JLEC en bourse: une bonne affaire, surtout pour les actionnaires!

La bourse va sortir de sa léthargie. L’introduction de JLEC annonce une année 2014 plus animée que les trois précédentes. Questions réponses autour de cette IPO et du bénéfice que peut en tirer le petit porteur.

JLEC en bourse: une bonne affaire, surtout pour les actionnaires!

Le 9 décembre 2013 à 10h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h35

La bourse va sortir de sa léthargie. L’introduction de JLEC annonce une année 2014 plus animée que les trois précédentes. Questions réponses autour de cette IPO et du bénéfice que peut en tirer le petit porteur.

La souscription commence ce mardi, elle est censée durer trois jours mais la société se donne le droit d’arrêter la souscription dès le lendemain, si les objectifs sont atteints. C’est dire que les délais pour prendre sa décision, sont très courts.

Le syndicat de placement fait son travail et… en quelque sorte fait l’article. Voyons alors ce qu’il en est et ce qui se dit réellement sur la place de Casablanca.

 

JLEC est contrôlée directement et indirectement par Taqa, un géant émirati de l’énergie, à capitaux publics. C’est dire que la géographie du capital pourrait difficilement être plus rassurante. Taqa (littéralement: énergie) est un géant de par les actifs, les bénéfices et l’expertise qu’il détient. Pour lui, JLEC est une petite pépite. Pépite, oui. Petite, certainement, du moins à l’échelle de Taqa.

L’histoire de l’entrée de Taqa dans la production électrique au Maroc est bien connue.

Elle a été déclenchée par les opportunités nées de la décision marocaine d’ouvrir la production d’électricité aux opérateurs privés.

L’arrivée de Taqa témoignait, surtout dans les années 90, de la confiance placée dans le Maroc et d’une amitié réelle et jamais démentie entre les deux pays.

JLEC a été créée en 1997 avec un capital initial de 100.000 DH et a contracté des dettes pour financer ses investissements, grâce à la géographie de son capital et au premier contrat de producteur privé d’électricité au Maroc. En décembre 2000, des actionnaires rachètent une fraction de la dette. Le mois suivant, en janvier 2001, une fraction de cette dette rachetée est convertie en capital, portant le capital social de la société à plus de 2 milliards de DH.

Jusque récemment, Taqa lance les centrales 5 et 6 à Jord Lasfar, réalise son plan d’investissement et exploite les autres centrales du site. Et ne distribue pas de dividendes.

En 2009, selon les informations que nous recueillons sur la place de Casablanca, les banques-conseil de JLEC ont recommandé à la compagnie de ne pas recourir immédiatement à l’appel public à l’épargne et d’emprunter auprès d’établissements bancaires, en vue de financer son expansion. En 2013, on a estimé que ce moment était venu.

L’introduction en bourse se fait donc cette semaine après une tournée de prévente de gré à gré. Résultat: trois institutionnels ont acheté, Société Centrale de Réassurances (SCR), RMA Watanya (RMA) et Mutuelle Centrale Marocaine d’Assurances (MCMA). Alors que des acheteurs se bousculaient, le quota de prévente avait déjà été atteint. Cette prévente avait pour but de mettre au jour l’attractivité du titre nouveau. L’augmentation de capital pré-IPO est d’environ 500 millions de DH, dont 111,7 MDH en capital nominal et 388 MDH en prime d’émission.

L’introduction en bourse s’effectue dans les mêmes conditions: l’émission de 2.234.638 actions nouvelles d’une valeur nominale de 100 DH chacune, se fera au prix de 447,5 DH, soit une prime d’émission par action d’un montant de 347,5 DH.

L’apport total de l’augmentation de capital IPO sera d’un montant de 1.000.000.505 DH, dont 223.463.800 DH à titre de nominal et 776.536.705 DH à titre de prime d’émission.

