Ali Amar: Voici pourquoi j'ai consacré un livre à Moulay Hicham

Au lendemain de la parution du livre  «Moulay Hicham, itinéraire d’une ambition démesurée» dans les librairies françaises, le journaliste-écrivain explique pour Médias 24 la genèse et le timing de ce pamphlet.

Ali Amar: Voici pourquoi j'ai consacré un livre à Moulay Hicham

Le 2 juillet 2015 à 16h46

Modifié 2 juillet 2015 à 16h46

Au lendemain de la parution du livre  «Moulay Hicham, itinéraire d’une ambition démesurée» dans les librairies françaises, le journaliste-écrivain explique pour Médias 24 la genèse et le timing de ce pamphlet.

Pour son 3e livre, Ali Amar a surpris son monde en commettant un livre mi-enquête mi-pamphlet contre le prince Moulay Hicham. Accusé par certains de régler ses comptes avec son ancien ami et d’avoir été récupéré par le Makhzen, Ali Amar s’est prêté de bonne grâce à toutes nos questions.

Médias 24: Concrètement, que nous apprend de nouveau votre livre?

Ali Amar: Je dois d’abord dire que l’idée de l’écrire m’est venue quand il a sorti «Le journal d’un prince banni». Mon livre n’est absolument pas un règlement de comptes, mais une dénonciation des postures modernistes qu’il énonce dans son ouvrage.

J’ai commencé par tirer les fils du personnage pour expliquer son attitude actuelle. Pour cela, j’ai rencontré plusieurs sources dont ses amis d’enfance. J’ai reconstruit son 1er parcours auprès de la maison royale et son itinéraire universitaire à Princeton.

Je parle ensuite de son retour au Maroc et de sa volonté d’intégrer le mouvement de liberté qui s’était créé dans la presse et notamment comment il a approché l’équipe du «Journal». Après quoi, je relate les affaires interlopes, voire scabreuses, qu’il a utilisées pour expliquer son bannissement et son exil.

Contrairement à ce qu’il affirme, il les a savamment orchestrées pour donner l’image subliminale d’une alternative à son cousin. Il faut arrêter les mensonges, la compétition avec Mohammed VI a de tous temps été son obsession première, car il s’est toujours positionné comme son compétiteur, aussi bien au niveau des idées que de ses actes. Il enveloppe son dessein d’académisme, de tribunes enflammées, alors qu’il a toujours voulu jouer un rôle central dans la gestion du pays.

Je raconte tout cela d’une manière chronologique, mais je traite aussi d’un volet inédit et très peu connu qui est son affairisme. Je mets en lumière son rôle d’intermédiaire dans le trafic d’armes en Arabie Saoudite, à Abu Dhabi et même au Kosovo, où, sous couvert d’une mission de paix, il n’a pas hésité à acheminer des armes aux factions kosovares, tout en prenant des commissions conséquentes. Il est loin d’avoir les mains propres comme il le prétend, car mon livre révèle pour la première fois qu’il a trempé dans des affaires plus que louches.

-Certains vous accusent d’avoir écrit ce livre pour faciliter votre réinstallation au Maroc?

-Contrairement à certaines supputations, je n’absous absolument pas la monarchie dans cet opus, car je ne joue pas un camp contre un autre. Mes opinions sont toujours les mêmes sur certaines affaires, qui ont trait à la chose publique et à la mauvaise gouvernance. Écrire contre Moulay Hicham, ce n’est pas être avec le Makhzen, même si certains sites officiels surfent sur cette vague. Si cela permet à mon livre d’être publié au Maroc, je ne peux cependant que m’en féliciter.

-D’autres vous reprochent d’avoir trahi un ancien ami et d’avoir mordu la main qui vous nourrissait

-Notre relation cordiale a en effet duré une dizaine d’années, mais je rappelle qu’elle a pris fin en 2009. Notre différend a commencé avec un chapitre que je lui avais consacré dans mon premier livre intitulé «Mohammed VI, le grand malentendu».

