Ahmed Chaara : itinéraire d’un jihadiste, de nouveau en prison au Maroc

Abou Hamza, nom de combat du Tangérois Ahmed Chaara, se trouve entre les mains de la police marocaine depuis la mi-août après son arrestation en Turquie. Parti en Syrie en 2012, ce n’est pas la première fois qu’il est mis derrière les barreaux au Maroc.    

Ahmed Chaara : itinéraire d’un jihadiste, de nouveau en prison au Maroc

Le 25 août 2014 à 0h00

Modifié 25 août 2014 à 0h00

Abou Hamza, nom de combat du Tangérois Ahmed Chaara, se trouve entre les mains de la police marocaine depuis la mi-août après son arrestation en Turquie. Parti en Syrie en 2012, ce n’est pas la première fois qu’il est mis derrière les barreaux au Maroc.    

La première fois, c’était en 2007. Ahmed Chaara passera près de quatre ans en prison, à Salé. L’homme avait quitté Tanger pour l’Irak mais avant d’atteindre sa destination, il sera arrêté à la frontière syro-irakienne et extradé vers le Maroc. Jugé et condamné, il n’en sortira qu’en décembre 2011.

A Tanger avant sa tentative de départ pour l’Irak en 2007, Ahmed Charaa, était connu dans le quartier de Béni Makada au Hay 12, face au cinéma Tarik où sa famille habite toujours, pour être un marchand ambulant, vendant cigarettes et confiseries avant de travailler comme aide-cuisinier dans un restaurant populaire du quartier. A sa sortie de prison fin 2011, il travaillera quelques temps dans une boucherie.

Aujourd’hui âgé de 46 ans, l’homme n’en est pas à sa première tentative de partir combattre les forces américaines ou Bachar Al-Assad au nom de la religion. Après l’échec de son départ pour l’Irak, cette fois-ci c’est le combat en Syrie et l’adhésion à Al-Qaida que vise Chaara. Dès l’été 2012, soit moins d’un an après sa sortie de prison, Chaara prend à nouveau la direction du Moyen-Orient et de la Syrie via la Turquie.

A son arrivée en Turquie,  il rejoindra Jabhat Al-Nosra, la filiale d’Al-Qaida au pays de Bachar Al-Assad en février 2013. A cette époque-là déjà, fin 2012, cela fait près de 18 mois que la guerre civile fait rage en Syrie. Nous sommes en 2013, et l’afflux de jeunes Marocains est tellement important - on parle de 1.500 jeunes venus du Maroc et un autre millier venu d’Europe - qu’Al-Nosra crée Harakat Sham Al-Islam, une milice jihadiste formé à 90% de Marocains.

Chaara ira en famille en Syrie en 2012 et cette caractéristique fera de lui un jihadiste particulier, qui, de plus, aime la médiatisation. Car Chaara est parti avec sa femme et ses quatre enfants et il le fait savoir. Des photos avec armes et enfants sont postées sur les réseaux sociaux et quelques mois plus tard il accorde une interview à France 24.

Cet entretien en langue arabe, donné en mai 2014, marque un tournant dans l’engagement et les convictions d’Ahmed Chaara. Outre les combats sanglants entre milices jihadistes censées combattre le régime de Bachar Al-Assad d’abord, deux Marocains combattant en Syrie, Brahim Benchekroun alors âgé de 35 ans et Abou Oussama, âgé de 28 ans, perdront la vie dans les combats entre mars et avril 2014, personne ne sachant à ce jour les circonstances exactes de leur mort. Au même moment son épouse tombe malade, un état qui nécessite un suivi des soins.

Jihad sans frontières

Au début de l’année, on apprend que Chaara est encore basé à Lattaquié sur ce morceau de côte méditerranéenne syrienne entre le Liban et la Turquie et qu’il a finalement décidé de quitter les rangs d’Al-Nosra et de se replier avec sa famille en Turquie à cause des combats entre milices jihadistes. « J’ai décidé de ne pas m’en mêler en attendant que les choses deviennent plus claires » indiquera-t-il.

«Aujourd’hui, poursuit Chaara, à cause de cette guerre fratricide et des désaccords entre factions, beaucoup de Marocains prennent le chemin du retour vers le Maroc. Mais moi, ce n’est pas du tout mon choix, car je sais très bien ce qui se passe au Maroc. Il y a beaucoup d’injustice. Actuellement, on attend l’ordre de Dieu, ce sera probablement vers une autre terre  de jihad. Je ne compte pas retourner en Syrie mais j’ai l’intention de rester sur la voie du jihad. Je ne suis pas encore décidé, mais ça ne sera la Syrie, plutôt un autre pays ».

A cette époque-là, en mai 2014, les combats entre milices font rage en Syrie et de nombreux Marocains se sont repliés en Turquie. A Istanbul seule, on estime à plus de 200 le nombre de Marocains retournés de Syrie à la veille de cet été et qui cherchait à retourner au Maroc. Certains le feront, d’autres iront en Libye, d’autres encore en Europe.

A partir de ce moment-là et des menaces à peine voilées proférées par Chaara sur France 24, les services de sécurité marocains suivent plus que jamais le parcours de Charaa et analysent le sens de ses déclarations. Dans un premier temps, Rabat arrivera à convaincre l’épouse de Chaara et un de ses jeunes de rentrer au Maroc et d’y reprendre une vie normale. Ce qu’ils feront. En juillet dernier, Mme Chaara et son fils Oussama sont vus à Béni Makada à Tanger. A leur arrivée quelques jours plus tôt à Casablanca, ils ont été débriefés et le jeune Oussama a repris ses matchs de football dans le quartier avec ses copains.

La suite interviendra autour du 15 août. Une opération conjointe des services turcs, marocains et français en Turquie à la fin du mois de mai dernier permettra de mettre la main sur Chaara et son fils Yassine et de les ramener à Casablanca après un détour par les locaux des services de sécurité turcs à Ankara et des services français à Paris.

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