A l’issue de la réalisation de l’augmentation du capital IPO, le capital social de la société sera porté d’un montant de 2.135.390.400 DH à un montant de 2.358.854.200 DH

 

Après l’IPO de cette semaine, le capital de la société sera réparti comme suit :

-groupe Taqa: 85,58%

-institutionnels marocains: RMA Wataniya (1,89%), SCR (1,89%) et MCMA (0,95%)

-flottant en bourse: 9,47%

 

Pour un petit porteur, deux questions se posent :

1. Faut-il acheter ?

2. Si oui, faut-il placer des ordres de type II ou de type III ?

 

Sur le premier point, la quasi-totalité recommandent l’achat. Upline recommande même d’acheter la valeur et de la garder car il considère comme beaucoup d’autres d’ailleurs, que c’est une valeur de fond de portefeuille pour les investisseurs qui tablent sur le long terme.

La valorisation est jugée parfois trop élevée, mais il y a la carotte du dividende qui sera distribué en juillet prochain et qui sera de 23% du prix d’achat. Le rendement est indéniablement intéressant.

Faudra-t-il garder la valeur?

Personne ne peut répondre avec certitude. Tout dépendra de ce qui va passer notamment en janvier et en juillet, et qui peut déclencher l’habituel comportement moutonnier des petits porteurs, surtout si après distribution du dividende, il y a une baisse mécanique de la valeur. En janvier, il se peut que des institutionnels cherchent le titre et donc titrent la valeur de l’action vers le haut.

L’introduction se fait au prix de 447,5 DH, avec distribution d’un dividende exceptionnel de 106,6 DH par action, soit 23,8% du prix d’introduction. En d’autres termes, le prix réel de l’introduction est de 340,9 DH (si l’on ne tient pas compte du coût de l’argent pendant les sept mois avant la distribution).

 

La distribution de dividende suscite les commentaires

 

L’annonce de JLEC concernant la distribution du produit net de l’IPO est une anticipation, jugent plusieurs analystes en privé.

En 2001, l’Office des changes avait bloqué et invalidé la remontée de profits de IB Maroc suite à son introduction en Bourse. JLEC souhaitait éviter un blocage de la part de l’Office des changes et donc a annoncé d’emblée, dans sa note d’information, son intention de distribuer ce qui ne l’avait pas été ou ce qui aurait dû l’être. Surtout, on estime de même source que JLEC devait commencer à rémunérer ses actionnaires, car cela fait 3 ans qu’il ne l’avait pas fait.

La rémunération des actionnaires est controversée pour deux raisons :

1. Elle va donner lieu à une sortie de devises : mais dès lors que l’on a effectué un investissement de l’étranger, en devises, cette sortie est légale. L’est-elle encore lorsqu’on sait que ce qui va être transféré est le produit d’une entrée en bourse. Oui, les explications de l’entreprise (voir ci-dessous) sont convaincantes. Le problème est ailleurs.

2. En effet, JLEC a financé ses investissements à la fois par emprunt bancaire et par fonds propres. Elle n’a pas distribué de dividendes, et dans ses comptes figurent des reports à nouveau positifs.

Arithmétiquement, les actionnaires historiques ont apporté (grosso modo) 2 milliards de DH et vont empocher 1,9 milliard de dividendes. Ils auront donc misé au final, 100 MDH. Et se retrouvent en même temps à contrôler à 85% une entreprise valorisée à 9 milliards de DH et qui a une capacité bénéficiaire très consistante pendant de nombreuses années, à l’abri d’un contrat en béton qui la lie à l’ONEE.

Tout se passe donc comme s’il s’agissait d’une cession d’actions, qui a pris la forme d’une entrée en bourse.

C’est comme si la société avait cédé 15% sur la base d’une valorisation globale de 9 milliards de DH.

Un joli coup pour les actionnaires: une mise nette de 100 MDH et 27 années (le restant du contrat) d'exploitation en contrôlant à 85% une société valorisée à 9 milliards de DH.


Des commentateurs, analystes financiers par exemple, estiment que le but ultime de toute cette opération n’est pas la rémunération des actionnaires, aussi controversée puisse-t-elle être, mais plutôt la présence de JLEC sur la Bourse. Si c’était le cas, pourquoi cette distribution précipitée de dividende exceptionnel?

