Atterrissage brutal à la Bourse de Casablanca

Après avoir atteint des niveaux assez hauts, les principaux indices de la Bourse de Casablanca ont entamé une chute depuis quelques jours. Pour plusieurs observateurs, c’est un retour à la réalité et c’est la hausse enregistrée à la fin de 2016 qu’il faut incriminer. 

Atterrissage brutal à la Bourse de Casablanca

Le 23 février 2017 à 19h24

Modifié 11 avril 2021 à 2h39

Après avoir atteint des niveaux assez hauts, les principaux indices de la Bourse de Casablanca ont entamé une chute depuis quelques jours. Pour plusieurs observateurs, c’est un retour à la réalité et c’est la hausse enregistrée à la fin de 2016 qu’il faut incriminer. 

La séance boursière du 23 février s'est déroulée sous le signe des pertes et confirme la tendance baissière enclenchée depuis le début de la semaine. Le Masi a perdu ce jeudi 1,91% et descend donc en deçà de la barre symbolique des 12.000 points pour n’afficher que 1126,24. La progression depuis le début de l’année, n’est que de 0,70 % alors que ce taux avait atteint 9% durant les premières semaines du mois de janvier.

Une chute forte qui commence à inquiéter les investisseurs et le spectre des années moroses refait surface. Si la situation actuelle du marché boursier est "inquiétante", c’est bien parce que les signaux que le marché a envoyés à la fin de l’année dernière étaient bien différents. Au 31 décembre 2016, le principal indice de la cote casablancaise affichait un taux de progression dépassant les 31%. De quoi rendre jaloux les plus grandes places financières du monde. 

Cela dit, avec ce que nous sommes en train de voir en ce moment, cette progression n’avait rien de solide. "Avec les pertes de cette semaine, nous sommes revenu à la case départ et la bulle spéculative s’est dégonflée. C’est la hausse observée à la fin de 2016 qui était incompréhensible", explique Haddi Gharib, un spécialiste du marché boursier et patron d’une banque d’affaires.

Pour lui, les niveaux très hauts affichés par les différents agrégats boursiers en 2016 étaient complétement déconnecté par rapport à la réalité économique des sociétés cotées. D’autant plus que le Masi ne s’est réveillé qu’en fin d’année et il a beaucoup pris entre le troisième et le quatrième trimestres.

Ceci pourrait s’expliquer par plusieurs raisons externes au marché boursier. "Nous avions certainement des investisseurs qui tablaient sur un changement après les élections ou encore d’autres qui s’attendaient à une loi de Finances plus ouverte", analyse Haddi Gharib.

Une croissance qui a été boostée par les niveaux très élevés des liquidités et des taux obligataires qui sont en baisse. Au démarrage de l'année, retour à la réalité. 

En plus de cela, les ratios techniques de la bourse de Casablanca donnent raison à ce retour à l’équilibre. Nous avons un marché composé de nombreuses sociétés qui ont un PER assez élevée et qui ne réalisent pas souvent des très bonnes performances. "Il faut aussi se mettre en tête que la Bourse de Casablanca abrite plusieurs sociétés illiquides, et il suffit de quelques opérations pour que leurs cours bouge dans un sens ou un autre et avec des fréquences élevées", retient Haddi Gharib.

La valorisation globale de la place financière a elle aussi fondu. Elle a perdu entre la séance du 22 et celle du 23 février plus de 22,5 milliards de DH, et pointe à 589,7 milliards de DH. "La perte actuelle ne devrait pas choquer, ce qui est incompréhensible c’est qu’en 2016 la capitalisation a gagné 200 milliards de DH. J’estime que ça ne reflète en aucun cas la situation du marché", rappelle cet observateur.

La bourse de Casablanca a aussi souffert ces deux dernières semaines de la publication des résultats. Les deux plus grandes annonces jusqu’à aujourd’hui sont celle de Wafa Assurances et de la Banque Centrale Populaire. "Malgré les bons résultats de l’assureur, il a eu une sanction de la part du marché et son action a perdu plus de 7% au courant de la semaine qui a suivi l’annonce", rappelle Haddi Gharib. Même chose pour la BCP qui a perdu en 2 jours plus de 8% de sa capitalisation boursière.

Les actionnaires avaient des attentes bien plus importantes que les réalisations des entreprises listées sur la Bourse de Casablanca et ceci risque de continuer avec les prochaines publications.

"Economiquement, l’année 2016 n’a pas été un bon cru. L’économie nationale était au ralenti et les réalisations et performances des sociétés cotées feront pareil. C’est pour dire que le niveau du Masi n’avait rien de réel", conclut notre spécialiste.

C'est l'avis de plusieurs autres analystes interrogés par Médias24 et qui ont préféré s'exprimer sous couvert d'anonymat. Ils utilisent tous le terme "bulle spéculative" pour qualifier la hausse vertigineuse des indices boursiers à fin 2016, et qui a légèrement perduré début 2017.

Une hausse frénétique qui ne découle que des fameuses opérations de window-dressing, largement utilisées par les gérants de portefeuilles et les investisseurs institutionnels pour embellir leurs résultats 2016: "C'est clairement visible si vous regardez les résultats des assurances, qui ont explosé leurs portefeuilles actions", souligne un de nos interlocuteurs.

D'une autre part, nos experts évoquent "un retour aux fondamentaux" dans la place casablancaise, tendanciellement marquée par des performances mitigées: "Il y a une sorte de déception par rapport aux valeurs censées avoir du rendement. Même si les résultats annoncés jusqu'à présent sont bons, les dividendes distribués sont décevants", estime une analyste.

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