Voici le txte intégral du communiqué:

"L’injustice et le calvaire continuent pour notre famille depuis 52 ans, sans grand espoir de connaître le sort de notre frère Abdelhak Rouissi.

"Il est aberrant que la vérité, tout à fait possible si on veut bien s’en donner la peine, tarde à venir, laissant notre famille dans l’ignorance du sort de notre frère, et sans la possibilité de faire notre deuil.

"Certains témoins de l’enlèvement, voire de l’assassinat de notre frère sont encore vivants et pourraient être interrogés, ne serait-ce que pour nous indiquer sa tombe.
Attend-on leur disparition pour “se laver définitivement les mains“ au sujet des disparitions forcées dont celle de notre frère?

"L’Etat a manqué l’occasion de connaître une grande part de la vérité en interrogeant, à temps, le défunt “infirmier Hassouni“, aujourd’hui disparu.
Celui-ci, qui officiait depuis le début des années 60, est un de ceux qui ont participé à toutes les actions sanglantes: C’est lui qui a transporté notre frère Mohamed du centre secret de détention dit “complexe“ à l’hôpital Avicenne, lui reprochant d’avoir souillé sa voiture de son sang.
C’est encore lui qui a transporté notre sœur Khadija de “Derb Moulay Chérif“ à l’hôpital de Hay Mohammadi, rejetant les suppliques du médecin de garde qui voulait l’hospitaliser, alors qu’elle était en danger de mort.

"A propos de “infirmier Hassouni“, nous écrivions déjà, AVANT son décès au Président du CNDH:
“Nous estimons, une fois encore, que Boubker Hassouni, ancien infirmier a pu être témoin de l’affaire de notre frère Abdelhak, comme il a été témoin dans plusieurs affaires de disparitions notamment celle de Mehdi Ben Barka et celles de notre frère Mohamed et de notre sœur Khadija.

“Nous constatons avec regret que des  personnes ont déclaré à la presse connaître les assassins de notre frère, sans que le parquet n’ouvre une instruction“.

"Notre famille n’a pas demandé d’indemnisation et n’en demandera pas.
Ses actions ne sont mues par aucun désir de vengeance.
Seule compte pour nous la VERITE sur le sort de notre frère et la possibilité de pouvoir l’enterrer dignement et avoir ainsi une tombe pour nous recueillir.

"Nous rappelons à cette occasion les recommandations de l’Instance Equité & Réconciliation, relatives à l’établissement de la vérité concernant les cas non encore élucidés. A ce titre, nous déclarons nous engager dans toute initiative entreprise dans ce sens.

"Nous pensons que les pistes d’investigations n’ont pas toutes été épuisées, notamment l’audition de personnes encore en vie.

"Et nous étudierons toutes les voies à même de faire éclater la vérité sur le sort de notre frère.

"Nous déplorons que notre père Hassan Rouissi, incarcéré à trois reprises pour ses actions en faveur de l’indépendance de notre pays, et notre mère Lalla Fatima Skalli, qui a milité avec beaucoup d’espoir et sans relâche, au sein du mouvement des familles de disparus, pour son fils et pour toutes les autres victimes, soient décédés sans connaître le sort de leur fils.

"N’est-ce pas criminel d’agir ainsi contre des patriotes qui ont tout donné à leur pays?" [Fin du communiqué]