Salles, meetings, avion privé, communication: à quoi ressemble un budget de campagne électorale

Quelles sont les dépenses d’un candidat? Quels sont ses plafonds? Comment se financent les candidats?  

Salles, meetings, avion privé, communication: à quoi ressemble un budget de campagne électorale

Le 16 septembre 2015 à 10h32

Modifié 16 septembre 2015 à 10h32

Quelles sont les dépenses d’un candidat? Quels sont ses plafonds? Comment se financent les candidats?  

Une campagne électorale se compte en nombre de meetings, de tracts distribués, de militants rassemblés…mais également en monnaie sonnante et trébuchante. 

Alors que les partis préparent l’état de leurs dépenses électorales à présenter à la Cour des Comptes au plus tard le 6 octobre, nous avons demandé à quelques chefs de file de partis quelles sont les principales dépenses de campagne, et les sources de financement des candidats. 

Premier poste de dépenses: les ressources humaines

Le budget type d’une campagne électorale dépend en réalité du type de campagne que l’on a menée.

Selon que les candidats ont parié sur la présence massive du personnel tractant dans la rue, fait appel à une agence de communication, ou diversifié les canaux de transmission médiatiques, leur budget a été différent. 

A l’Istiqlal, Fouad Douiri, candidat à Casablanca, pose en premier poste de dépense les ressources humaines.

Les équipes des partis sont nombreuses sur le terrain: celles chargées de distribuer les tracts, d’assurer la logistique des candidats, l’organisation des meetings, d’être présentes dans les bureaux de vote.

Si la base militante met la main à l’œuvre, de nombreux salariés sont néanmoins recrutés pour brandir les emblèmes et scander les slogans de partis. 

Le «print» occupe le deuxième poste de dépenses. Il s’agit des tracts, des affiches de campagne mais également des publications sur les médias, des t-shirts au logo du parti, des casquettes, de la publicité, des flyers, etc.

Ce sont les sièges des partis qui ont assuré ces dépenses.

Le troisième poste est la logistique d'une manière large: transport, nourriture, hébergement, location de chaises, eau et boissons, location d'éclairage et de sono, estrades... Le cas extrême est celui du PJD qui a loué un avion privé à 300.000 DH au total pour transporter son secrétaire général d'un meeting à l'autre.

Au PPS, qui a investi les espaces publicitaires des médias papiers et digitaux, le budget du print a été de 10 millions de dirhams pour ces élections, sur un budget de 15 millions de dirhams. L’Istiqlal a réservé 4 MDH au paiement des tracts et affiches, sur un budget total du parti de 24 millions.

Suivent les dépenses de communication: lorsqu’un candidat contracte avec une agence de communication ou d’événementiel, un community manager, une équipe de réalisation pour les films de campagne, etc.

Ça a été le choix du RNI et du PAM qui ont fait appel à des agences de communication de la place casablancaise. Certains candidats ne se sont pas contentés de battre le pavé, ils ont aussi largement investi les réseaux sociaux, diffusé de nombreuses vidéos professionnelles de campagne, soigné leur communication.

Pour Fouad Douiri, candidat aux régionales de Casablanca, l’expérience de ces élections montre que les partis doivent investir plus massivement les espaces publicitaires et les réseaux sociaux.

«L’image corporate des candidats a été très importante surtout dans les villes, mais moins dans les campagnes où la personnalité du candidat est plus connue. Mais tout ça dépend des budgets de chaque parti».

Enfin, il faut compter également les locations de salle pour les meetings de parti. Mais ceux-ci n’ont pas été très nombreux, 2 ou 3 par partis, et les montants sont raisonnables. 

Les candidats mettent la main à la poche

Comment sont financées les campagnes? 

Chaque candidat gère sa propre campagne, avec les ressources qu’il reçoit et les siennes propres.

On identifie quatre sources de financement:

-l’allocation de l’Etat

-les transferts des partis

-les versements en argent ou en nature des sympathisants et militants

-les ressources propres des candidats.

