L'accueil fait aux migrants à Lampedusa choque Italie et Europe

Le traitement de choc infligé aux migrants à leur arrivée à Lampedusa suscite une vague d'indignation en Italie et en Europe, moins de trois mois après les naufrages qui ont coûté la vie à des centaines d'étrangers.

L'accueil fait aux migrants à Lampedusa choque Italie et Europe

Le 18 décembre 2013 à 19h24

Modifié le 18 décembre 2013 à 19h24

Le traitement de choc infligé aux migrants à leur arrivée à Lampedusa suscite une vague d'indignation en Italie et en Europe, moins de trois mois après les naufrages qui ont coûté la vie à des centaines d'étrangers.

Un reportage diffusé lundi soir par TG2 (vidéo ci dessous), le journal de la deuxième chaîne de la télévision publique italienne, montre des réfugiés se dénuder complètement dans un espace qui semble être en plein air, avant d'être aspergés devant les autres d'une solution contenant un produit contre la gale.

Ces images, apparemment tournées avec un téléphone portable, ont été prises par Khalid, un réfugié syrien présent depuis 65 jours dans le centre, situé dans le sud de l'Italie. "On est traités comme des chiens", commente-t-il en affirmant que le même traitement est infligé aux femmes.

"camp de concentration"

Alors que le monde célèbre mercredi "la journée internationale des migrants", la maire de l'île, Giusi Nicolini, a comparé la structure à un "camp de concentration".

"Les images du centre de Lampedusa sont épouvantables et inacceptables", a commenté la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Cecilia Malmström, en menaçant Rome de sanctions.

Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a demandé au gouvernement italien "des solutions urgentes pour améliorer l'accueil à Lampedusa", rappelant que les nouveaux arrivants sont censés passer un maximum de 48 heures dans ce centre de premier secours, avant de gagner d'autres structures dans le pays.

"La surpopulation permanente est insoutenable. Malgré les efforts des travailleurs humanitaires, l'aide offerte est bien en-deça des minimums acceptables", a commenté Laurens Jolles, son porte-parole pour le Sud de l'Europe.

Interrogé à la radio, l'administrateur de la coopérative gérant depuis cinq ans la structure d'accueil de Lampedusa, Cono Galipo, s'est défendu en expliquant qu'il fallait remettre ces images "dans leur contexte".

"Nous avons accueilli trois bateaux dans lesquels on soupçonnait fortement la présence de cas de rage. Normalement, quand la suspicion est faible, le traitement se fait à l'infirmerie, mais quand, comme là, on parle de 104 personnes, on a besoin de locaux adaptés", a-t-il affirmé.

Selon lui, le traitement a duré une heure et demie. "A un moment, des réfugiés se sont impatientés et ont commencé à se déshabiller; ils ont clairement mis en scène ce qu'on a vu ensuite à la télévision", a-t-il ajouté.

Mercredi la coopérative qui gère ce centre d'accueil a ordonné "le renvoi immédiat" des responsables. Promettant une enquête "approfondie" et "des sanctions", le Premier ministre italien, Enrico Letta, s'est dit "choqué".

La présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, ex-porte-parole du HCR, a jugé ces conditions "indignes d'un pays civilisé".

Première Noire dans un gouvernement en Italie, Cecile Kyenge, ministre de l'Intégration, a jugé que "faire se dénuder complètement une personne de la sorte est inhumain".

Mais un député du Parti démocrate (PD, gauche), Khalid Chaouki, a estimé que le gouvernement devait cesser de "mandater des coopératives et des associations" afin d'offrir des structures adéquates et faire pression pour un plus grand soutien de l'Union européenne à l'Italie.

Les drames de l'immigration ont été inscrits à l'ordre du jour du sommet des dirigeants de l'UE jeudi et vendredi à Bruxelles pour examiner les moyens de lutter contre le trafic des réfugiés et éviter de nouvelles tragédies.

Début octobre, au moins 400 personnes, dont beaucoup de femmes et d'enfants, ont trouvé la mort dans deux naufrages dans la zone de Lampedusa, première porte d'entrée européenne pour les migrants qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie. Plus de 14.000 migrants ont débarqué à Lampedusa entre le 1er janvier et le 30 novembre. Alors que le centre ne compte que 381 places, 497 réfugiés, dont une quarantaine d'enfants, y sont actuellement accueillis, selon le Corriere della Sera. La plupart sont des Syriens et des Erythréens.

Mardi, la Marine italienne a de nouveau sauvé 110 personnes sur un canot pneumatique en difficulté où elle a récupéré un corps sans vie. Et mercredi, 98 autres migrants d'Afrique de l'Ouest -Sénégal, Mali, Côte d'Ivoire...- ont été secourus

 

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