Universités: le meurtre de Abderrahim Hasnaoui provoque une onde de choc
La faculté Dhar Lmehraz de Fès a été le théâtre de violences macabres qui ont coûté la vie un étudiant et fait de nombreux blessés. Les obsèques de la victime ont eu lieu samedi, en présence du Chef du gouvernement. Retour sur les raisons du drame.
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Amine Belghazi
Le 27 avril 2014 à 9h44
Modifié 11 avril 2021 à 2h35La faculté Dhar Lmehraz de Fès a été le théâtre de violences macabres qui ont coûté la vie un étudiant et fait de nombreux blessés. Les obsèques de la victime ont eu lieu samedi, en présence du Chef du gouvernement. Retour sur les raisons du drame.
C’est à la fois tragique et inquiétant. Le décès jeudi 24 avril d’Abderrahim Hasnaoui, étudiant originaire d’Errachidia et membre d’Attajdid attollabi (Organisation du renouveau estudiantin), des suites de blessures liées à son agression à l’arme blanche, soulève des interrogations et des préoccupations.
Cet assaut a été perpétré par des étudiants appartenant au clan baassiste de la Voie démocratique. Les violences ont commencé suite à l’annonce de la tenue d’une conférence sur un thème et/ou avec des participants non agréés par les gauchistes.
“Les islamistes, la gauche et la démocratie“
Les membres d’Attajdid attollabi de la faculté des sciences de Fès ont réservé une salle, le mardi 22 avril, pour l’organisation d’une conférence prévue le lendemain sous le thème «Les islamistes, la gauche et la démocratie.» Cette conférence était censée faire suite à la rencontre organisée en novembre 2013 à Rabat, et qui a réuni des intervenants de plusieurs bords : Abdellah El Harif, Mohamed Sassi, Abdelaziz Aftati, Abdelali Hamieddine, …etc. et qui avait pour thème «la constitution et la démocratie.»
Pour ce rendez-vous de Fès, les organisateurs ont convié Hassan Tarik, membre du bureau politique de l’USFP, Ahmed Moufid, professeur à l’université de Fès, et Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PDJ. Mais il faut croire que ce qui est acceptable à la faculté de droit de Rabat, ne l’est pas à Dhar Mahraz à Fès. En effet, sur recommandation du doyen de la faculté, la conférence a été annulée, le jour même de sa tenue, pour des raisons de sécurité.
Cette suspension est une réponse aux menaces formulées par les étudiants de la Voie démocratique baassiste la veille de la tenue de la conférence. En effet, ils voyaient en la présence de Hamieddine une profonde insulte à la mémoire de Benaissa Ait Ljid, ancien étudiant gauchiste, assassiné par des étudiants islamistes en février 1993.
Crime pour lequel Abdelali Hamieddine a été jugé complice, et condamné à deux ans de prison, avant d’être relâché en 1995. Hamieddine avait par la suite été accusé d’être l’auteur de cet assassinat, ce qu’il a nié en expliquant qu’il a été blanchi par l’instance Equité et réconciliation. Plusieurs personnalités de la société civile lui avaient manifesté leur soutien, soulignant dans un communiqué que Hamieddine est une personnalité politique respectée par toutes les tendances politiques.
Le mouvement Attajdid Attollabi auquel appartenait a victime a rendu public une version détaillée des événements dans laquelle elle accuse les autorités locales et les responsables de l'université de collusion avec les assaillants.
Connue pour ses actions choc, la faction gauchiste de la Voie démocratique baassiste se donne pour mission de purifier l’université des courants régressifs «Al barnamaj al marhali» (traduit : le programme échelonné) qu’ils soient islamiste, amazigh ou de gauche politique, notamment avec leurs frères ennemis du parti de la Voie démocratique (Annahj).
Historiquement, la naissance des deux courants de la voie démocratique s’est faite peu de temps après le démantèlement du mouvement «Ila al amame.» En effet, le parti de la Voie démocratique s’est approprié la cause des droits de l’Homme et des libertés individuelles, domaines relevant du bord libéral selon la vision de la Voie démocratique baassiste.
Les obsèques de la victime ont eu lieu samedi à Errachidia, en présence de Abdelilah Benkirane et de plusieurs ministres PJD. Les reportages locaux décrivent le comportement digne et touchant de la maman de l’étudiant touché (photo). Soumya Benkhaldoun, ministre délégué de l’Enseignement supérieur, a annoncé un prochain projet de loi contre la violence à l’Université.
Les activistes de l’autre bord, celui d’Annahj Baassiste, rappellent néanmoins que les factions estudiantines proches du PJD, telle que celle d’Attajdid, ont eu plusieurs actes de violence à leur actif et que lors du décès d’un étudiant anonyme, le jeune Mohamed Fizazi en 2013, le ministre Lahcen Daoudi n’avait manifesté que de l’indifférence alors qu’il a versé de chaudes larmes aux obsèques de Abderrahim Hasnaoui.
Du côté d'Attajdid, on demande à ce que les organisations gauchistes soient classées organisations terroristes.
Ci dessous, intense émotion aux obsèques de la victime.