Musique. Médias 24 vous propose Bill Evans
Pour les amateurs de jazz, la musique de ce pianiste est ce que le 20e siècle a produit de plus proche du chant des sirènes, étreignant les mélomanes au plus profond de leur âme…
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Samir El Ouardighi
Le 1 mars 2015 à 12h27
Modifié 29 mai 2021 à 20h16Pour les amateurs de jazz, la musique de ce pianiste est ce que le 20e siècle a produit de plus proche du chant des sirènes, étreignant les mélomanes au plus profond de leur âme…
L’œuvre de Bill Evans qui a été héroïnomane toute sa vie, a affronté de manière permanente sa destruction.
Une fêlure perceptible dans toutes ses interprétations musicales qui flirtent avec le chaos sans jamais y basculer.
L'importance de ce musicien grandit au fur et à mesure que l’impossibilité de le remplacer devient flagrante sachant qu'aucun autre pianiste contemporain n’a proposé une musique aussi éblouissante par sa mélancolie.
A la croisée des chemins, la musique de ce sosie d’Yves Saint-Laurent allie le romantisme de Frédéric Chopin à celui de Nat King Cole avec une suavité musicale qui n’a d’égale que son style torturé.
En collaborant à l’album «Kind of blues», Bill Evans avait déjà fait un pas dans la légende, mais il y est entré pleinement avec son 1er trio (Scott Lafaro et Paul Motian) qui a été à la base de son héritage musical.
Pour s'en convaincre, il suffit d’écouter «Waltz for Debby» (1961) pour comprendre combien son style méditatif a offert un apport séminal au jazz qui sous ses doigts se transforme en musique de chambre.
Composé à la mémoire de sa première femme Ellaine qui s’est suicidée sous un métro new-yorkais, ce morceau dévoile une musicalité bouleversante avec des harmonies à la fois tristes et féériques rappelant celles de Ravel.
Un jeu tout en nuances avec des accords incomplets qui laisse des trous rythmiques sublimement exploités par ses musiciens à l'image de son contrebassiste Scott La Faro.
Dans la reprise du thème «My foolish heart», Bill Evans offre une prestation époustouflante accessible aux profanes malgré son utilisation très pointue d’harmonies impressionnistes (Debussy).
En effet, sa manière de jouer les mélodies avec une monotonie sidérante est digne des plus grands chefs d’œuvre classiques grâce à son toucher tour à tour velouté ou cinglant et un sens élevé du voicing.
«The peacocks» est une complainte élégiaque transmettant une émotion à fleur de peau. Ce qui y est exprimé est simplement d'une beauté inracontable avec la synergie musicale Bill Evans-Stan Getz.
Tiré de l’album «But beautiful», ce morceau dont le titre à lui seul est un programme qui se passe de commentaires.
La dédicace est un art que Bill Evans pratiquera toute sa vie avec une impudeur émouvante avec notamment «We will meet again» tiré du splendide l’album «You must believe in spring» qui est paru à titre posthume en 1981.
Dédié à son frère Harry qui s’est lui aussi suicidé, son jeu est marqué par une sensibilité faite de nostalgie sans outrance et par une beauté crépusculaire entièrement habitée par la mort où Bill Evans convoque les ombres de son passé.
Pour boucler ce portrait ô combien peu exhaustif de ce pianiste désormais mythique, il convient de revenir en 1959 avec ce splendide morceau composé par Bill Evans et injustement attribué à Miles.
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