Vidéo surveillance, relent féodal et insécurité
Le Morocco Mall a été le théâtre, jeudi 22 janvier, d’une scène ignoble, digne d’un siècle révolu. L’affaire a été divulguée par notre confrère Goud qui a mis en ligne la vidéo issue d’une caméra de surveillance.
Vidéo surveillance, relent féodal et insécurité
Partager :
-
Pour ajouter l'article à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecterL'article a été ajouté à vos favoris -
Pour accéder à vos favorisS'inscrire gratuitement
identifiez-vousVous possédez déjà un compte ?
Se connecter
B. M.
Le 25 janvier 2014 à 10h36
Modifié 25 janvier 2014 à 10h36Le Morocco Mall a été le théâtre, jeudi 22 janvier, d’une scène ignoble, digne d’un siècle révolu. L’affaire a été divulguée par notre confrère Goud qui a mis en ligne la vidéo issue d’une caméra de surveillance.
Médias 24 a enquêté sur place et a pu authentifier la vidéo et reconstituer une partie des faits.
Vers 17H45, un groupe de jeunes enfants flâne dans le magasin Planet Sport. Les vendeurs, estimant qu’ils n’ont d’autre but que de déranger leurs clients, leur intiment l’ordre –calmement, selon des témoins - de quitter le lieu.
Les enfants ont selon toute vraisemblance averti leur accompagnateur, un chauffeur ou un bodyguard selon les versions. Ce dernier déboule et attaque l’un des vendeurs par derrière, dans une scène digne d’un combat de catch (vidéo). S’ensuit un passage à tabac des deux vendeurs. Fin du premier acte.
Prévenu par un des témoins, un agent de sécurité, accompagné d’un policier, tente d’intervenir (c’est son rôle). Mais c’était sans compter sur l’effronterie du bodyguard, qui leur a distribué quelques gifles, avant de partir, devant les regards impuissants des victimes.
Selon nos sources, les deux vendeurs ont été hospitalisés, souffrant de contusions et de plaies nécessitant plusieurs points de suture au visage. Jusqu’à vendredi soir, aucune plainte n’avait été déposée par les victimes.
Ce grave incident appelle deux remarques:
-la première est sociétale. Il y a dans l’affaire un relent féodal. L’opinion sera, on le constate sur le web, d’autant plus solidaire avec les victimes qu’elle considèrera que l’agresseur a agi avec un sentiment d’impunité et un mépris de classe. Et l'affaire suscite un sentiment de hogra chez les victimes et une partie du public.
-la seconde est d’ordre sécuritaire. Les deux victimes ont une (petite) chance d’obtenir des poursuites, car il y avait une caméra de surveillance, dont l’enregistrement est désormais partagé sur le web. S’il n’y avait pas cette caméra, il n’est pas certain qu’ils auraient eu la moindre chance d’obtenir justice.
Concernant le second point, un autre enregistrement d’une vidéo de surveillance a circulé sur le web concernant une agression commise à Marrakech. Cet enregistrement a permis l’arrestation de l’agresseur qui a commis son forfait avec une audace et un sang-froid étonnants.
La délinquance et la criminalité progressent au Maroc, avec une rapidité spectaculaire. Un sentiment d’insécurité se développe au sein de la population, particulièrement les bipèdes obligés de prendre les transports publics. Il n’est pas du tout sûr que l’organisation des services de sécurité, leur gouvernance, leurs méthodes, la motivation de leurs ressources humaines, soient à la hauteur du défi. Pourtant, sans sécurité, il sera impossible d’atteindre les objectifs touristiques ou économiques. Et il va sans dire que le commun des mortels ne peut circuler avec une caméra de surveillance branchée au dessus de sa tête.