Disparition de Abdelaziz Alami, le mythique banquier marocain

Abdelaziz Alami, le mythique banquier marocain, est décédé dimanche en fin d’après midi à la Clinique Val d’Anfa à Casablanca, avons-nous appris auprès de sa famille. L'homme qui est parti discrètement ce dimanche, représente un pan de l’histoire de l’économie marocaine.

Disparition de Abdelaziz Alami, le mythique banquier marocain

Le 11 mai 2014 à 18h00

Modifié 11 mai 2014 à 18h00

Abdelaziz Alami, le mythique banquier marocain, est décédé dimanche en fin d’après midi à la Clinique Val d’Anfa à Casablanca, avons-nous appris auprès de sa famille. L'homme qui est parti discrètement ce dimanche, représente un pan de l’histoire de l’économie marocaine.

Sa disparition soulève une très grande émotion au Maroc, bien au-delà du microcosme économique.

Célèbre d’abord pour avoir refusé à trois reprises un portefeuille ministériel dans les années soixante et 70, il a travaillé à Rabat, à la direction de la Banque centrale à l'âge de 28 ans, puis directeur général de l'Office des changes,  enfin  dans différents cabinets ministériels, avant de devenir banquier, le métier qui devait le passionner jusqu’à sa retraite en 2003. Il a conquis sa légitimité de banquier par le travail remarquable et jalousé qu'il a effectué à la tête de la BCM.

Pour la petite histoire, il aimait à répéter une anecdote non confirmée de source indépendante: selon lui, il avait contacté par Driss Slaoui, conseiller du Roi, pour faire partie d'un nouveau gouvernement et il avait exprimé son refus. Il a par la suite rencontré Hassan II qui n'a pas manqué de lui demander la raison de son refus. Et Abdelaziz Alami de déclarer au défunt roi: "ma femme n'aime pas Rabat, elle préfère Casablanca".

Abdelaziz Alami a également été, selon des amis très proches, le premier Marocain lauréat de HEC Paris. Il était aussi lauréat de Sciences Po Paris, promotion 1960.

Je suis habité par la banque“, disait-il à propos de la BCM, qu’il avait rebaptisée Attijari. Il était habité aussi par l'art et les belles lettres.

Atypique, marginal, lettré, fin, il a écrit des poèmes et des nouvelles, connaissait l’histoire du Maroc dans ses moindres détails. Recevant des banquiers étrangers, il leur racontait toujours des épisodes de l'histoire, Ibn Battouta par ci, Abdelmoumen par là... Et charmait toujours son assistance, avec sa voix douce qui imposait l'attention et son érudition et son humour subtil. Un esthète au charisme redoutable.

C’est lui qui avait hissé la banque BCM au rang de première banque privée du Royaume.

"Nous avons commencé par des boutiques d'argent", répétait-il à ses cadres et à ses visiteurs. Il était fier d'avoir fait de ce conglomérat de boutiques d'argent, une grande banque, de plus en plus performante et compétitive, modernisée aussi. L'un des épisodes les plus célèbres fut celui de l'entrée de l'ONA dans le capital de la BCM, en reprenannt les parts du CIC. Abdelaziz Alami avait tout fait pour que "sa" banque garde son indépendance, il voulait constituer avec l'ONA un attelage d'importance égale et ne voulait pas devenir une filiale. D'où des rapports souvent tendus avec Robert Assaraf, qui fut un DG mythique d'ONA.

De nombreux cadres brillants viennent de l'école Alami. La BCM a été une pépinière de talents, qui ont connu une grande réussite: Si Mohamed Kettani l'actuel président d'Attijariwafa Bank, Boubker Jai, actuel DG d'Attijari, Mohamed Bousaaid, actuel ministre de l'Economie et des Finances, Tarik Sijelmassi, président du directoire du Crédit Agricole, Rachid Marrakchi, DG de la BMCI, Karim Belmâachi, DG d'Alliances, Youssef Alaoui (FISA, CGEM), Malik Annabi, Jamal Harouchi, Kamil Ouazzani, Rachid Tlemçani,...

Malgré son refus d'endosser des portefeuilles ministériels -ce qui était considéré à l'époque comme une outrecuidance et une marque d'inconscience-, il était devenu un homme du sérail et proche des cercles du pouvoir.

Après sa retraite, Abdelaziz Alami a un peu souffert de la solitude et se plaignait de ne plus recevoir des nouvelles de ses anciens amis et connaissances.

Ces derniers jours, sa santé s'était rapidement détériorée et depuis deux jours, ses médecins le considéraient comme mourant. Il est parti ce dimanche à l'âge à l'âge de 76 ans.

Contactés par Médias 24, plusieurs de ses amis, connaissances, relations professionnelles ou ex-collaborateurs, ont exprimé une profonde tristesse et souhaité lui rendre hommage.

Il laissera beaucoup de regrets, de souvenirs, et continuera pendant longtemps à alimenter les conversations, tant sa personnalité était atypique et sa réussite à la tête de la banque, exceptionnelle.

Médias 24 s'associe au deuil de ses proches et de tous ceux qui l'ont connu et présente ses condoléances à sa famille.

L'hommage le plus large va lui être rendu. Il le mérite.

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