Provocations et tentative de politisation au procès Gdim Izik

Moyens de forme, provocations et tentatives de politisation ont marqué les trois dernières audiences dans le cadre du procès Gdim Izik. Compte-rendu.

Provocations et tentative de politisation au procès Gdim Izik

Le 25 janvier 2017 à 18h01

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

Moyens de forme, provocations et tentatives de politisation ont marqué les trois dernières audiences dans le cadre du procès Gdim Izik. Compte-rendu.

Ce mercredi 25 janvier, mobilisation des grands jours à l'annexe de la cour d'appel de Salé. Sa chambre criminelle statue sur le dossier "Gdim Izik", affaire au retentissement international. Les observateurs étrangers sont nombreux. Les médias aussi. D'où les microphones allumés. C'est très rare. D'où, aussi, le dispositif de sécurité à l'entrée de la cour et de la salle d'audience.

L'audience d'aujourd'hui est la troisième en trois jours. Comme pour tous les procès marathons, les débats durent à chaque fois une dizaine d'heures. C'est que les protagonistes sont nombreux. 24 accusés et leur défense, qui comptent des avocats étrangers. De même que les familles des 11 victimes, elles aussi, assistées par leurs avocats, parmi lesquels des ténors comme Abdelkbir Tabih ou Mohamed Chehbi.

Les victimes, elles, sont naturellement absentes et pour cause. Elles sont mortes. Et dans des conditions atroces, tuées à l'arme blanche, parfois égorgées, piétinées, mutilées. Dans quelques cas, les assassins ont uriné sur les dépouilles. L'un d'entre eux a fait un V de victoire après avoir égorgé sa victime. Le tout sous les caméras de la gendarmerie. La scène tragique a été documentée.

Là, sont les faits. Mais au stade où en est le procès, on n'en est pas encore aux faits. C'est la phase des "moyens de forme". Avec un enjeu majeur: la faculté, pour les familles des victimes, de se constituer partie civile. Ce qui leur permettra de faire valoir un préjudice, et partant, des dommages-intérêts.

Initialement, l'affaire avait été traitée au niveau du tribunal militaire. Les familles des victimes n'avaient alors pas cette possibilité. Le réexamen du dossier par une juridiction ordinaire a changé la donne. La Cour de cassation est à l'origine de ce revirement. Par un arrêt rendu juillet 2016, la haute Cour avait décidé le renvoi de l'affaire devant la chambre criminelle près la cour d'appel de Salé.

Ce qui nous ramène à une autre question de forme, celle tenant à la compétence matérielle de ladite cour. La défense avance que cette juridiction n'est pas habilitée à statuer sur l'affaire, requérant son renvoi à la chambre criminelle de première instance près la cour d'appel de Rabat. L'idée est de faire bénéficier les accusés d'une garantie: le double degré de juridiction.

Provocation et tentative de politisation

Entre les parties, ces questions ont généré des débats animés. Mais au prétoire, le juridique a été parasité par des remarques à connotation politique. L'usage par des avocats étrangers, notamment, de l'expression "territoire occupé" en allusion au Sahara, a agacé leurs homologues marocains. Y compris au sein de la défense: en signe de protestation, Me Abdelaziz Nouidi et Me Boujamaâ Achehboun ont même renoncé à défendre leurs clients.

Autre expression controversée, celle désignant les accusés comme "prisonniers politiques". Une hérésie: "J'ai assisté aux procès de 1976 de détenus politiques, qui défendaient les droits de l'homme et croyaient en la non violence, ce qui ne s'applique pas aux cas d'espèce, où les crimes ont été enregistrés par vidéo", commente Me Tabih.

Notons, par ailleurs, l'attitude et le ton provocateur de certains avocats. Me Joseph Breham en particulier. Cet avocat au barreau de Paris, qui assiste l'un des accusés, a créé la polémique en plaidant en français tout en faisant fi des injonctions du juge, auquel il a même tourné le dos. Me Breham a été toutefois recadré par ses confrères marocains, qui lui ont rappelé les termes de la convention de coopération judiciaire marocco-française. Laquelle impose aux avocats français plaidant devant des juridictions marocaines de s'exprimer en arabe, ou bien de mandater un traducteur pour ce faire. Vice versa pour les avocats marocains.

Pour rappel, le tribunal militaire de Rabat avait condamné, le 17 février 2013, à des peines allant de 20, 25, 30 de prison ferme à la perpétuité, les personnes impliquées dans cette affaire et qui étaient poursuivies pour "constitution de bande criminelle", "violence à l'encontre des forces de l’ordre entraînant la mort avec préméditation et complicité".

La Cour de cassation avait par la suite annulé, en juillet dernier, le verdict prononcé à l'encontre des 24 personnes condamnées dans cette affaire et ordonné le renvoi du dossier devant la cour d’appel.

Les incidents de Gdim Izik, qui remontent aux mois d’octobre et novembre 2010 lors du démantèlement du camp éponyme, avaient fait 11 morts dans les rangs des forces de l’ordre, dont un élément de la protection civile, ainsi que 70 blessés parmi les forces de l’ordre et 4 parmi les civils. Ces incidents avaient également fait d’énormes dégâts matériels portés à des établissements publics et des biens de particuliers.

En raison du parasitage international qui entoure cette affaire, Médias24 a jugé indispensable de rediffuser le document filmé réalisé par les autorités lors du dénouement de cette affaire. Attention, les images sont violentes et parfois insoutenables. Avec des images pareilles, la question de la culpabilité ne saurait revêtir une dimension politique.

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