Benkirane donne ses consignes aux maires PJD : “servez les citoyens, ne vous mêlez pas de leur style de vie”

C’était un peu comme un coach qui donne ses dernières consignes à ses équipes. Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, a réuni les présidents des communes, les maires et les présidents de régions PJD, 176 personnes au total, pour leur transmettre ses directives avant le début effectif de leurs mandats.

Benkirane donne ses consignes aux maires PJD : “servez les citoyens, ne vous mêlez pas de leur style de vie”

Le 19 septembre 2015 à 11h34

Modifié 19 septembre 2015 à 11h34

C’était un peu comme un coach qui donne ses dernières consignes à ses équipes. Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, a réuni les présidents des communes, les maires et les présidents de régions PJD, 176 personnes au total, pour leur transmettre ses directives avant le début effectif de leurs mandats.

Les messages étaient clairs, au nombre de trois essentiellement :

1.       Vous n’avez pas été élus pour changer la manière dont les gens vivent, mangent, s’habillent ou sortent. Cela ne vous regarde pas. Vous avez été élus pour votre droiture et pour servir les gens, leur apporter les meilleures prestations possibles, pour être au service de l’intérêt général.

2.       Vous n’avez pas à vous mêler des pratiques religieuses. Cela n’est pas de votre ressort mais de celui de Amir Al Mouminine et du ministère des Habous.

3.       La droiture ne suffit pas. Restez droits et intègres? Mais soyez également compétents, inventifs, créatifs, trouvez les bonnes solutions aux problèmes des gens. L’urbanisme, l’assainissement, les transports les services sociaux, les prestations administratives, l’éclairage, la propreté…

En gros, prévenir les excès de zèle dans le domaine religieux. Et rappeler que dorénavant l’intégrité doit se hisser vers la compétence.

Implicitement, l’intégrité finira par aller de soit et se généraliser. La compétence fera la différence.

En dominant plus de la moitié des villes de plus de 100.000 habitants (19 sur 35, en attendant la résultat de la 36e Oujda), le PJD s’expose. Une certaine circonspection accueille ce raz-de-marée, par exemple dans des villes comme Casablanca ou Marrakech. Dans cette dernière ville, où le nouveau maire PJD Mohamed Belcaid jouit d’une excellente réputation, les professionnels du tourisme restent néanmoins prudents avant de se faire une opinion définitive. Ils envisagent même de solliciter une réunion avec lui.

Benkirane exprime donc tout haut une question qui est sur beaucoup de lèvres : il faut éviter de mélanger le référentiel religieux au mandat de gestion communale ou régionale.

Second point, toujours sur la religion, il passe quelques messages, car il sait que sa base est diverse et n’est pas exempte d’une forme de radicalisme:

“[verbatim] notre référentiel est le secret de notre réussite. Lorsque je dis référentiel, je ne parle pas d’imposer aux gens un style de vie. Votre mission n’est pas la religion des gens. Ne tombez pas dans ce piège.

“Notre référentiel qui nous a fait gagner, c’est la droiture, l’intégrité.

“Nous ne sommes pas de passage, nous sommes venus pour être un élément de construction.

“Et attention aux tentations, ne prenez que ce qui est légal et lorsque vous prenez des avantages auxquels vous avez droit, eh bien félicitations. Mais n’en faites jamais plus, non seulement ce n’est pas conforme à notre référentiel de droiture, mais en plus les Marocains voient tout et comprennent tout. Nous sommes là pour faire avancer notre pays, pas pour vous servir. Nous sommes venus pour la justice, l’équité, l’écoute, l’intégrité, le social, le droit des gens, tout ce que vous voyez dans les pays occidentaux et  qui en réalité a été apporté par notre religion sans être appliqué dans nos pays… Avec vous, nous allons devenir un exemple pour les pays frères“.

Ceci pour les consignes.

Mais il y a aussi les messages politiques. “La vie politique marocaine est en pleine renaissance, les Marocains y croient de nouveau, la participation politique est en forte hausse. C’est le grand événement de ces élections. Le vote pour le PJD n’a pas été un vote de communales, il a été un vote politique. Le PJD a été choisi en raison de sa sincérité, de son combat contre la corruption. La corruption n’engendre que la désaffection de la population, le désintérêt pour la chose politique, elle n’entraîne que des désastres“.

"Nous ne sommes pas une secte"

Et voici pour l’anticipation :

“La droiture ne suffit pas. Il faut réfléchir, inventer des solutions, faire preuve d’ingéniosité. Il faut allier droiture et compétence“.

“Avec la droiture et la compétence, vous allez garder vos sièges et, je vais plus loin, la ville contaminera la campagne“. Benkirane fait allusion ici au faible score du PJD dans le monde rural.

Et enfin, un message aux non-PJD , tout autant qu’aux PJD :

Nous ne sommes pas une secte [en français, ndlr]. Le lien qui nous unit, c’est la droiture, pas l’appartenance au MUR ou au PJD. La nation passe avant le parti. Soyez dignes de la confiance de votre peuple et de votre Roi.“

Et 2016 ?  “Je n’ai pas peur. Le parti va jouer un rôle (hésitation) central. Le sérieux, le maâkoul, la droiture, la sincérité, la clarté, passent avant tout. Et ayez un seul rêve, une seule ambition : servir votre pays et vos concitoyens.“

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