L’allocation de l’Etat dépend du nombre de sièges à pourvoir et du nombre de sièges obtenus par les partis.

Le budget consacré à l’aide publique pour ces élections a été de 300 millions de dirhams, versés en deux fois aux partis: 30% à l’avance et le reliquat en fonction du nombre de sièges obtenus.

Le parti reçoit cette allocation et la distribution aux candidats dépend de choix internes. Le PPS a décidé de verser 500 dirhams par candidat, l’Istiqlal 1.000 dirhams. 

Cette somme reçue de l’Etat via les partis est très marginale au regard des dépenses engagées par les candidats. Ceux-ci doivent donc compter sur eux-mêmes et leur entourage.

Les sympathisants fortunés peuvent financer une partie de la campagne des candidats. D’autres aident avec leurs moyens pro bono: qui de faire une vidéo, le graphisme d’un flyer, de coacher la communication des candidats.

Enfin les militants constituent la force vive des tractants. Et certains partis ont su faire la différence avec des équipes motivées capables de défendre le programme de leurs candidats en porte-à-porte. 

Enfin, c’est surtout sur leur propre épargne que peuvent compter les candidats. Comme l’allocation de l’Etat est tout de même faible, et avantage les gros partis au détriment du pluralisme, ce sont les candidats les plus fortunés qui partent avantagés dans la course aux sièges. 

Transparence à géométrie variable

La loi oblige les candidats à présenter leurs comptes de campagne à la cour des comptes pour validation un mois après la tenue du scrutin.

Les partis rendront publics leurs comptes à cette occasion. En revanche, rien n’oblige un candidat à publier son compte de campagne. Seuls les têtes de listes doivent déposer les comptes auprès de la Cour des comptes.

Pourtant cet exercice de transparence renforcerait grandement le jeu démocratique, dans la mesure où les campagnes menées par chaque liste n’ont pas semblé peser le même poids. 

La liste FGD menée par Omar Balafrej à Agdal-Ryad a tenu à publier ses propres comptes de campagne dans les jours suivant les élections.

Si l’exemple était suivi par d’autres candidats, cela permettrait de comparer et ainsi mieux contrôler la véracité des dépenses.

Pour rappel, la loi fixe des plafonds de dépense pour les différents scrutins: 

- Chambre des Conseillers: 300.000 dirhams par candidat

- Régionales: 150.000 dirhams par candidat

- Communales: 60.000 dirhams par candidat

- Conseil des préfectures et provinces: 50.000 dirhams par candidat.

Fouad Douiri de l’Istiqlal et Nabil Benabdallah du PPS sont formels: il est certain que certains candidats ont explosé ces limitations. Mais comment savoir lorsque les paiements liquides prédominent, et que les comptes par candidats ne seront dans leur grande majorité, pas révélés au grand public?

Vous avez un projet immobilier en vue ? Yakeey & Médias24 vous aident à le concrétiser!

Si vous voulez que l'information se rapproche de vous

Suivez la chaîne Médias24 sur WhatsApp
© Médias24. Toute reproduction interdite, sous quelque forme que ce soit, sauf autorisation écrite de la Société des Nouveaux Médias. Ce contenu est protégé par la loi et notamment loi 88-13 relative à la presse et l’édition ainsi que les lois 66.19 et 2-00 relatives aux droits d’auteur et droits voisins.

A lire aussi


Communication financière

ALUMINIUM DU MAROC : INDICATEURS TRIMESTRIELS T4 2023

Médias24 est un journal économique marocain en ligne qui fournit des informations orientées business, marchés, data et analyses économiques. Retrouvez en direct et en temps réel, en photos et en vidéos, toute l’actualité économique, politique, sociale, et culturelle au Maroc avec Médias24

Notre journal s’engage à vous livrer une information précise, originale et sans parti-pris vis à vis des opérateurs.