Politique de la santé: Louardi joue cartes sur table

Lors d’un forum organisé par la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc, le ministre de la santé El Houssaine Louardi a exposé sa politique de la santé et donné les points essentiels de sa stratégie du médicament au Maroc. Médias 24 vous livre les détails.  

Politique de la santé: Louardi joue cartes sur table

Le 6 décembre 2013 à 16h35

Modifié 6 décembre 2013 à 16h35

Lors d’un forum organisé par la Chambre française de commerce et d’industrie au Maroc, le ministre de la santé El Houssaine Louardi a exposé sa politique de la santé et donné les points essentiels de sa stratégie du médicament au Maroc. Médias 24 vous livre les détails.  

Les taux de mortalité infantile et maternel restent élevés, le déficit en personnel soignant est palpable et la couverture médicale reste très insuffisante, n’a pas manqué de rappeler Jean-Marie Grosbois, 1er vice-président du CFCIM, en ouverture de cette rencontre avant de céder la parole au ministre de la santé. Une introduction qui dresse bien le contexte.
La politique de santé telle que dessinée par El Houssaine Louardi repose sur 3 approches complémentaires:
-Une première approche interministérielle de droits humains, basée notamment sur le genre en faisant du ministère de la santé un garant de l’offre de soins et de l’accès aux soins.
-Une deuxième approche de démocratie sanitaire essentiellement participative avec les parties prenantes du secteur, accordant une importance particulière à la reddition des comptes,
-Une approche systémique, relative au métier, suivant les directives de l’Organisation mondiale de la santé.
La vision du secteur s’apparente à une mini-révolution institutionnelle.
Les approches du ministre de la santé ne font pas l’unanimité au sein des différents corps de métiers de la santé.
Ainsi la première approche consiste à repositionner le ministère de la santé afin qu’il puisse se concentrer sur son métier. «Nous ne sommes pas censés tout faire» rétorque-t-il avant de poursuivre «aujourd’hui, le ministère de la santé est le seul ministère chargé de tâches qui ne relèvent pas de ses compétences: nous assurons le stockage des médicaments à Berrechid et dans 7 autres unités régionales, le coût est élevé, et les pertes sont très importantes; les coûts annuels de stockage sont estimés à 30,5 millions de DH, et la bâtisse de stockage est évaluée à 1 milliard de DH. Assez pour ouvrir 300 centres de santé et construire un nouveau CHU entièrement équipé!»
Concrètement, même si le ministre reconnaît qu’il reste encore de grands efforts à produire pour sortir le secteur de la crise, notamment en termes de budget alloué au ministère par le PLF 2014 (5% du budget au lieu de 8% recommandés par l’OMS), il ne dénigre pas pour autant le travail des gouvernements précédents. «Nous avons gagné 28 ans d’espérance de vie entre 1962 et aujourd’hui, nous sommes passés d’une moyenne de 47 ans à 75 ans» souligne-t-il. De même pour la couverture vaccinale dont bénéficient désormais 98% des Marocains.
Les priorités du ministère de la santé sont au nombre de 7, déclinées comme suit :
La réorganisation et le renforcement des soins d’urgence. Parmi les réalisations, l’ouverture de 3 nouveaux CHU dans 3 grandes villes (Oujda, Marrakech et Agadir) contribuera à résorber la demande en soins d’urgence. Les zones difficiles d’accès ne sont pas non plus en reste, un projet audacieux est en train de voir le jour. Il s’agit d’hôpitaux mobiles, entièrement équipés, qui se déplaceront dans les régions qui ne sont pas dotées de centres hospitaliers.
Parmi les nouveautés aussi, le lancement du numéro national 141 en partenariat avec l’ANRT, en vue du lancement du SMUR (service mobile d’urgence). «Souvent, lorsqu’il s’agit d’accidents graves, les premières minutes sont décisives, c’est pourquoi nous mettrons en place des unités équipées prêtes à intervenir sur les lieux des accidents» déclare le ministre et ancien professeur en médecine d’urgence de catastrophe. «Cela pose néanmoins un souci. Le vide juridique doit être comblé.»
La deuxième priorité du ministère concerne la santé mentale et psychologique. Là encore, tout (ou presque) reste à faire. Selon le ministre, il faudrait d’abord sortir de la stigmatisation des maladies mentales, notamment en mettant en places des unités régionales souples.
Pour l’heure, la facture en médicaments de 3ème génération a quasiment doublé, passant de 30 millions à 52 millions de DH. Et là encore, un vide juridique existe, la dernière loi pour la protection des malades mentaux remonte à 1959, tombée depuis en désuétude.
