Ahmed Assid : «la constitution marocaine convient au moderniste comme au fanatique»

Invité de l’université d’hiver de l’institut Prometheus, Ahmed Assid a livré une analyse de la constitution marocaine de 2011, ainsi qu’une vision sur la transition démocratique que connait le pays. Décryptage.  

Ahmed Assid : «la constitution marocaine convient au moderniste comme au fanatique»

Le 8 janvier 2014 à 11h29

Modifié 8 janvier 2014 à 11h29

Invité de l’université d’hiver de l’institut Prometheus, Ahmed Assid a livré une analyse de la constitution marocaine de 2011, ainsi qu’une vision sur la transition démocratique que connait le pays. Décryptage.  

Il y a lieu, tout d’abord, de poser 3 éléments d’analyse. Selon Ahmed Assid, il s’agit de 3 phases majeures qui ont précédé l’adoption de la nouvelle constitution.

Lors de l’accession du roi Mohamed VI au pouvoir, l’espoir au sein de la population marocaine était grandissant. Il incarnait la «nouvelle ère», une nouvelle manière de gouverner autre que celle que les Marocains avaient connu jusqu’à lors. La rue attendait selon lui, une réforme constitutionnelle, seule garante de la transition démocratique promise.

Les discours des partis politiques ont été, à leur tour, très timides. Ils s’accordaient à dire que le problème ne vient pas de la constitution, mais de son application. En revanche, les démocrates y voyaient un empiétement sur les responsabilités des institutions, d’où l’appel à l’adoption d’une nouvelle constitution.

Pourtant, les forces démocratiques ont du attendre 12 ans, jusqu’à l’évènement des révoltes arabes, suite auxquelles le pouvoir a procédé à la levée du bouclier constitutionnel, cédant ainsi à la pression populaire.

Le deuxième axe d’analyse concerne la création du mouvement du 20 février qui, malgré le fait qu’il n’ait pas réussi à gagner la confiance des partis, a mobilisé, en son sein, plusieurs membres de partis défenseurs d’une monarchie absolue.

Le danger, durant cette phase, était de remettre en question l’institution monarchique elle-même. Ici, le débat a été orienté vers la constitution au lieu de le centrer autour de la monarchie et de l’y confronter.

Le troisième élément d’analyse concerne les lignes rouges tracées par le pouvoir, car, si l’année 2011 a constitué un tournant (notamment durant la période qui s’est étalée du 20 février au 1er juillet 2011) en ouvrant les débats sur les chaines et stations radios nationales sur les prérogatives du roi, du gouvernement…etc. les trois dernières semaines précédant le scrutin ont été politiquement mouvementées et très décisives. Durant cette période, le projet de constitution a été modifié avant d’être soumise au vote populaire.

En effet, juste avant sa révision, le projet de l’équipe Manouni accordait un champ de liberté plus large, avant que les deux partis conservateurs (PJD et l’Istiqlal) ne fassent pression pour modifier les articles traitent de la place de l’amazighité, de la liberté de conscience et des droits de la femme.

Au final, nous nous retrouvons avec une constitution à deux visages. Une constitution d’apaisement où le moderniste comme le fanatique trouvent leurs comptes. Le meilleur exemple est celui traitant de la suprématie du droit international sur le droit national dans le cadre des constantes du Royaume, sous-entendu les lois religieuses. Il en est de même pour la liberté de culte, garantie par l’Etat, et qui s’oppose à la liberté de conscience. Ces limitations font que rien n’a changé sur le plan de l’application de la constitution du roi Hassan II.

Finalement, malgré le fait que la constitution reflète tous les conflits de la société et de ses valeurs, le Maroc est toujours en transition vers l’Etat de citoyenneté. C’est pourquoi, il est nécessaire que les démocrates s’unissent pour constituer un front, sans lequel la société court un réel danger de régression. Ils doivent développer une lecture équilibrée de la constitution, pour défendre les droits humains.

Il est aussi nécessaire qu’une nouvelle élite religieuse éclairée livre des lectures modernistes de la religion. Car, à l’évidence, les lectures anciennes ne font qu’entraver le processus de modernisation.

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