Nemotek a fait perdre un milliard de DH à la CDG

L’entreprise de microtechnologie, qui souffrait de graves difficultés financières depuis 2012, a rendu l’âme malgré sa mise sous perfusion financière par sa maison mère. Elle a employé jusqu’à 340 salariés.  

Nemotek a fait perdre un milliard de DH à la CDG

Le 3 août 2014 à 9h40

Modifié 11 avril 2021 à 2h36

L’entreprise de microtechnologie, qui souffrait de graves difficultés financières depuis 2012, a rendu l’âme malgré sa mise sous perfusion financière par sa maison mère. Elle a employé jusqu’à 340 salariés.  

C’est la fin de l’aventure nanotechnologique pour la CDG. Sa filiale Nemotek est en cessation d’activité. Cette fin fait évidemment moins de bruit que lors de la création de la firme. Et pourtant, cela représente beaucoup d’argent : plus d’un milliard de DH ont été dépensés pour que cette structure réussisse à conquérir le marché mondial des caméras miniatures vendues principalement aux fabricants de téléphones portables.

Dès le lancement de la structure en 2009, la CDG a misé gros. Elle a doté l’entreprise de 50 millions de dollars, débauché les plus hautes compétences, dont un DG de ST Microelectronics. L’entreprise se dote aussi de la toute première salle blanche du continent africain, une sorte de laboratoire d’assemblage des micro-composantes. L’entreprise envisageait de produire mensuellement 140.000 caméras miniatures, destinées à être intégrées dans les téléphones portables, les tablettes ainsi que dans l’industrie de la sécurité.

Selon le management de Nemotek interrogé par le site d’information spécialisé Photonics.com, la demande mondiale est preneuse et croît à deux chiffres. “La demande de téléphones portables s’accentue dans les marchés émergents. De plus, les nouveaux téléphones nécessitant une seconde caméra de front pour les applications vidéo contribuent sensiblement à cette croissance” selon Jacky Perdrigeat, DG de Nemotek.

Avec ses 340 salariés opérant sur une surface de 12.000 m² à la Technopolis de Salé, Nemotek était parée à conquérir le monde.

Son DG, Jacky Perdrigeat était on ne peut plus optimiste. Il déclarera à Jeune Afrique qu’en 2010 déjà, le chiffre d’affaires de l’entreprise était de quelques dizaines de millions de dollars. Un chiffre qui ne tarderait pas à se multiplier par 8. Les affaires semblaient bien tourner jusqu’à ce qu’on apprenne à la fin de l’exercice 2012, que MedZ, filiale de la CDG et holding détenant Nemotek, constitue une provision de 223 MDH sur les titres de participations de l’entreprise et ce, après même que le capital de cette dernière ait été augmenté de plus de 500 MDH.

S’ensuivra un plan de sauvetage de l’entreprise.  Au fur et à mesure que la CDG réduisait ses dépenses et de 50% les effectifs, les velléités de Nemotek qui promettait de propulser le Maroc dans la cour des grands, se dissipaient.

Plusieurs responsables de MedZ que Médias 24 a contactés n’ont pas souhaité donner suite à nos demandes d’explications.

“Un modèle désuet”

Selon un ancien membre de MAsCIR (Moroccan association of science, innovation and research, fonds et think tank de la microtechnologie), cet échec pourrait s’expliquer à trois niveaux. “ La taille de l’entreprise et ses moyens ne lui permettent pas d’animer un véritable département de recherche et développement, capable de concurrencer les ténors du secteur à l’international” affirme notre source, et d’ajouter: “ le marché tend d’ailleurs vers la concentration. L’Europe, par exemple, est dominée par un seul fabricant”.

Par ailleurs, notre expert qui a requis l’anonymat, pointe du doigt l’obsolescence de la technologie manufacturée par Nemotek. La licence obtenue par Nemotek et les améliorations qui ont été apportées au produit ne correspondaient pas à la demande mondiale, selon lui.

Et enfin, notre interlocuteur questionne la gouvernance dont émanent ces choix d’investissement. “ Un investissement d’un milliard de DH doit être bien étudié préalablement, cet échec montre encore une fois à quel point le mode de gouvernance de la CDG ne permet pas d’éviter ce genre de catastrophes”.

A l’origine, une boîte israélienne

Créée en septembre 2007 et lancée officiellement en avril 2009, Nemotek a racheté une licence de production de micro-caméras basée sur les technologies OptiML et SHELLCASE, brevetées par une compagnie basée à la Silicon Valley, Tessera. Celle-ci a vu le jour à Tel-Aviv, en Israël, en 1993. Dans les années 2000, Tessera déménagera son pôle opérationnel à la Silicon Valley et le siège restera à Tel-Aviv. En vendant sa licence à MedZ, Tessera s’associe à cette dernière dans le capital de Nemotek, où elle prend une part minoritaire de 10%.

Une source affirme à Médias 24 que les cadres de Nemotek avaient effectué des stages de formation dans les deux sièges de Tessera, à Tel-Aviv et à la Silicon Valley.

La faillite de Nemotek marque la deuxième perte d’ampleur pour la CDG en moins de dix ans sous le mandat de Mustapha Bakkoury. En 2009 déjà, la Caisse a pâti de la crise mondiale et a perdu plus de 1,2 MMDH à cause de la dévalorisation de ses participations dans Club Med. Avec Nemotek, c’est au total plus de 2 MMDH qui s’évaporent.

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

Upline Capital Management: FCP “ALIF I” Rapport du commissaire aux comptes exercice du 1er Janvier 2023 au 31 Décembre 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.