Consensus et progrès : complémentarité et non antagonisme

Le Maroc gère bon an mal an, une transition passablement chahutée par des comportements politiques immatures et brouillant sérieusement le cap stratégique que se fixe le pays au lendemain d’un « printemps arabe » aux couleurs marocaines.

Consensus et progrès : complémentarité et non antagonisme

Le 27 janvier 2014 à 17h32

Modifié 27 janvier 2014 à 17h32

Le Maroc gère bon an mal an, une transition passablement chahutée par des comportements politiques immatures et brouillant sérieusement le cap stratégique que se fixe le pays au lendemain d’un « printemps arabe » aux couleurs marocaines.

Pourtant tout concourait a priori pour le succès d’une telle entreprise : pendant que les autres pays peinaient à se relever d’un changement nécessaire mais non maîtrisé, le nôtre ficelait vite fait bien fait un socle constitutionnel nouveau, fécondé par un Etat intelligemment ouvert aux vents du changement. Hélas, manipulé par une classe politique dotée d’un bon potentiel mais viscéralement clouée au sol par le train-train de la médiocrité, le changement salvateur, tant attendu, cède la place à un désenchantement propice à la stérilité, sinon à la régression.

En l’occurrence, le défaut majeur des segments les plus porteurs de la classe politique, c’est de lire l’acte politique comme une éternelle revanche à prendre sur ce qui est considéré comme un mauvais coup du sort ! En d’autres termes, leurs agissements fondamentaux demeurent indécryptables pour ceux qui n’intègrent pas dans leur analyse, le paramètre de la revanche, c’est-à-dire du niveau zéro de la politique. Loin de toute vision historique, de toute construction stratégique, beaucoup de ceux qui sont en charge de frayer le chemin du progrès à la nation, se contentent de petits actes tactiques sinon d’agissements triviaux. Le but étant in fine, de « marquer des coups » face à l’adversaire et de prendre ainsi sa revanche. Ce faisant, ils ont transformé l’espace politique en une arène où tous les coups sont permis, de préférence les plus bas, relayés par une presse avide de sensationnel vendeur. Les outrances politiciennes, les violences verbales, les joutes calamiteuses ont remplacé le débat serein et le discours argumenté. L’espace public, livré à de tels errements, grouille désormais de politiciens de la dernière heure qui ne peuvent manipuler que l’excommunication religieuse ou politique, la brutalité du discours et l’agression verbale, et depuis peu, l’agression physique !

Jamais le pays n’a connu une telle dérive, abandonné par les éléments les plus lucides de sa classe politique qui assiste tétanisée, à une telle dégradation des échanges dits « politiques »…

Pourtant le pays était bien parti en 2011. Nous étions fiers de la spécificité de la gestion marocaine du printemps arabe, surtout que la complexe question constitutionnelle a été vite réglée dans un sens de progrès institutionnel (ce que les autres n’ont pu faire) et de retour rapide à une certaine normalité d’une construction démocratique, porteuse d’une potentielle floraison sociétale et politique.

C’est pourquoi, il nous appartient de transcender les péripéties brouillonnes, les débats immatures et les outrances expressives qui accompagnent cette transition chaotique, que nous stigmatisions plus haut. Parce que toutes les défectuosités de cette transition, malgré leur puissante charge négative, ne changeront rien au fait que le socle de stabilité a été préservé contre vents et marées. Quand bien même les apprentis sorciers qui peuplent le devant de la scène politique nationale alimentant une culture politique au rabais, sont toujours en service.

Dans ce sombre tableau, le principal atout du Maroc demeure ses fondamentaux de stabilité et de consensus progressiste. A ce niveau, il convient de retordre le cou à la rhétorique pseudo scientifique, d’après laquelle certains considèrent que le consensus est l’antithèse de la démocratie. Ceux-là oublient (ou tout simplement, ignorent) que les grandes nations démocratiques s’appuient toujours sur des pré-requis consensuels, grâce auxquels la démocratie, apaisée, peut vivre et produire.

Il suffit ! Le rejet du compromis qui est basé sur l’intelligence de l’avenir relève, au pire, de l’irresponsabilité, au mieux, de l’adolescence politique. Certainement pas d’une personnalité courageuse et affirmée. Cela relève de la confusion entre l’écorce et le fruit ! Il n’y a rien de plus simple, en effet que de cultiver l’affirmation égotique, rejetant systématiquement l’altérité. Il n’y a rien de plus complexe  à construire que la recherche des passerelles entre acteurs différents mais qui ont autant de légitimité à exister. La seule alternative serait l’ostracisme et l’exclusion. C'est à dire la dictature. Que ceux qui sont pour, lèvent le doigt !!

Soyons plus concret : la constitution, la loi électorale, le mode de gouvernance, les grands choix de la nation, tout cela est frappé du sceau du consensus. Autant dire qu’il n’y a aucunement lieu de s’aventurer dans la recherche d’inconcevables points de convergence avec les cas égyptien, tunisien, libyen ou autre.

Une conclusion fondamentale doit en être tirée : Le Maroc excipe bel et bien d’une puissante originalité. Rien n’est plus dérisoire que de la rejeter d’un revers de manche aussi hautain qu’inconsistant, et en l’absence de toute argumentation sérieuse.

Le nouveau Maroc ne peut se construire que sur cette base. Celle de la complémentarité entre consensus et progrès.

Loin de l’anathème et des petites tactiques, qui ne remplaceront jamais une bonne stratégie.

 

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