Attaques terroristes: la crainte d'un “11-Septembre européen”

Un responsable de la lutte anti-terroriste: "Si le niveau des agresseurs augmente, on va avoir un problème..."

Attaques terroristes: la crainte d'un “11-Septembre européen”

Le 8 janvier 2016 à 9h23

Modifié le 8 janvier 2016 à 9h23

Un responsable de la lutte anti-terroriste: "Si le niveau des agresseurs augmente, on va avoir un problème..."

Davantage que les attaques isolées, comme celle qui a visé jeudi un commissariat parisien, ce sont des attentats terroristes multiples, coordonnés dans plusieurs pays européens, que craignent pour 2016 les services antiterroristes du continent.

Les massacres du 13 novembre à Paris (130 morts) ont montré que plusieurs équipes de kamikazes motivés, équipés de kalachnikovs et d'explosifs artisanaux, pouvaient causer de terribles pertes et traumatiser le pays avant d'être neutralisés. Multiplié à l'échelle de l'Union européenne, l'effet n'en serait que plus dévastateur.

"Je pense qu'hélas en 2015 on n'a rien vu", confie à l'AFP, sous le sceau de l'anonymat, un responsable de la lutte antiterroriste. "On va vers une espèce de 11-Septembre européen: des attaques simultanées, le même jour dans plusieurs pays, plusieurs endroits. Un truc très coordonné. Nous savons que les terroristes travaillent là-dessus."

"Nous assistons actuellement dans les régions tenues par Da'ech au recrutement de groupes de jeunes Européens, à leur entraînement, dans le but de les renvoyer frapper dans leurs pays d'origine", ajoute-t-il. "Ils ont les faux papiers nécessaires, la maîtrise de la langue, des lieux, des armes. Nous en arrêtons beaucoup, mais il faut le reconnaître, nous sommes submergés par le nombre. Certains passeront ou sont déjà passés."

Les récentes arrestations de terroristes rentrant des "terres de jihad" ajoutent à l'inquiétude, dit-il. "Les profils changent. On voit revenir des gens ultra-radicaux, très aguerris, qui auraient dû rester là-bas. Certains sont chassés par les bombardements russes, qui au moindre soupçon de présence jihadiste dans un village, vitrifient tout le secteur. Mais d'autres rentrent pour mener à bien des missions en Europe."

"Avant, on avait surtout le retour de gens qui s'étaient trompés, qui n'avaient pas réalisé que la guerre, ça pique", ajoute-t-il. "Là, on assiste au retour de gars qui tiennent la route."

"2015, validation opérationnelle"

Le complot visant à mener des attaques coordonnées en Europe n'est pas nouveau: il a déjà échoué plusieurs fois, dont une fin août 2010, indique à l'AFP Yves Trotignon, ancien analyste des services antiterroristes de la DGSE, les services secrets français.

"A l'époque, c'était encore Al-Qaïda, mais l'idée a été reprise, bien sûr, par Da'ech", dit-il. "Les équipes devaient arriver d'Europe orientale, récupérer du matériel pré-positionné, des armes de poing et des fusils d'assaut. Ca avait été déjoué par les Américains, qui avaient effectué une série de frappes de drones préventives en Afghanistan et au Pakistan contre les gens censés monter l'opération."

"Ce genre d'attaques multiples fait partie des scénarios du pire pour 2016", poursuit Yves Trotignon. "Je sais que dans les capitales européennes, à Londres notamment, les services spécialisés travaillent sur cette hypothèse."

Si policiers, militaires, analystes, législateurs tentent sans cesse d'adapter leurs réponses et leurs modes opératoires aux méthodes employées par les assaillants jihadistes, l'autre camp fait de même, et souvent de façon plus rapide et plus efficace, estiment les deux spécialistes.

"Il n'y a pas que nous qui tirons les leçons, Da'ech aussi", fait valoir le responsable de la lutte antiterroriste. "Par exemple, ils ont compris qu'il ne faut pas toucher au téléphone, ou très peu, que tout est écouté. Chaque attaque, même ratée, est mise à profit."

En jargon militaire, c'est ce qu'on appelle les "Retours d'expérience" (Retex). "Et des Retex, ils en font aussi", confirme Yves Trotignon. "Ils profitent des enquêtes de presse, lisent tout ce qui s'écrit sur le sujet. Ils ont vu qu'il a fallu deux heures et demie pour donner l'assaut au Bataclan", la salle de spectacles visée le 13 novembre à Paris. "Que leurs explosifs ne sont pas bons, donc qu'il faut en changer, que les gars ont laissé trop de traces. Ils apprennent vite."

"Le 13 novembre a montré qu'on peut se faire avoir par des gars qui n'étaient pas de très haut niveau opérationnel", conclut-il. "Donc si le niveau des agresseurs augmente, on va avoir un problème. Il y a un pessimisme horrible chez tous les professionnels autour de 2016. Peut-être que dans un an on se dira que l'année 2015 n'a été qu'une répétition, une espèce de validation opérationnelle".

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