France : Sarkozy et l’UMP visés par les juges pour la présidentielle de 2012

La dissimulation de près de 17 millions d’euros de financements occultes pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 attire l’attention de la Justice française. Bygmalion tenait une double comptabilité et sous-facturait ses prestations.  

France : Sarkozy et l’UMP visés par les juges pour la présidentielle de 2012

Le 18 juin 2014 à 12h56

Modifié le 11 avril 2021 à 2h35

La dissimulation de près de 17 millions d’euros de financements occultes pour la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 attire l’attention de la Justice française. Bygmalion tenait une double comptabilité et sous-facturait ses prestations.  

Le site d’information Mediapart a révélé hier mardi 17 juin la double comptabilité de Bygmalion qui sous-facturait ses prestations événementielles à la campagne de Sarkozy afin de rester sous la barre des 22,5 millions d’euros de dépenses légalement autorisés pour les candidats à l’Elysée.

Outre les 22,5 millions d’euros, l’UMP a dépensé près de 17 millions d’euros supplémentaires en faveur de son candidat, selon Mediapart. Quelques heures avant ces révélations, l’ancien chef de cabinet du patron de l’UMP Jean-François Copé, démissionnaire de son côté depuis le 15 juin, Jérôme Lavrilleux, était mis en garde à vue par la police judiciaire française qui enquête au travers de l’Office central de lutte contre la corruption.

Ce mercredi 18 juin, deux députés de l’UMP annoncent qu’ils portent plainte contre… l’UMP pour le préjudice subi par les militants.

De son côté, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur de Sarkozy, Valérie Pécresse, propose que le triumvirat composé des anciens premiers ministres Jean-Pierre Raffarin, François Fillon et Alain Juppé qui dirigent l’UMP jusqu’à la tenue de son prochain congrès en novembre prochain, porte plainte.

Selon Mme Pécresse, une action en justice devrait même être «symboliquement leur première décision ; l'UMP est victime dans cette affaire Bygmalion. Elle est victime dans son image, dans son honneur, elle est victime en tant que parti politique alors qu'elle doit être un des vecteurs pour exprimer le débat démocratique», poursuit cette proche de François Fillon. Pour Mme Pécresse, outre la sous-facturation et la double comptabilité, « il s’agit de savoir également  de savoir qui a touché quoi et combien ».

Les finances de l’UMP et du candidat Sarkozy sont observées de près depuis 2012 puisque le Conseil constitutionnel a déjà formellement rejeté en juillet 2013 les comptes de la deuxième campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, le privant des subventions de l’Etat. C’est à cette occasion que l’UMP avait organisé un Sarkothon pour renflouer ses caisses de quelques 11 millions d’euros manquants.

Fraude « industrielle »

Les révélations de Mediapart sur Bygmalion et la campagne 2012 de Sarkozy montrent que la fraude était organisée de manière industrielle. Ainsi, sur 44 meetings organisés en février et mai 2012, tous ont sans exception été sous-facturés à l’UMP pour permettre au parti de l’ancien président de rester dans la limite des 22,5 millions d’euros de dépenses légales. Des meetings au coût moyen de 600.000 euros étaient officiellement facturés 150.000 euros. Le grand meeting de Paris-Villepinte a été sous-facturé de… 1,37 million d’euros.  Le surplus de 17 millions d’euros de dépenses double pratiquement le plafond des dépenses autorisées de 22,5 millions,  à 39 millions d’euros.

Les écarts entre les coûts et l’organisation de la double comptabilité d’Event &Cie, la filiale de Bygmalion, sont détaillé par Mediapart. On y trouve le coût des prestations déclarées à la Commission des comptes de campagne, le prix réel des prestations et le montant non déclaré à la commission.

Outre l’effet démobilisateur de cette affaire et ses révélations  sur la principale force  politique de la droite française qu’est l’UMP, l’affaire Bygmalion intervient après la non-validation des comptes de campagne 2012, le Sarkothon pour lequel les militants du parti avaient été sollicités, les enquêtes sur l’argent libyen et les affaires Tapie-Crédit Lyonnais notamment. Cette affaire a toutes les chances de définitivement plomber toute chance de retour de Nicolas Sarkozy dans la course à la présidentielle française de 2017.

L’ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé et directeur-adjoint de la campagne 2012 de Nicolas Sarkozy Jérôme Lavrilleux a déjà indiqué à Mediapart : « Ma carrière politique est désormais terminée et je serai probablement condamné, je le sais ». M. Lavrilleux a été élu député européen le 25 mai dernier.  Un autre homme-clé de cette affaire n’a pas encore beaucoup parlé. Il s’agit du préfet Guillaume Lambert, ancien directeur de la campagne 2012 de Sarkozy.

Selon Jérôme Lavrilleux, « la décision de recourir à de fausses factures payées par l’UMP à Bygmalion a été prise en présence de Guillaume Lambert, d’Eric Césari de l’équipe de campagne de Sarkozy, de la directrice financière de l’UMP  Fabienne Liadzé et des dirigeants d’Event&Cie, la filiale de Bygmalion ». La prochaine étape de l’affaire Bygmalion à Paris devrait être l’ouverture d’une information judiciaire et la nomination d’un juge d’instruction indépendant.


 

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.

L'ANEF actualise l'étude sur les aires protégées du Maroc