Diplomatie, la France veut éteindre l’incendie avec le Maroc

Un communiqué de Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte parole du gouvernement publié dimanche 23 février «déplore les mots blessants et les expressions humiliantes» attribués à l'ambassadeur de France à Washington à l’égard du royaume.

Diplomatie, la France veut éteindre l’incendie avec le Maroc

Le 24 février 2014 à 18h28

Modifié 24 février 2014 à 18h28

Un communiqué de Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte parole du gouvernement publié dimanche 23 février «déplore les mots blessants et les expressions humiliantes» attribués à l'ambassadeur de France à Washington à l’égard du royaume.

Ce qui s'ajoute au tollé diplomatique provoqué au Maroc après la convocation parisienne du patron de la DGST pour s’expliquer sur de prétendus cas de torture.

 

Les relations diplomatiques franco-marocaines traversent une passe délicate et l’exemple le plus parlant est le report ce lundi de la visite marocaine de Nicolas Hulot, envoyé spécial du président Hollande. Report à la demande de Rabat en attendant des éclaircissements sur les plaintes déposées à Paris contre Abdellatif Hammouchi, patron du contre-espionnage marocain ainsi que sur des propos insultants prêtés à un haut diplomate français contre le Royaume.

La goutte d’eau qui fait déborder le vase

Lors de déclarations aux médias français la semaine dernière, l’acteur espagnol Javier Bardem, connu pourson hostilité à l’égard du Maroc a prêté à un diplomate français des propos qualifiant le Maroc de «maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n'est pas particulièrement amoureux mais qu'on doit défendre».

Mustapha El Khalfi assure que ces propos «rapportés» sont «scandaleux et inadmissibles alors que le Maroc ne cesse d'œuvrer pour le renforcement des relations bilatérales, sur la base de l'amitié sincère, du respect réciproque et du partenariat mutuellement bénéfique».

Il poursuit cependant que le Royaume demeure persuadé que «la France saura réparer le mal causé par ces propos qui ont blessé l'ensemble des marocains et marocaines».

Joints par Médias 24, les services de presse du MAE français affirment que l'ambassadeur du Maroc en France sera reçu aujourd'hui même au cabinet du ministre des Affaires étrangères «pour tâcher de régler le malentendu».

Cependant, si le quai d’Orsay a répondu par un démenti formel aux allégations de l’acteur espagnol en demandant que toute la lumière soit faite sur cet incident regrettable, il n’en demeure pas moins que ce énième couac intervient dans un contexte tendu, après les plaintes déposées à Paris contre le patron marocain de la DGST.

Histoire d’une escalade diplomatique

Sans passer par les canaux diplomatiques, des policiers se sont rendus à la résidence de l'ambassadeur du Maroc pour notifier à Abdellatif Hammouchi une convocation émanant d'un juge d'instruction pour des accusations de torture.

Ila fait l’objet vendredi 21 février d’une nouvelle plainte déposée par l’ancien boxeur Zakaria Moumni pour «torture» pure et simple». Cette dernière notification fait suite à deux plaintes déposées contre lui devant la justice française par l'ONG française dénommée «Action des chrétiens pour l'abolition de la torture», (ACAT).

La 1e information judiciaire contre le responsable du contre-espionnage a été ouverte fin 2013 après la plainte du franco-marocain Adil Lamtalsi affirmant avoir été arrêté en octobre 2008 puis torturé pendant trois jours à Temara. Abdellatif Hammouchi est indirectement visé dans cette plainte pour «complicité de torture» ainsi que dans une autre plainte déposée jeudi 20 février par un autre marocain Ennaâma Asfari.

Après cette convocation peu conventionnelle, Rabat a répliquévendredi soir en convoquant Charles Fries l'ambassadeur de France au Maroc. La ministre déléguée aux affaires étrangères Mbarka Bouaida lui a fait part de la «protestation vigoureuse» du royaume et a affirmé que cet incident «grave et inédit» était «de nature à porter atteinte au climat de confiance et de respect mutuel».

Les autorités marocaines qui ont appris le dépôt de ces plaintes par une dépêche de l'Agence France-Presse rejettent catégoriquement les accusations portées contre le directeur général de la DGST, estimant qu'elles sont «sans fondement». Le Maroc a exigé que «des explications urgentes soient données à cette démarche inadmissible et que les responsabilités soient identifiées».

Le Quai d’Orsay tente d’éteindre le feu

Cette succession de bourdes diplomatiques et judiciaires a placé Paris dans une situation embarrassante vis à vis de son allié marocain etle porte-parole du MAE français a affirmé à proposdes déclarations insultantes qu’auraient tenues le diplomate français que «les propos prêtés en off à notre ambassadeur à Washington n'ont jamais été tenus».

Cependant, face au silence assourdissant de ce diplomate, il apparaît que le Maroc ne veuille pas se contenter du démenti du Quai d’Orsay mais demande à l’ambassadeur en question de confirmer ou d’infirmer les propos fallacieusement attribués ou effectivement prononcés. Puisque ces propos n’ont pas été tenus, alors que le diplomate incriminé le dise publique.

Sur les plaintes et la convocation «en fanfare» du 1e responsable de la DGST, un communiqué du quai d’Orsay publié le 22 février dernier assure qu’en réponse à la demande des autorités marocaines, «nous avons immédiatement demandé que toute la lumière soit faite, le plus rapidement possible, sur cet incident regrettable, dans l'esprit de l'amitié confiante qui lie la France et le Maroc».

Il est vrai que la violation des règles et usages diplomatiques universels et le non-respect des conventions entre les deux pays suscitent de nombreuses interrogations sur les motivations réelles de cette affaire et ses véritables commanditaires.

Ainsi, la forte escouade de 7 policiers, venue délivrer la convocation à Abdellatif Hammouchi est intervenue au moment où son supérieur hiérarchique et ministre de l'Intérieur était réuni à la résidence diplomatique du Maroc avec plusieurs journalistes.

Cette démarche pour le moins cavalière est inédite eu égard aux accords de coopération judiciaire en vigueur entre le Maroc et la France, et la question demeure posée sur la manière de procéder de la justice française qui porte atteinte aux intérêts des deux pays dont il faut rappeler que la France est le premier partenaire économique du Maroc.

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