Exercice de la médecine, des praticiens dénoncent l’approche commerciale du ministère

L'avant-projet de loi est un texte qui refait surface. Déjà objet de polémique en 2009, aujourd’hui il attire les foudres contre le département d’El Ouardi. L’approche jugée mercantile irrite le syndicat des médecins privés.

Exercice de la médecine, des praticiens dénoncent l’approche commerciale du ministère

Le 4 janvier 2014 à 16h12

Modifié 4 janvier 2014 à 16h12

L'avant-projet de loi est un texte qui refait surface. Déjà objet de polémique en 2009, aujourd’hui il attire les foudres contre le département d’El Ouardi. L’approche jugée mercantile irrite le syndicat des médecins privés.

La tension n’est pas près de tomber. La publication au SSG de l’avant-projet de loi sur l’exercice de la médecine remet à l’ordre du jour le sentiment d’éviction des professionnels quant à l’élaboration de la réglementation. Ces derniers tirent la sonnette d’alarme.

Le modèle économique que désire emprunter le département de tutelle a déjà montré ses limites dans d’autres contrées, selon des professionnels sollicités par Médias 24.

«Ce texte présenté par le ministre n’a aucune répercussion sur les professionnels de la santé. Les véritables conséquences, immédiates et néfastes s’exerceront sur la santé publique des citoyens et sur l’accès aux soins», lance d’emblée le Dr Mohamed Naciri Bennani, président du syndicat national des médecins du secteur libéral, le SNMSL. Une association professionnelle qui a vu le jour en 1958. Et d’ajouter: «le ministre a refusé d’en discuter. Car le débat se situe à ce niveau et pas ailleurs».

Encore plus, il est reproché à ce texte d’avoir été exhumé des tiroirs de Mohamed Cheikh Biadillah, puis de Yasmina Baddou. Et c’est aujourd’hui à Hocine El Ouardi de porter ce fardeau. « Ni les professionnels, ni la société civile n’a participé à son élaboration», indique le Dr Bennani. «C’est à se demander qui est derrière ce texte!», s’interroge-t-il.

Les principales dispositions de ce texte en gestation qui attisent l’irritation des professionnels, sont relatives à l’introduction de financement privé autre que les fonds appartenant aux médecins initiateurs d’un projet de cliniques. «Ce système d’ouverture du capital aux sociétés commerciales existe dans 65% des pays du monde. Des études et notamment celles de l’OMS démontrent l’échec de ce régime. L’objectif principal de tout investisseur reste le gain. Et cela se réalise au détriment de la qualité des soins et leur accès aux citoyens», ajoute le Dr Mohamed Naciri Bennani.

Concrètement, la gestion de ces établissements favorisera une recherche de réduction des coûts. Elle se situera inexorablement sur les achats du matériel médical et des consommables. Le choix portera en toute logique sur les moins onéreux. Un risque réel quant à la qualité de ces produits. Toutefois, l’avant-projet de loi ne prévoit-il pas des contrôles réguliers? Ce qui fait dire à notre interlocuteur : «ils n’arrivent même pas à contrôler les hôpitaux publics, alors encore moins les cliniques privées.»

Pour le président du SNML, «le médecin du secteur privé n’est pas perdant dans ce contexte. Nous deviendrons salariés de ces cliniques et vendrons nos prestations aux plus offrants!». Et de prédire: «le grand perdant est le citoyen».

La seule limitation est stipulée à l’article 58 de l’avant-projet de loi. Il y est dit: «toutefois, il est interdit à un organisme gestionnaire de l’assurance maladie de créer ou de gérer une clinique ou un établissement assimilé», allusion transparente aux agissements précédents de la CNSS. Mais d’office, la porte est ouverte aux compagnies d’assurances privées, aux sociétés commerciales, bref à l’ensemble des investisseurs privés.

De plus en plus, remontent des informations selon lesquelles des médecins propriétaires de cliniques sont approchés par des investisseurs, proposant d’importantes participations dans le capital. D’autres vont plus loin et y voient une futur délégation des polycliniques et hôpitaux privés.

Pour l’heure, les professionnels se mobilisent. «Trente-quatre associations de médecins et de défenseurs des droits humains ont créé un Front national de défense de la santé. C’était le 7 décembre dernier. Actuellement, nous exécutons les recommandations de cette journée. Première  action: faire signer une pétition qui condamne la commercialisation des soins de santé», indique Dr Bennani. L’objectif étant de lancer un référendum national. «Nous allons adhérer à un mouvement international qui mène une bataille à ce sujet», ajoute-t-il.

La stratégie défensive est déjà lancée. Les prochains mois seront riches en événements. A suivre.

 


 

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