Moulay Hicham s’est offusqué de mes propos et en a profité pour glisser une phrase assassine dans son «Journal d’un prince banni» en affirmant que je confondais intelligence et roublardise. Il a d’ailleurs réglé ses comptes avec tout le monde, même avec ceux qui n’ont rien écrit contre lui. Je tiens à souligner que la genèse de mon bouquin ne procède d’aucun conflit personnel, car j’ai pris mon temps pour le juger à froid.

-Vous avez donc mis du temps à réaliser ses travers, alors que vous l’avez fréquenté plus de 10 ans

-À l’époque du "Journal", je n’étais pas le seul à trouver que c’était une personne attachante, qui brassait des idées intéressantes. Pour mieux comprendre, il faut se remettre dans le contexte d’une époque très particulière, où nous étions grisés par l’apparition d’un journalisme échevelé.

C’était intéressant, voire captivant, d’avoir comme source et commentateur de la vie politique une personne issue du sérail royal. Avec le recul, il nous a clairement tous manipulés et a même tenté de s’immiscer dans notre ligne éditoriale et dans celle d’autres confrères. La vérité est que malgré son intention de se créer une cour d’obligés, nous sommes devenus amis et donc indulgents à son égard.

-Quelles sont les raisons de votre divorce?

-Il a eu lieu au lendemain de la parution de mon livre consacré aux dix premières années du règne de Mohammed VI. Avant même sa publication, je lui avais fait part de ma volonté de lui consacrer un chapitre avec des déclarations qu’il avait pu me faire. Il en était ravi, car il pensait à tort que mon livre était offensif contre le Roi et donc fatalement favorable à sa personne.

Après l’avoir lu, il a changé d’avis, car le chapitre en question n’était pas à son avantage et il n’a pas supporté d’être remercié à la fin du livre pour avoir été une de mes précieuses sources. En fait, il ne voulait pas insulter l’avenir, car il a toujours poussé les journalistes à agir à découvert, pendant que lui ménageait ses arrières.

À partir de là, il a coupé les ponts avec moi et je n’ai jamais jugé utile de répondre à ses flots d’insultes dans la presse arabophone. Je dois ajouter que comme j’avais quitté la rédaction du "Journal" en 2008, j’étais devenu un nobody pour lui, car je n’avais plus de tribune à lui offrir.

-Vous écornez donc ses postures modernistes et sa posture d’intégrité?

-Je n’ai pas raconté dans mon livre toutes les anecdotes auxquelles j’ai assisté à ses côtés, mais je peux vous dire que ce chantre d’un règne moderne aimait à se faire appeler Monseigneur par ses partisans. Alors qu’il se pose en pourfendeur du baise-main royal, j’ai assisté une scène au Plaza Athénée de Paris où il ne dédaignait pas se faire baiser la main par une longue file de Marocains.

Je pense sincèrement que s’il avait été porté au pouvoir, nous tous qui le fréquentions à l’époque aurions été les premiers à être pendus haut et court pour éviter les témoignages gênants.

-Eu égard à votre ancienne proximité avec lui, le contenu du livre peut-il  être qualifié d’objectif?

-J’ai toujours revendiqué un journalisme subjectif, surtout pour un sujet pareil. Je pense être juste avec lui, même si j’exprime et assume mes opinions personnelles. C’est un livre à mi-chemin entre un travail d’enquête et un pamphlet. Le bouquin est clairement orienté, mais je soutiens mes critiques par de nombreux témoignages documentés et des anecdotes vécues à ses côtés.

-Pensez-vous que votre livre sera très lu par les Marocains et à l’étranger ?

-Je ne sais toujours pas s’il sera disponible au Maroc, car ma maison d’édition (Pierre Guillaume de Roux) sonde toujours les diffuseurs Sapress et Sochepress  sur leurs intentions. Je suis cependant optimiste, car certains de mes habituels détracteurs n’ont pas hésité à lui tresser des lauriers.

En attendant sa distribution au Maroc, ce livre de 120 pages tiré à 10.000 exemplaires a été mis en vente mercredi 1er juillet dans toutes les espaces français de vente (sites et librairies) et notamment des aéroports qui desservent le Maroc. 

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