L'Irak se dote d'un nouveau Premier ministre

Le président a confié la formation d'un nouveau gouvernement à Haïdar al-Abadi, malgré la plainte déposée contre lui par le sortant, Nouri al-Maliki.  

L'Irak se dote d'un nouveau Premier ministre

Le 11 août 2014 à 15h07

Modifié le 11 août 2014 à 15h07

Le président a confié la formation d'un nouveau gouvernement à Haïdar al-Abadi, malgré la plainte déposée contre lui par le sortant, Nouri al-Maliki.  

Le président irakien Fouad Massoum a chargé lundi Haïdar al-Abadi de former le nouveau gouvernement, lors d’une brève cérémonie retransmise en direct à la télévision. «Le pays est entre vos mains», a déclaré Massoum à Abadi, peu après que ce dernier a été choisi par l’Alliance nationale, le bloc parlementaire chiite, comme son candidat au poste de Premier ministre à la place du sortant Nouri al-Maliki.

Les Etats-Unis ont rapidement félicité le nouveau Premier ministre. «Nous félicitons Haïdar al-Abadi pour sa nomination et l’exhortons à former un gouvernement et un programme d’envergure nationale aussi vite que possible», a peu après écrit Brett McGurk, le diplomate du département d’Etat chargé de l’Irak et de l’Iran, sur son compte Twitter.

Dans la matinée, la Cour fédérale irakienne avait pourtant confirmé que la coalition de Nouri al-Maliki était la plus importante du Parlement, donnant ainsi raison à ce dernier, qui avait porté plainte contre le président, l’accusant de ne pas nommer de Premier ministre issu du plus puissant groupe parlementaire. «La Cour fédérale annonce qu’elle confirme que l’Etat de droit est le bloc le plus important du Parlement», a indiqué la télévision officielle. Selon la Constitution, le président irakien doit désigner un Premier ministre issu de la première force du Parlement, ce qui ouvrirait de fait la voie à un troisième mandat de Maliki.

Dans une allocution à la télévision dimanche soir, Nouri al-Maliki avait accusé le président d’avoir violé deux fois la Constitution, notamment en ne confiant pas à un Premier ministre désigné la mission de former un nouveau gouvernement. Le président, Fouad Massoum, a reçu depuis de nombreux soutiens, dont celui des Etats-Unis, qui appellent depuis longtemps à la formation d’un gouvernement d’union seul à même selon eux de faire face au chaos dans lequel est plongé l’Irak.

Livraison d’armes aux Kurdes

Les Etats-Unis livrent des armes aux forces kurdes qui combattent les jihadistes de l’Etat islamique au nord de l’Irak, a annoncé le département d’Etat lundi. «Nous collaborons avec le gouvernement irakien pour envoyer des armes aux Kurdes, dont ils ont très vite besoin. Les Irakiens procurent des armes de leurs stocks, et nous faisons la même chose, nous leur fournissons des armes de nos stocks», a déclaré Marie Harf, une porte-parole de la diplomatie américaine, sur CNN.

Elle a précisé que ces livraisons ont commencé la semaine dernière, sans toutefois détailler le type d’armes livrées. Deux ans et demi après le retrait de leurs troupes, les Etats-Unis ont commencé vendredi à frapper des cibles de l’Etat islamique pour contrer leur avancée vers le Kurdistan irakien et protéger le consulat américain d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan.

La crise qui touche l’Irak a poussé le gouvernement fédéral de Bagdad et le Kurdistan, dont les relations sont d’ordinaire très tendues, à coopérer, a souligné Marie Harf. «Celle collaboration entre les forces irakiennes et kurdes atteint des niveaux sans précédent. C’est quelque chose que nous n’avions jamais observé par le passé. Ils s’entraident», a-t-elle insisté.

Lundi, les jihadistes de l’Etat islamique (EI) ont pris le contrôle de la ville de Jalawla, à 130 km au nord-est de Bagdad, après deux jours de combats féroces avec les forces kurdes peshmergas, ont affirmé des sources de sécurité. Un officier de police a affirmé que la ville était tombée aux mains des jihadistes «tôt lundi matin» et deux autres sources de sécurité ont précisé que les combats avaient fait 10 morts et environ 80 blessés dans les rangs des peshmergas.

Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a fait savoir que Paris allait examiner, avec l’UE, la possibilité de livrer «de manière sûre», des armes aux Kurdes et aux Irakiens. Ce lundi, Laurent Fabius insiste de nouveau sur cette option dans une lettre adressée à la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Le président Barzani (président du Kurdistan irakien) «a insisté sur la nécessité impérieuse de disposer d’armements et de munitions lui permettant d’affronter et de battre le groupe terroriste de l’Etat islamique. Il est indispensable que l’UE se mobilise dès aujourd’hui pour répondre à cet appel à l’aide», écrit Fabius, en souhaitant la tenue d’une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’UE. Le chef de la diplomatie française a par ailleurs redit que Paris n’interviendrait pas militairement en Irak sans feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies et en l’absence de menace directe sur des ressortissants français.

Soutien européen à l’étude

Face à la situation des combats, l’Italie –qui préside actuellement le Conseil de l’UE– s’est elle aussi dite favorable à la convocation d’une réunion des chefs de la diplomatie européenne et prône «un soutien y compris militaire» au gouvernement kurde, a annoncé lundi la ministre des Affaires étrangères. «Nous examinons avec nos principaux partenaires européens les moyens les plus efficaces» pour stopper l’avancée des jihadistes de l’Etat islamique, a déclaré la ministre Federica Mogherini à la première chaîne de la radio publique. «Il ne s’agit pas d’une intervention militaire mais d’un soutien, y compris militaire, au gouvernement kurde».

Selon le journal Corriere Della Sera, Rome souhaiterait la fourniture d’armes aux peshmergas, les combattants kurdes. «Ce sont les seuls qui puissent défendre les chrétiens et préserver le rôle «tampon» du Kurdistan mais ils sont peu nombreux, 50 000 environ, et armés seulement de kalachnikovs sur un front qui s’étend sur 1 000 km», a indiqué le vice-ministre italien des Affaires étrangères Lapo Pistelli, de retour d’une mission à Erbil, dans le nord de l’Irak, cité par les médias.

Pour Pistelli, trois types d’actions sont nécessaires en Irak : «l’action diplomatique» pour pousser à la formation d’un gouvernement unitaire entre chiites, sunnites et kurdes, «des aides humanitaires pour assister les énormes flux de populations en fuite», «l’approvisionnement militaire des peshmergas dépourvus des armes lourdes dont disposent» les jihadistes.

Depuis début juin, des insurgés sunnites menés par les jihadistes de l’Etat islamique (EI) ont lancé une offensive fulgurante s’emparant de pans entiers de territoire en ne rencontrant qu’une faible résistance de l’armée. Mais avant même cette offensive, les violences étaient quotidiennes en Irak, alimentées par les ressentiments confessionnels, les sunnites s’estimant marginalisés par le gouvernement – majoritairement chiite – de Nouri al-Maliki.

La Ligue arabe a de son côté accusé lundi les rebelles jihadistes de l’Etat islamique (EI) en Irak de commettre des «crimes contre l’Humanité» en persécutant la communauté des yézidis, qui risquent de mourir par milliers dans les montagnes du Nord où ils se sont réfugiés. Nabil al-Arabi, le Secrétaire général de la Ligue, dont le siège est au Caire, a également réclamé dans un communiqué que les responsables de ces «crimes contre l’humanité» soient traduits en justice.

(Avec AFP)

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