Le troisième axe des priorités de M. Louardi est le sujet qui a nourri tant de controverses. Il s’agit de la politique pharmaceutique nationale.
Conscient du fait que 30% des pharmaciens d’officine se trouvent dans une «situation financière catastrophique» et que 20% d’entre eux ont recours à des facilités bancaires, le ministre tente de répondre à une partie des doléances des professionnels: l’AMI (assurance maladie des indépendants) figure parmi les revendications des pharmaciens et les préoccupations du ministre qui promet une intégration progressive par corps de métiers (pharmaciens, médecins, dentistes, infirmiers…etc).
A partir de mars 2014, un système automatisé d’importation des médicaments
Par ailleurs, et afin de gérer l’approvisionnement en médicaments de manière efficiente, le ministère compte se doter d’un système automatisé qui traitera les demandes d’importation des médicaments, et ce à partir de mars 2014. Parallèlement, le ministère de la santé externalisera la gestion des stocks de médicaments.
Autre bonne nouvelle pour les pharmaciens; bientôt, ils seront intégrés au programme du Ramed.
En revanche, en ce qui concerne la TVA appliquée sur les médicaments, et bien que le ministre soit convaincu de l’irrationalité de la pratique, il continue à plaider son annulation. «J’ai demandé à 7 reprises que la TVA sur tous les médicaments soit annulée, bien qu’elle ne figurait pas à l’ordre du jour du conseil de gouvernement. Mais je continuerai dans ce sens» affirme El Houssaine Louardi.
La quatrième priorité concerne l’atteinte des objectifs du millénaire pour lesquels le Maroc accuse un sérieux retard.
Le partenariat public-privé au service de la santé
Autre priorité et pas des moindres : l’organisation de l’offre hospitalière, et particulièrement du partenariat public-privé, fer le lance de la nouvelle politique de santé vue par E. Louardi.
Plus précisément du très contesté projet de loi 10-94 qui donne la possibilité aux non médecins le droit d’investir dans des cliniques privées.
A ce propos, le ministre a détaillé le fonctionnement de ces structures «verrouillées», où l’indépendance professionnelle est garantie.
Nous retiendrons que ces cliniques fonctionneront sans conflits d’intérêts, sous la responsabilité de 3 comités indépendants : un comité d’établissement composé de médecins qui seront chargés du recrutement, du choix et de l’achat du matériel et des activités au sein de la clinique. Un deuxième comité dit comité d’éthique, composé d’infirmiers et de médecins supervisera le bon déroulement des activités. Et finalement le comité de gestion composé des entrepreneurs.
Le ministère ne perdra pas pour autant son influence: «la décision politique nous reviendra. Nous jugerons de l’opportunité du déploiement des cliniques privées sur tout le Maroc. Il est hors de question de continuer à avoir une concentration importante de cliniques privées en métropole au dépens de régions qui en ont réellement besoin» estime le ministre, et ajoute: «c’est d’ailleurs une solution parmi d’autres pour lutter contre le chômage du personnel hospitalier et des professionnels de la santé au Maroc. »
La sixième priorité du ministère concerne l’extension du dialogue social avec tous les partenaires: syndicats publics, syndicats privés, ONG et associations professionnelles.
La septième et dernière priorité était l’organisation du colloque de la santé, tenu le 1er, 2 et 3 juillet derniers.
Grand bémol en revanche en ce qui concerne la bonne gouvernance.
Répondant à une question de Médias 24 sur la corruption qui gangrène le secteur de la santé au Maroc, et l’absence d’un axe prioritaire dans la politique du ministère tendant à lutter contre son expansion, le ministre a avoué son impuissance à demi-mot, tout en réitérant sa confiance dans une grande partie des professionnels de la santé qu’il dit être «honnêtes». «Nous ne pouvons pas nous attaquer à un aussi grand chantier. Mais nous intervenons au fur et à mesure à chaque fois qu’il est nécessaire de corriger ou de sanctionner » avoue-t-il. Et ajoute, non sans ironie qu’«il faudrait sinon un quarantième ministère pour la lutte contre la corruption. » Certains seraient tentés de penser au conte d’Aladin.
En tout cas, quoi que l’on dise, le ministre de la santé affiche une réelle détermination pour sortir le secteur du gouffre, enchanant colloques, conférences et rencontres. On se permettra de paraphraser Henri Salvador sans feindre le ridicule. Car oui, «le travail c’est la santé !»

 

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