Lors de la dernière édition du Start Up Cup, fin novembre, leur invention a attiré l’attention du jury. MyVLE (My Virtual Learning Environment, mon espace d'apprentissage virtuel en français) remportait ainsi le 3^e prix.

A l’origine de cette initiative, il y a trois jeunes entrepreneurs : Abdelkamel Ait Bouskri, Zakaria Mahboubi et Hamza Aboulfeth, co-fondateurs de MyVLE, mais aussi grands amis dans la vie.

MyVLE est défini par ses fondateurs comme un « outil en cloud flexible et universel de gestion de cours». L’aventure trouve ses racines, selon les fondateurs, dans la rencontre des nouvelles technologies et du monde de l’enseignement, que ce soit dans les pays développés ou émergents.

MyVLE a déjà remporté le 1^er prix à l’Ampa Entrepreneurship Award, dans le cadre d’un concours annuel de business plans pour encourager les jeunes entrepreneurs marocains à démarrer leur propre entreprise aux États-Unis et au Maroc.
L’idée de ce projet vient d’Abdelkamal, 31 ans et jeune père de 2 enfants. Après avoir obtenu son bac scientifique en 1997 à Marrakech, il se dirige vers Ifrane où il se spécialise en ingénierie informatique à Al Akhawayn. 
Il y passe 2 années avant de s’envoler aux Etats-Unis pour une spécialité à Saint Petersbourg College en Floride. En 2002, diplôme en poche, il décide de rentrer au bercail pour gérer une entreprise familiale dans la ville ocre, Riad Kniza. 
Abdelkamal a pris les rênes de l’affaire et l'a développée. Effectivement, pour son classement annuel de 2013, le site Tripadvisor a hissé le riad au 1er rang en Afrique pour son service et au Maroc dans la catégorie hôtel de luxe. Abdelkamal nous a confié fièrement que Bill Gates et Jude Law ont déjà été accueillis dans le riad.

C’est après que l’affaire eût connu la « gloire » que Abdelkamal décide de renouer avec sa «passion première» : l’informatique. Les prémisses de MyVLE surgissent, nourris par l’envie de «mettre en place un outil qui améliore la qualité d’éducation», nous confie-t-il.

Hamza et Kamal sont des amis de longue date et voisins à Marrakech. Hamza n’avait que 21 ans lorsqu’il a fondé Genious, alors qu’il était toujours étudiant. 
Aujourd’hui, à l’aube de ses 27 ans, Genious est le 1er registrar accrédité par l’ICANN en Afrique. 
«Je suis fier d’avoir laissé tomber les études pour me vouer corps et âme à mon projet» lance-t-il avec un humour digne d’un Marrakchi, tout en gardant son air confiant. Pour lui, les compétences priment. Cet anciens élève de l’école d’informatique Epitech, continue de se former : en novembre dernier, il a suivi un « executive program » sur le leadership à Harvard financé par une bourse de mérite de la part de TIZI (Tariq Ibn Ziad Initiative).

Zakaria est le financier de l’équipe. Après avoir décroché un bachelor en finances à Al Akhawayn en 2003, suivi par un master en e-business à l’université de Salento en Italie, il a enchainé des postes de responsabilité dans des groupes importants.

D’abord Procter & Gamble en Arabie Saoudite en tant responsable grands comptes. Ensuite au Maroc, il a intégré en 2006 le département financier de la filière hôtelière du groupe CIH-CDG et enfin Prestigia en 2012 en tant que directeur des opérations commerciales. «Abdelkamal, ancien ami du lycée, m’a sollicité pour le projet, se souvient-il, j’ai quitté alors mon poste en octobre dernier pour y travailler à plein temps ».
MyVLE est opérationnel depuis juin 2013. «Nous avons travaillé 2 ans sur le projet, dont 5 mois de brainstorming début 2011, tout en faisant appel à des consultants en pédagogie aux Etats-Unis», raconte Zakaria. L’objectif est de créer une solution qui soit non seulement compétitive mais facilement adoptée par les étudiants et les professeurs.

5,1 millions de dollars en 3 ans
 

MyVLE «est orienté principalement à l’export». Dans un premier temps, le projet est déployé en Angleterre et aux Etats-Unis vu la rapidité que ces pays connaissent en termes d’adoption des plateformes de elearning. La région MENA est la deuxième cible. «Au bout de la 3ème année, nous tablons sur un chiffre d’affaires de 5,1 millions de dollars», précise Zakaria.

Le business model repose sur un paiement de 9 dollars par utilisateur et par an. «La solution étant hébergée sur nos propres serveurs, cela permet à nos clients de se concentrer sur leur cœur de métier», souligne Zakaria. Le Maroc n’est pas en reste. Bien entendu, «ce n’est pas ici qu’on cherche à réaliser une profitabilité, poursuit-il, mais on va contribuer à développer l’éducation au Maroc. C’est pour cela qu’au Maroc, le prix est à partie de 3 dollars par utilisateur par an.

La qualité du contenu a attiré deux actionnaires supplémentaires, ayant une expertise certaine en éducation. Alan Daly, ayant une maîtrise et un Ph. D dans l'éducation avec une spécialisation en leadership en éducation et les organisations de l'Université de Californie, Santa Barbara, et Alan Guinn, fort de ses 35 ans d’expérience dans le domaine des affaires. L’équipe myVLE compte parmi ses experts, Adil Ben Al Khetab, Directeur des Systèmes de Scolarité à Mundiapolis University Casablanca.

La version finale pour février 2014

La plateforme MyVLE est toujours en stade bêta mais est déjà utilisée à l’Empire College à Londres et Birmingham et dans l’Ecole supérieure de l’informatique et des télécom Vinci à Rabat. MyVLE est actuellement en phase de test par des professeurs à Missouri State University et à l’Université de Toulouse. D’un autre côté, plusieurs professeurs universitaires utilisent la plateforme à titre individuel.
Les langues françaises et anglaises sont déjà opérationnelles. La version arabe est prévue pour début 2014.

MyVLE avance doucement mais sûrement

Pour sa commercialisation, MyVLE opte pour un démarchage B to B auprès des institutions éducatives. Le travail ciblera « particulièrement les petites et moyennes institutions qui opèrent dans le secteur privé, » nous déclare Abdelkamal. Dans une étape ultérieure, les efforts de vente seront élargis à d’autres cibles, poursuit-il.
Pour sa visibilité, MyVLE optera pour l’affiliation auprès des blogs d’experts et de consultant en e-learning. L’achat d’espace publicitaire est une option, mais elle n’est pas envisagée pour le moment.