On prête en effet à JLEC l’intention d’effectuer des sorties sur le marché obligataire. Sa signature d’entreprise cotée aux solides fondamentaux lui confèrera des taux très attractifs afin de financer son expansion avec des fonds “bon marché”.

Dans la note d’information, JLEC avance les objectifs suivants à travers cette introduction en Bourse:

--institutionnaliser JLEC en associant de nouveaux partenaires au capital et accroître sa notoriété et sa proximité auprès, entre autres, des investisseurs institutionnels, des partenaires et du grand public ; optimiser les coûts de financement de JLEC ;

-faciliter le recours à des financements externes grâce à un accès direct aux marchés financiers pour soutenir la croissance et la réalisation des objectifs stratégiques de JLEC ;

-soumettre la performance de JLEC au jugement du marché.

Au final, une opération qui est une bonne affaire, surtout pour les actionnaires.

 

La dream team marocaine de JLEC

(Source: JLEC, note d’information)

Abdelmajid Iraqui Houssaini (38 ans), le pilote

Abdelmajid Iraqui Houssaini est titulaire d’un diplôme en finance et d’un MBA de Eastern Michigan University (Etats-Unis). Il a débuté sa carrière en occupant le poste de Représentant Financier au sein de la Metropolitan Insurance aux Etats-Unis.

En 1999, il rejoint le groupe CMS Generation dans le Michigan, en tant qu’Analyste Senior, avant de devenir Directeur en charge du Business Development et de gérer le volet financier des opérations du groupe au Maroc.

Il est Country Manager du groupe TAQA au Maroc depuis janvier 2007 et il est également Président du Directoire de JLEC et JLEC 5&6.

 

Omar Alaoui M’hamdi (35 ans), le financier

Omar Alaoui M’hamdi est Expert-comptable Mémorialiste de l'Ordre des Experts Comptables région  Paris/ Ile de France et titulaire du diplôme du cycle Normal de l’ISCAE. Après une expérience en tant que Consultant Senior chez PricewaterhouseCoopers en audit et conseil, il rejoint JLEC en septembre 2004 au niveau du contrôle financier.

Par la suite il rejoint, en avril 2009, TAQA North Africa S.C.A. en tant que Business Manager en charge des opérations financières du Groupe TAQA au Maroc et il occupe depuis mars 2011 le poste de Directeur du Pôle Finance de JLEC. Il est également membre du Directoire de JLEC.

 

Khalid Benghanem (55 ans), le DRH

Khalid Benghanem a suivi une formation universitaire de base en Sciences Economiques, ainsi que plusieurs formations spécialisées en Ressources Humaines au Maroc et à l’étranger.

Il a accumulé plus de 30 ans d’expérience dans divers postes en Ressources Humaines, notamment en tant que Directeur des Ressources Humaines chez Comanav, ABN AMRO Bank, BMCI, Imperial Tobacco Maroc puis Imperial Tobacco UK, et enfin en tant que Directeur de cabinet de Conseil Engagement RH.

Khalid Benghanem a également été auditeur Social International, et ancien Président de l’Association Nationale des Gestionnaires et Formateurs des Ressources Humaines, ainsi que de l’Association Africaine Des Formateurs Du Personnel.

En août 2013, il a intégré JLEC en qualité dé Directeur des Ressources Humaines.

 

Mehdi Belghiti (38 ans), le pôle support

Mehdi Belghiti est ingénieur, diplômé de l’Ecole Polytechnique de Lausanne. Il a débuté sa carrière en 2002 au sein de la  banque d’affaires CFG Group. En 2004, il a intégré le Groupe Comanav en qualité de Secrétaire Général avant d’être nommé, après la privatisation de la société, Directeur Général Délégué. En 2008, il a rejoint le Groupe Addoha en qualité de Directeur Général Adjoint en charge des Finances et des Ressources.

En octobre 2012, il intègre JLEC en qualité de Directeur du Pôle Support.

