Comment s'organise la vie quotidienne sous le nouveau “califat islamique”

L’EIIL (Etat islamique de l’Irak et du Levant, Da’eh en arabe) est donc devenu depuis dimanche 29 juin, “l’Etat islamique“ dirigé par le calife Abou-Bakr Al-Baghdadi, réputé cruel et sanguinaire. Quel est son projet de société pour son nouveau califat? Comment vivraient les habitants sous sa direction?

Comment s'organise la vie quotidienne sous le nouveau “califat islamique”

Le 30 juin 2014 à 15h41

Modifié le 27 avril 2021 à 22h29

L’EIIL (Etat islamique de l’Irak et du Levant, Da’eh en arabe) est donc devenu depuis dimanche 29 juin, “l’Etat islamique“ dirigé par le calife Abou-Bakr Al-Baghdadi, réputé cruel et sanguinaire. Quel est son projet de société pour son nouveau califat? Comment vivraient les habitants sous sa direction?

Les informations sourcées et recoupées en provenance des deux régions que ses forces occupent et administrent en Syrie, de même que les premières décisions prises après la prise de Mossoul, nous permettent de répondre à ces questions. La plupart des informations ci dessous proviennent des forums de propagande jihadistes. Elles ont été collectées par Médias 24.

 

 

Le nouvel “Etat islamique“ a mis en ligne dimanche 29 juin, différents documents au sujet de la manière dont il administre Alep et sa région.

L’infographie ci-dessus est très significative: tout y est, la vision, le rêve, les illusions, les armes… La vision est très simpliste, voire primitive, qui montre bien que les jihadistes en question n’ont qu’une conception extrêmement sommaire de ce qu’est un Etat.

L’infographie comporte des statistiques : la population totale de 1,2 million de personnes (on ne précise pas si c’est avant ou après l’exode provoqué par l’arrivée des jihadistes). La superficie est de 10.000 km2, “supérieure à celle de 48 pays dans le monde“, revendique le texte. Ses frontières sont de 130 km dont 60% communes avec le pays de Bachar.

En ce qui concerne l’équipement et les infrastructures, la hiérarchie est clairement affichée :

-d’abord 5 tribunaux, “qui appliquent la charia de Dieu dont les hududs“ (châtiments corporels pouvant aller jusqu’à la décapitation et la lapidation).

-10 centres de “hisba“, police religieuse de commanderie du bien et de réprobation du mal dont l’objectif est “d’assécher les sources de l’illicite“ tout en encourageant les musulmans à œuvrer pour le bien.

-11 bureaux de prédication.

- 10 postes de police.

-5 bureaux dits multiservices (qui veillent aux services publics tels que le pain, les secours, la circulation, l’eau et l’électricité).

-22 instituts religieux.

-2 centrales électriques.

Une petite précision non dénuée d'intérêt: la région ou wilaya de Alep ne comprend pas la ville d'Alep. Les jihadistes reconnaissent que celle ci est sous le contrôle des forces gouvernementales et que des combats y ont eu lieu.

 

Un tribunal, dont la façade a été repeinte en noir, comme tous les bâtiments officiels. Ci dessous, un siège de police religieuse.


 

Les programmes scolaires ont été "purifiés" de tout ce qui est contraire à la religion musulmane. Mais on ne dit pas qui décide de ce qui est conforme ou pas. Ci dessous, une salle de classe.

 

 

Ci-dessous, un centre de recrutement pour les forces armées, ouvert aux "seuls musulmans".

 


Exécution publique de "trois apostats".

 

Parmi les normes édictées, le strict cloisonnement des femmes. Celles-ci ne doivent sortir qu'en cas de nécessité absolue. Elles doivent être revêtues d'un niqab dont les caractéristiques sont expliquées dans une affiche (vêtement ample, de couleur neutre, noire ou grise, recouvrant la totalité du corps).

La collecte de la zakat est également organisée. En amont, toutes les terres agricoles, toutes les unités de production sont recensées. La zakat est calculée par avance. Le paiement est collecté par des bureaux spécialisés, en nature. Devant l’un des bureaux, une photo montre une dizaine de sacs de grains.

Les circuits bancaires semblent avoir disparu du paysage. A moins que cela ne soit pour préparer des produits et des fonctionnements conformes à la vision que se font les nouveaux maîtres de la charia. En tous les cas, aucun circuit ou établissement bancaire n’est mentionné dans les documents mis en ligne.

Le retour de la "dhimmitude"

Dans la “wilaya“ voisine de Raqqa, les nouveaux maîtres du territoire ont hérité d’une forte communauté chrétienne. Ils ont alors rétabli la dhimmitude et s’en vantent sur leurs forums.

Un accord en ce sens a été signé avec les chrétiens de la ville en date du 22 février dernier. Il s’agit bien d’un accord de dhimmitude tel qu’il se pratiquait au temps du Prophète à l’égard des gens du Livre (Juifs, Chrétiens, Sabéens).

Les citoyens chrétiens de la ville de Raqqa (centre de la Syrie) se voient offrir la protection des troupes islamiques ainsi que le libre exercice de leur culte (sous certaines restrictions) en contrepartie de l’acceptation du pouvoir établi (celui d’EIIL) et d’une limitation de leur capacité juridique ainsi que de leur liberté sociale et surtout le paiement d’un impôt dit de capitation (Jizya).

Cet impôt, tel qu’il est défini dans l’accord, est annuel; le montant est de l’équivalent de 4 dinars d’or (1 dinar= la valeur de 4,25 grammes d’or pur) pour chaque mâle pubère riche. Pour les catégories considérées comme moyennes, seule la moitié est exigée et pour les pauvres, le quart.

Les chrétiens signataires du document se voient interdire la possession d’armes ainsi que tout commerce de produits illicites (alcool, porc) avec les musulmans. Ils doivent s’abstenir de boire les boissons alcoolisées dans l’espace public.

Ils garderont leurs propres cimetières ainsi que leurs lieux de culte, avec interdiction de construire de nouvelles églises, ni de restaurer celles qui sont tombées en ruines. Ils respecteront les limites imposées par l’Etat islamique telles que la pudeur vestimentaire. Tout rite à l’extérieur des églises est interdit et toute manifestation ostentatoire de chrétienté est interdite, comme le fait d’arborer une croix.

Peu après la prise de Mossoul qui est intervenue le 10 juin, les jihadistes de l’EIIL avaient diffusé les premières mesures relatives au maintien de l’ordre public et à la vie dans la cité (ci-dessous) :

-les femmes ne doivent sortir qu’en cas d’extrême nécessité et revêtues de niqab ;

-les mausolées sont interdits et ils seront tous détruits ;

-les musulmans doivent effectuer la prière en groupe plutôt qu’individuellement ;

-les lois de la charia sont intégralement instaurées.

 

 

Pour résumer, un embryon d'organisation sociale, centrée autour des rites religieux et du maniement des armes, dans la plus grande austérité, avec une vision simpliste du monde et une administration totalitaire de la société. La femme et les non musulmans sont considérés et traités comme étant inférieurs aux autres.

D'autres documents que nous avons consultés sont bien plus accablants, mais la plupart sont trop cruels pour être publiés.

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