périphérie de Tanger

Mort d'un citoyen camerounais, 3 blessés parmi les forces de l'ordre et un véhicule endommagé, échauffourées entre Marocains et ressortissants sub sahariens, incidents entre forces de l'ordre et jeunes Camerounais : la proche périphérie de Tanger a vécu mercredi soir des évènements alarmants.  

Mort d’un ressortissant camerounais, incidents à la périphérie de Tanger

Le 5 décembre 2013 à 15h34

Modifié 27 avril 2021 à 22h23

Mort d'un citoyen camerounais, 3 blessés parmi les forces de l'ordre et un véhicule endommagé, échauffourées entre Marocains et ressortissants sub sahariens, incidents entre forces de l'ordre et jeunes Camerounais : la proche périphérie de Tanger a vécu mercredi soir des évènements alarmants.  

La situation était revenue au calme ce jeudi à la mi-journée autour du complexe Al Irfane 2 à Boukhalef près des universités et de l'aéroport de Tanger.
La veille, à l'issue d'une opération de police démarrée entre 13 et 14 heures selon des témoins rencontrés sur les lieux par Médias 24, le jeune Cédric Bété, 24 ans qui tentait d'éviter son interpellation par les forces de l'ordre a chuté du 4e étage de l'immeuble où il résidait, décédant sur le coup.

Des rafles quotidiennes

Selon les dires de Marcellin, un Ivoirien «en transit vers l'Europe», «les rafles des forces de l'ordre, police et forces auxiliaires, ont lieu presque tous les jours depuis un mois».

La mort de Cédric Bété est la 3e qui survient dans des circonstances violentes en quelques mois au Maroc. Le 10 octobre dernier, un jeune Sénégalais, Moussa Seck, décédait dans des circonstances identiques à Tanger, et à Rabat, un autre Sénégalais était poignardé au cours d'une dispute à la gare routière. Entretemps, le principal témoin de la mort de Moussa Seck, Alpha Barry, est en cours de reconduction aux frontières, selon des milieux de défense des droits de l'Homme.


Mercredi en fin de journée, c'est suite à la chute de Cédric et à son décès que les autres ressortissants subsahariens, qui vivent dans ce quartier d'Al Irfane 2 et qui eux-mêmes s'étaient abrités à la vue de l'arrivée des forces de l'ordre, «sont sortis de leurs cachettes pour tenter de porter secours à Cédric», expliquent à Médias 24 Mustapha et Moussa deux Camerounais rencontré sur place ce jeudi matin.
Eux-mêmes sont au Maroc depuis moins de deux semaines et indiquent «être arrivés par la voie terrestre, par l'Algérie et la frontière avec le Maroc».
Les premiers incidents ont débuté lorsque l'ambulance de la Protection civile est arrivée sur le lieu de la chute du jeune Cédric et que ses jeunes compatriotes ont refusé de laisser les ambulanciers embarquer le corps de la victime. «A ce moment-là, raconte un résident du bloc, les jeunes et les agents de la sécurité ont commencé à en venir aux mains, les premiers indiquant qu'ils voulaient eux-mêmes emmener le corps de Cédric à la morgue, quelques 5 km plus loin à Sidi Amar près de l'hôpital Mohamed V».


C'est notamment sur ce point que les avis divergent. Selon certains témoins, les meneurs du cortège voulaient marcher vers la préfecture de police pour protester contre la mort de Cédric, pour d'autres, les jeunes Camerounais voulaient seulement emmener eux-mêmes le corps de Cédric à la morgue.
De fait, la Protection civile devra quitter les lieux sans le corps de Cédric. Mais averties entretemps, les forces de l'ordre mettent en place un premier barrage à un kilomètre d'Al Irfane 2 à hauteur du supermarché Aswak Assalam.


Le cortège des jeunes Camerounais transportant le corps de Cédric pourra encore avancer de quelques centaines de mettre avant d'être définitivement bloqué un autre kilomètre plus loin au rond-point de Mesnana qui mène aussi au stade de football et à la route principale de Rabat.

C'est à ce moment-là, entre 20H et 21H qu'auront lieu de nouveaux incidents avec d'un côté le cortège des Camerounais, bloqué et houspillé et victime de jets de pierre de la part de jeunes Marocains et, de l'autre côté, des prises de bec et des bousculades entre les forces de l'ordre et des habitants du quartier.
Ce n'est que grâce à l'intervention de militants des droits et de responsables de la justice que le corps sera finalement remis aux autorités et déposé à la morgue de la ville.

Selon des chauffeurs de taxis familiers de la zone contactés par Médias 24, «la circulation est restée bloquée pendant plusieurs heures mercredi soir sur le boulevard Moulay Rachid» qui, pour la petite histoire, vient d'être entièrement refait, trottoirs et éclairage public compris.

Cette brusque montée de la tension entre subsahariens et population locale provoque diverses réactions en ville, certaines hostiles, d'autres réservés et peu estimant de la compassion pour le sort des clandestins africains.

Un élu local Hassan Belkhidar indique sur sa page Facebook dès mercredi soir que «si les Africains peuvent manifester dans la rue sans autorisation, bloquer la circulation et braver les forces de l'ordre, on n'ose imaginer la réaction des habitants de ces quartiers un de ces jours».

tanger clandestins

Interrogé par Médias 24, le journaliste Mohamed Fadel Jakani juge que «le côté humanitaire et l'hospitalité marocaine nous recommandent la solidarité, mais l'arrivée des jeunes Africains constitue une vraie concurrence pour les Marocains sur le marché du travail ; l'Europe ajoute-t-il a les moyens de les accueillir et de les recenser».

Selon une estimation réalisée par Médias 24 avec quelques habitants du quartier d'Al Irfane 2, environ 300 ressortissants sub sahariens vivraient sur la zone, louant des appartements de 60 m², un salon et 2 chambres à coucher pour 1.500 à 2.000 DH par mois.

Selon Marcellin, originaire d'Abidjan, «en général 8 personnes vivent là». Al Irfane 2 est un complexe de logements économiques du groupe Addoha d'un coût de 250.000 DH l'unité. Avec des loyers mensuels de 1.500-2.000 DH, le rendement locatif est supérieur à 8%, le double du marché qui se situe à 4-5% !

A la porte de l'université Essaidi, des chauffeurs de taxis discutaient encore entre eux ce midi sur les incidents de la veille. Propos choisis: «On nous dit qu'ils viennent du sud du Sahara, alors comment ils ont fait pour arriver jusque-là ? Il n'y a pas de makhzen? Il n'y a pas de frontières?», interroge l'un.
«Il y en a trop», ajoute un deuxième chauffeur» avant qu'un troisième n'assène «la sagesse» de la matinée : «Qu'on s'occupe des nôtres d'abord».

A l'heure où ces lignes étaient écrites, la préfecture de police et la wilaya de Tanger n'avaient pas encore publié de communiqué au sujet des graves incidents du mercredi 3 décembre et de la mort de Cédric.
De son côté, l'Association marocaine des droits de l'homme AMDH a demandé dans un communiqué l'ouverture d'une enquête indépendante».

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