 

Répartition de l'offre d'actions en bourse:

L’offre est structurée en 5 types d’ordres :

Type d’ordre I: Réservé aux salariés permanents de JLEC disposant d’un CDI, sans conditions d’ancienneté et exprimant des ordres dont le montant est inférieur ou égal à 12 mois de salaire brut y compris le 13ème mois et la prime annuelle ; salariés permanents de JLEC 5&6 disposant d’un CDI, sans conditions d’ancienneté et exprimant des ordres dont le montant est inférieur ou égal à 12 mois de salaire brut y compris le 13 ème mois et la prime annuelle ; salariés permanents de TAQA North Africa disposant d’un CDI, sans conditions d’ancienneté et exprimant des ordres dont le montant est inférieur ou égal à 12 mois de salaire brut y compris le 13ème mois et la prime annuelle.

Type d’ordre II : Réservé aux personnes physiques résidentes ou non résidentes de nationalité marocaine ou étrangère exprimant des ordres inférieurs ou égaux à 560 titres; personnes morales de droit marocain ou étranger n’appartenant pas à la catégorie d’investisseurs habilités à souscrire aux types IV et V, justifiant de plus d’une année d’existence au 1er juin 2013 et exprimantdes ordres inférieurs ou égaux à 560 titres.

Type d’ordre III :

Réservé aux personnes physiques résidentes ou non résidentes de nationalité marocaine ou étrangère exprimant des ordres supérieurs à 560 titres et inférieurs ou égaux à 11.174 titres; personnes morales de droit marocain ou étranger n’appartenant pas à la catégorie d’investisseurs habilités à souscrire aux types IV et V, justifiant de plus d’une année d’existence au 1er juin 2013 et exprimant des ordres supérieurs à 560 titres et inférieurs ou égaux à 11 174 titres.

Type d’ordre IV :

Réservé aux investisseurs qualifiés de droit marocain, tels que définis par l’article III.1.21 de la circulaire du CDVM, dont Organismes de Placement Collectifs en Valeurs Mobilières (OPCVM) (régis par le Dahir portant loi n°1-93-213 du 4 Rabii II 1414 (21 septembre 1993) actions et diversifiés de droit marocain ; entreprises d’assurance et de réassurance telles que régies par la loi 17-99 portant Code des Assurances ;organismes de pension et de retraite ; Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG); Banques.

Le nombre maximum d’actions pouvant être demandé pour ce type d’ordre (hors OPCVM diversifiés) est 10 % du nombre global d’actions proposées dans le cadre de l’Opération (soit 223 463 actions).

Le nombre maximum d’actions pouvant être demandé par un OPCVM diversifié est 5% du nombre global d’actions proposées dans le cadre de l’opération (soit 111 731 actions).

Type d’ordre V :

Réservé aux institutionnels de l’investissement agréés étrangers ; sociétés de capitaux, de droit étranger, justifiant de plus d’une année d’existence au 1er juin 2013 et ayant pour activité principale ou régulière l’investissement en actions.

Le nombre maximum d’actions pouvant être demandé pour ce type d’ordre est 10 % du nombre global d’actions proposées dans le cadre de l’Opération (soit 223 463 actions).

 

La distrbution de dividende exceptionnelle expliquée et annoncée par JLEC.

L’alinéa II.4 de la note d’information du CDVM dit ceci :

PRODUIT ISSU DE L’OPERATION D’INTRODUCTION EN  BOURSE

La société n’a pas distribué de dividendes au cours des trois derniers exercices dans la mesure où sa trésorerie disponible a été utilisée pour financer le projet des Unités 5 et 6 de la Centrale de Jorf Lasfar.

L’opération d’introduction en bourse intervient en effet à la suite de l’investissement déjà réalisé par TAQA pour la construction des Unités 5 et 6. TAQA a ainsi pris les risques de construction, de financement, de développement et de négociation contractuelle afférents aux Unités 5 et 6.

Le produit net de l’émission servira à la distribution en 2014 du report à nouveau de la Société à l’ensemble des actionnaires (actionnaire de référence et nouveaux actionnaires), sous forme de dividende.

La réalisation de l’Opération contribuera également à renforcer les capitaux propres de la Société au niveau du capital social et de la prime d’émission.


 

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