1. Les chiffres clés du cannabis au Maroc

Sans prendre position, Médias 24 rebondit sur le débat entourant la "légalisation" du cannabis, en consacrant une série d'articles à ce sujet. Pour planter le décor, nous entamons cette série par les chiffres clés du cannabis au Maroc.

1. Les chiffres clés du cannabis au Maroc

Le 1 mai 2016 à 17h45

Modifié 11 avril 2021 à 2h38

Sans prendre position, Médias 24 rebondit sur le débat entourant la "légalisation" du cannabis, en consacrant une série d'articles à ce sujet. Pour planter le décor, nous entamons cette série par les chiffres clés du cannabis au Maroc.

Au Maroc, l'idée d'une possible légalisation du cannabis est désormais présente, sans pour autant faire consensus, ainsi qu'en attestent les récentes sorties médiatiques du PAM et du PJD. Le premier dans le camp des défenseurs, le deuxième dans celui des pourfendeurs.

Notre objectif est de faire le tour de la question, une sorte de récapitulatif. Il ne s'agit pas de prendre position, mais d'exposer des faits. C'est au lecteur de se faire sa propre opinion.

Le sujet est vaste et les questions nombreuses. Les aborder en un seul article risque d'être long et in fine, lassant pour les lecteurs.  Nous poserons donc une série de questions, auxquelles nous consacrerons une série d'articles.

Voici les questions qui seront abordées:

- Qu'est ce que la dépénalisation du cannabis? Sa décriminalisation? Sa légalisation? Que dit la loi marocaine ?

-Que signifie "potentiel médicamenteux ou thérapeutique" du cannabis? Y a-t-il des cas dans le monde de cultures légales à but thérapeutique? Quelle est la taille de ce marché?

-Le second scénario de légalisation concerne la libéralisation de la consommation, voire de la culture (pour consommation personnelle), voire la distribution. Quels sont les pays qui l'ont fait? Avec quels scénarios? Quels résultats? Ex: Pays-Bas, USA, Uruguay, Mexique...

- Est- ce dangereux de fumer du cannabis? quels dégâts pour la santé? Que disent les scientifiques ?

Nous entamons cette série par les chiffres clés du cannabis au Maroc.

En 2014, l'Observatoire national des drogues et addictions (ONDA) évaluait à 800.000 le nombre d'usagers de drogue au Maroc, dont 95% de consommateurs de cannabis. La même année, un lycéen sur 10 avait touché au moins une fois à ce produit, tandis qu'un lycéen sur 30 en fumait plus ou moins régulièrement.

Dans son rapport 2015, L'Office des Nation-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) indique que la culture du cannabis au Maroc est  passée de 134.000 hectares en 2003 à 52.000 en 2012, puis à 47.196 hectares en 2013. Soit une diminution de plus de 70% en 10 ans. 

Les chiffres récents sur le tonnage de cannabis produit sont sinon indisponibles, du moins imprécis. Tout comme les quantités saisies. Dans son rapport sur les trafics illicites de 2013, l'organisation mondiale des douanes observe que "le Maroc reste incontestablement le pays source de référence pour la résine de cannabis en 2013, puisque 135 tonnes saisis provenaient de ce pays."

L'ONUDC, quant à lui, avance le chiffre de 107 tonnes saisies la même année par les autorités marocaines, mais se garde de donner les quantités produites. L'organisme onusien se contente du rendement de production par hectare: 812,87 kg/ha.  Toutefois, les chiffres de l'ONUDC sont à relativiser: depuis 2005, le Maroc ne permet plus à cet organisme d’effectuer des enquêtes de terrain.

D'après les statistiques du ministère de l'Intérieur cités par l'AFP, ce sont environ 90.000 ménages, soit plus de 760.000 personnes, qui vivent de la production de cannabis dans les régions d'Al-Hoceima, Chefchaouen et Ouezzane. En 2014, 66.750 personnes ont été poursuivies dans des affaires liées au cannabis, tandis qu'environ 20.000 individus sont recherchés, selon des sources concordantes. 

En 2005 - date à laquelle remonte la dernière enquête nationale sur le cannabis rendue publique - les exploitants avaient vendu 45% de leur production de cannabis à l’état brut et 55% sous forme de résine. Selon l'étude, "ces données permettent d’évaluer les revenus tirés de la culture du cannabis par les paysans marocains."

Ainsi, "45% de la production totale de cannabis brut, soit 23.985 tonnes, est vendue au prix de 50 DH/kg, représentant une valeur de 1,2 milliard de DH, à laquelle il faut ajouter la valeur des ventes sous forme de résine, soit 586 tonnes vendues au prix de 4.000 DH le kg et représentant une valeur de 2,3 milliards de DH. Au total, le revenu brut tiré de la vente de cannabis par les exploitants a été estimé à environ 3,5 milliards de DH".

Si l'on considère qu'entre 2003 et 2013, les superficies cultivées ont régressé de 70%, on peut penser que le revenu global a suivi la même tendance. En réalité, les superficies ont baissé, mais la production de résine est restée à un niveau proche du niveau de 2003, car les cultivateurs ont introduit des variétés hybrides à haut rendement (3 à 5 fois le rendement traditonnel), en provenance d'Europe, du Pakistan ou de la Jamaïque.

Le chiffre d'affaires global tiré de cette culture reste considérable, mais il tranche avec celui des revenus de la culture de cannabis par ménage qui (toujours en 2005) n'a pas dépassé 38.900 DH. Ramené au nombre de 760.000 personnes faisant partie de ces ménages (une moyenne de 8,5 personnes par ménage), cela représente un revenu par personne d’environ 4.600 DH.

C'est peu. Très peu, lorsqu'on sait qu'à l'époque, le PIB per capita pour l'ensemble du pays s'établissait à 14.843 DH. Mais surtout, le marché global, quand bien même il serait considérable, ne bénéficie que marginalement aux petits cultivateurs.

Un constat a été dressé en 1997 par Pascual Moreno, agronome espagnol. Ce dernier, "tablant sur une production de 1.397 tonnes de haschisch pour l’ensemble du Rif, avait estimé le rapport pour les producteurs marocains (du paysan au grand trafiquant) à 1.816 millions de dollars." Or, selon lui," La vente du kif par les paysans ne représente que 13 % de cette somme. "[1]

Autrement dit, la culture du cannabis n'enrichit pas les paysans. La grande part de la manne financière du trafic reste " fortement concentrée chez les commerçants, spéculant en aval de cette filière problématique. De même, elle ne profite guère en amont, d’une façon équitable aux cultivateurs ", rapporte cette étude de l'Agence pour la promotion et le développement du nord.

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