Fin de la grève à l’ENCG de Tanger : accord signé, Lahcen Daoudi interpellé

L’accord intervenu met un terme à un mouvement de protestation des étudiants marocains qui a duré un mois. Cet événement met en lumière les questions de gouvernance au sein de l’enseignement public et le rôle joué par deux écoles privées tangéroises.  

Fin de la grève à l’ENCG de Tanger : accord signé, Lahcen Daoudi interpellé

Le 20 mars 2014 à 17h03

Modifié 20 mars 2014 à 17h03

L’accord intervenu met un terme à un mouvement de protestation des étudiants marocains qui a duré un mois. Cet événement met en lumière les questions de gouvernance au sein de l’enseignement public et le rôle joué par deux écoles privées tangéroises.  

« Ce fut une grève difficile,  longue et dure et il est temps de commencer à penser aux étudiants ».L’homme qui s‘exprime ainsi n’est ni un étudiant, ni un parent d’élève mais un responsable universitaire de l’ENCG conscient de la légitimité des demandes des étudiants grévistes et de la nécessité de profiter de cette crise pour « refonder » une école où l’on ne rentre qu’une fois obtenu une bonne note au bac et passé avec succès le concours d’entrée. C’est dire également que les étudiants de l’ENCG, dans leur très vaste majorité, ne sont ni des « têtes brûlées » ni des « glandeurs ».

Professeurs et étudiants de l’Ecole nationale de commerce et de gestion de Tanger ont paraphé un accord inédit en 9 points stipulant la rédaction d’une charte d’honneur, la « reconstruction de la confiance », la participation plus importante des étudiants aux choix pédagogiques de l’école et l’organisation de sessions de rattrapage.

La consultation des copies d’examens par les étudiants qui le souhaitent est également prévue,  la présidence de l’université Abdelmalek Essaâdi et la direction de l’ENCG s’engageant à la mise en œuvre de l’accord en concertation avec les représentants des étudiants et du corps professoral.

L’université Abdelmalek Essaâdi qui couvre la région de Tanger-Tétouan avec des facultés à Martil et Larache également est présidée par le Pr Houdaifa Améziane. L’ENCG est présidée par le Pr Abdallah Jebbouri et fêtera ses 20 ans en 2015.

Il aura fallu une longue grève des cours entamée le lundi 17 février prolongée par une grève de la faim entamée le lundi 17 mars dernier pour arriver à cet accord. Au départ, une grande partie des étudiants de 3ème et 4ème années avaient lancé un mouvement de protestation contre les notes obtenues dans certaines matières à la fin du semestre dernier, les jugeant « injustes et sévères ». Sur environ 400 étudiants en 3ème et 4ème années, seules 30 avaient obtenu la moyenne dans plusieurs matières, ce qui avait été mal interprété par des étudiants très critiques sur les « états de service » de certains de leurs enseignants.

Parmi les reproches formulées par les étudiants à l’administration de leur école, et au ministère de l’Enseignement supérieur par ricochet,  figure notamment le fait que certains professeurs de l’ENCG soient actionnaires et enseignent dans au moins deux écoles de commerce privées de la ville qui portent des noms proches de celui de l’ENCG : l’ESCG et l’EMCGI.

A l’ESCG, 10 professeurs sur 17 viennent de l’ENCG indique le site web de l’école, et la totalité des  5 membres-fondateurs de l’école sont affiliés à l’ENCG. A l’EMCGI, 15 des 21 profs listés sur le site web de l’école sont de l’ENCG, autant dire que le ministère de l’Enseignement public subventionne de manière indirecte ces écoles, détournant ainsi des ressources censées aller vers l’enseignement public. Les frais de scolarité autour de 50.000 DH par étudiant et par an.

Au fil des jours, le mouvement a peu à peu tourné en une protestation plus globale contre l’organisation de l’ENCG : les cours et le corps professoral essentiellement, avec une demande pour une meilleure adéquation entre les compétences des enseignants et les matières enseignées. Les étudiants souhaitaient également pouvoir s’organiser sans entrave au sein d’un bureau étudiant et d’une association.

Le sursaut vers une approche plus conciliatrice entre les différents bords est intervenu au lendemain du déclenchement de la grève de la faim qui a fait craindre le pire. Auparavant, c’était la crainte d’une « année blanche «  qui constituait le principal souci des étudiants et de leurs parents. C’est notamment à ce moment-là que des parents d’élèves sont intervenus avec plus de force auprès de leurs enfants et de la direction de l’ENCG pour rapprocher les points.

L’affaire a connu des rencontres entre des parents d’élèves et le ministre Lahcen Daoudi, celui-ci ayant, fin février, envoyé une mission d’inspection sur place qui a rendu un rapport demeuré pour l’instant confidentiel, mais dont le contenu a été communiqué à quelques responsables et professeurs à Tanger.

Le rapport avait même fait l’objet d’un projet d’accord mettant fin à la grève et mis en ligne le 4 mars dernier sur le site web de l’université, mais il ne sera finalement pas signé par les représentants des étudiants. Sur les réseaux sociaux, mais aussi dans leurs contacts avec les médias, les étudiants soulignaient les « atteintes à leur dignité » et le peu d’attention que certains enseignants portent à leur rôle sur le campus.

Selon des responsables universitaires,« les enseignants ont le droit d’enseigner 20 heures par mois dans le privé en dehors de leur emploi du temps à l’université public ». Ces responsables précisent que « ces établissements privés sont agréés par la tutelle, c’est-à-dire le ministère de l’Enseignement supérieur sur la base d’un cahier des charges et  d’engagements professionnels ». Mais apparemment, les règles en la matière ne semblent pas être toutes suivies, au détriment de l’université publique, du budget de l’Etat et de la qualité de l’enseignement qui doit être fourni aux 700 étudiants de l’ENCG.

Ceux-ci avant d’accéder au cycle de formation de gestion de 5 ans de l’ENCG, doivent obtenir une bonne note au bac, passer un concours d’entrée avec un nombre de places limitée à l’arrivée.

Cette situation a fait réagir le député de Tanger et élu communal le PJD Abdellatif Berroho qui a écrit à Lahcen Daoudi hier 19 mars pour dénoncer cette situation de conflits d’intérêts qui pénalisent les étudiants. M. Berroho a de nouveau demandé à M. Daoudi la constitution d’une commission d’enquête sur l’ENCG de Tanger.

Le PAM a également réagi à la crise qui frappe l’ENCG en dénonçant dans un courrier rendu public signé de son secrétaire provincial Abdelmounaim Albari le 18 mars « la baisse de productivité pédagogique en raison de l’intérêt croissant que donnent des enseignant à leurs projets privés », condamnant au passage le manque de réactivité de l’université.

A Tanger, des étudiants, des élus, certains professeurs et parents attendent la réaction de Lahcen Daoudi à cette situation.

 


 

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