Sahara: Ban Ki-moon implicitement désavoué par le Conseil de sécurité

Au terme de la réunion du lundi 21 mars entre le secrétaire général de l’ONU et les 15 membres du Conseil de sécurité, un porte-parole de Ban Ki-moon a reconnu l'absence de résultat: "Nous attendons toujours la réponse des 15 membres". Il y a des silences qui sont lourds de sens.

Sahara: Ban Ki-moon implicitement désavoué par le Conseil de sécurité

Le 22 mars 2016 à 16h50

Modifié le 22 mars 2016 à 16h50

Au terme de la réunion du lundi 21 mars entre le secrétaire général de l’ONU et les 15 membres du Conseil de sécurité, un porte-parole de Ban Ki-moon a reconnu l'absence de résultat: "Nous attendons toujours la réponse des 15 membres". Il y a des silences qui sont lourds de sens.

Lors des 45 minutes qu’a duré la conférence de presse ayant suivi la réunion du SG de l’ONU avec les ambassadeurs des 15 pays, Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général, a consacré pas moins de 30 minutes à répondre aux questions sur la crise Maroc-Ban Ki-moon.

Avant de se prêter aux questions des journalistes, il a confirmé le départ dimanche 20 mars de la ville de Laâyoune de 73 membres du personnel civil de la Minurso, réaffectés à Las Palmas en Espagne ou mis en congé dans leurs pays respectifs: 55 membres du personnel international, 7 volontaires, 6 du service anti-mines, 2 entrepreneurs internationaux et 3 membres de l’Union africaine.

Le porte-parole adjoint a déclaré que malgré la crise consécutive aux déclarations de Ban Ki-moon à Tindouf et à Alger, le dialogue n’était pas rompu entre l’ONU et le Maroc.

«Les membres du Conseil de sécurité assistés de hauts fonctionnaires de l’ONU sont toujours en contact avec les autorités marocaines, pour parvenir à une solution mutuellement acceptable, ainsi qu’avec les représentants du Front Polisario, pour les tenir informés de la situation».

Cet optimisme est vite contredit par des déclarations hostiles au Maroc, qui serait responsable de la crise qui a démarré au lendemain des déclarations pro-polisario à Tindouf du secrétaire général de l'ONU. 

Interrogé sur l’efficience du personnel réduit de la Minurso, Farhan Haq a reconnu qu’il y aura dans les prochaines semaines un problème de logistique pour les observateurs militaires de l’ONU.

«Je confirme la requête du Maroc de fermer le bureau de la Minurso situé dans la ville de Dakhla. Nous regrettons vivement sa décision de réduire le personnel civil de Laâyoune et d’expulser trois officiers du bureau de liaison militaire de la Minurso situé à Dakhla.»

Selon lui, l’échec prévisible de la mission de la Minurso incombe au seul Maroc, qui a "violé la charte de l’ONU", en décidant de réduire le personnel civil et militaire.

«Nous n’acceptons pas les raisons avancées par les autorités marocaines pour justifier ces départs. Kim Bolduc, qui dirige la Minurso est toujours à Laâyoune avec 27 autres membres de son personnel, mais cet effectif réduit ne lui permettra pas de remplir sa mission de paix dans les meilleures conditions».

Le porte-parole adjoint a poursuivi que le secrétaire général de l’ONU avait déclaré lors de sa réunion à huis-clos avec les 15 membres du Conseil de sécurité, lundi 21 ars au déjeuner, que l’attitude du Maroc était "inacceptable et qu'elle devait être condamnée publiquement".

Sur l’éventuelle poursuite de l'escalade entre le secrétariat général de l'ONU et le Royaume, il a répondu que le Maroc se devait de revenir à de meilleurs sentiments, au risque d’être tenu pour seul responsable de tensions accrues, voire d’une reprise du conflit armé avec le polisario.

«Lors de sa réunion, le SG a déclaré que si la Minurso était empêchée de travailler sereinement pour son utilisation du terme occupation, l’ONU ne pourra plus garantir sa mission de paix et de stabilité dans les autres conflits du monde. Nous attendons toujours la réponse des 15 membres». Il a toutefois estimé "qu’après un certain temps, l’absence de l’expression d’un tel soutien peut en elle-même constituer une position".

Rappelons que vendredi 18 mars, Stéphane Dujarric, également porte-parole du SG, s’était ému du fait que les membres du Conseil de sécurité n’avaient pas manifesté d’appui à la position de Ban Ki-moon.

Sur le soutien affiché de certains membres du Conseil de sécurité (France et USA) au plan d’autonomie marocain qui contredit la volonté du secrétaire général d’organiser un référendum, le porte-parole a déclaré que les soutiens nationaux et la mission de la Minurso n’avaient rien à voir.

Kurtis Cooper, porte-parole de la mission américaine auprès de l’ONU avait en effet qualifié le 19 mars dernier, de «sérieux, crédible et réaliste» la plan marocain, qui «représente une approche potentielle, qui pourrait satisfaire les aspirations du Sahara occidental.»

Fahran Haq a préféré éluder le soutien de poids des Américains, en déclarant que «ce qui importe aujourd’hui, c'est que le système de paix soit mis en péril par le Maroc. Il est inacceptable que ce membre de l’ONU décide unilatéralement de s’opposer à la mission de paix de la Minurso».

Bousculé par un journaliste sur la pertinence d’utiliser le mot «occupation» dans un contexte explosif pour désigner la position du Maroc au Sahara, le porte-parole a répondu de manière lapidaire sur un ton sans réplique que son patron n’avait fait aucune erreur de langage.

«Contrairement à ce qui a été dit, ce n’est pas une première, car deux résolutions onusiennes de 1989 et de 1990 avait déjà utilisé ce terme, qui n’a rien d’infondé».

Au final, les déclarations de Fahran Haq ne risquent pas d’arranger les choses entre Ban Ki-moon et le Maroc, d’autant plus que le Conseil de sécurité n’a ni soutenu les propos du secrétaire général, ni condamné les réductions d’effectifs de la Minurso décidées par le Royaume.

Après une première réunion du Conseil de sécurité sans résultat, Ban Ki-moon est donc revenu à la charge ce lundi 21 mars. Toujours sans résultat. Il est clairement désavoué par les embres du Conseil.

Malgré les tentatives de règlement diplomatique, la crise actuelle prend une tournure personnelle, qui ne pourra prendre fin qu’avec le départ du secrétaire général de l’ONU en décembre prochain.

D’ici là, il semble évident que Ban Ki-moon jouera sa dernière cartouche en avril prochain, en soumettant un rapport sur le conflit du Sahara qui promet d’être négatif pour la partie marocaine.

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