La crise diplomatique entre la Turquie et l'Europe en 5 questions

Meetings pro-Erdogan annulés en Europe, accusations turques de "nazisme" et menaces de représailles, voici un point sur la crise diplomatique opposant Ankara et plusieurs capitales européennes, qui n'ont pas toutes la même approche.

La crise diplomatique entre la Turquie et l'Europe en 5 questions

Le 14 mars 2017 à 10h01

Modifié le 14 mars 2017 à 10h01

Meetings pro-Erdogan annulés en Europe, accusations turques de "nazisme" et menaces de représailles, voici un point sur la crise diplomatique opposant Ankara et plusieurs capitales européennes, qui n'ont pas toutes la même approche.

Que font les ministres turcs en Europe?

Les Turcs sont appelés à voter sur une réforme constitutionnelle censée élargir les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan et ses ministres se sont lancés dans une tournée européenne pour mobiliser la diaspora.

Après l'interdiction de plusieurs meetings en Europe, cette thématique est devenue un point central de la campagne électorale.

"Erdogan se cherche des ennemis étrangers imaginaires pour courtiser sa base nationaliste à l'approche du référendum. C'est aussi simple que cela", résume pour l'AFP Soner Cagaptay, analyste spécialiste de la Turquie au Washington Institute.

Le président turc surfe aussi, selon des analystes, sur le ressentiment d'une partie de sa population, notamment compte tenu de la paralysie des négociations d'adhésion à l'UE de la Turquie.

Pourquoi la crise a-t-elle commencé en Allemagne?

Avec trois millions de représentants, la plus grosse diaspora turque au monde vit en Allemagne. Quelque 1,4 million d'entre eux peuvent voter au référendum du 16 avril, une manne non négligeable et a priori plutôt pro-Erdogan.

Le gouvernement allemand s'est dit étranger à l'annulation de quatre meetings de campagne de ministres début mars, soulignant que les autorités municipales étaient compétentes et que celles-ci invoquaient des problèmes logistiques ou de sécurité.

Mais en parallèle, Berlin a dit craindre qu'Ankara exporte les conflits politiques entre Turcs et Kurdes, mais aussi entre pro et anti-Erdogan.

Les deux pays ont donc croisé le fer, M. Erdogan accusant Berlin de soutenir le camp du "non" par des méthodes "nazies".

La tension est finalement retombée après que la Turquie eut fourni une liste des meetings prévus jusqu'au vote du 16 avril.

La relation germano-turque reste cependant difficile, Berlin ayant notamment vivement dénoncé l'incarcération d'un journaliste germano-turc en février et d'une manière générale les purges en Turquie depuis la tentative de coup d'Etat de juillet dernier.

Comment les Pays-Bas se sont-ils retrouvés en 1ère ligne?

La crise entre La Haye et Ankara intervient juste avant des législatives cruciales du 15 mars aux Pays-Bas, et à l'issue d'une campagne où l'islam et l'immigration ont été mis au coeur des débats par l'un des favoris, le candidat de l'extrême droite Geert Wilders.

Le 5 mars, celui-ci martèle que s'il était Premier ministre, il empêcherait toute campagne référendaire turque.

Six jours plus tard, La Haye empêche la venue du chef de la diplomatie turque et refoule la ministre de la Famille. Des affrontements entre policiers et manifestants pro-Erdogan éclatent.

Le vice-Premier ministre néerlandais Lodewijk Asscher assure qu'une "ligne rouge" a été tracée et dénonce les "intimidations" visant la population d'origine turque au même titre que les opposants politiques à Erdogan en Turquie depuis la tentative de putsch.

Pour le spécialiste de la Turquie Soner Cagaptay, La Haye "est tombé dans le piège" tendu par M. Erdogan pour galvaniser ses électeurs.

Pourquoi la France n'a-t-elle pas interdit un meeting?

Dimanche 12 mars, le chef de la diplomatie turque Mevlut Cavusoglu a pu s'exprimer à Metz (est) devant un millier de membres de la communauté turque.

Le ministère français des Affaires étrangres a indiqué qu'"en l'absence de menace avérée à l'ordre public, il n'y avait pas de raison d'interdire cette réunion", une décision dénoncée par la droite et l'extrême droite.

Et quid de l'UE?

La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a souligné que ce sont aux Etats de décider d'autoriser ou non des manifestations politiques turques. Berlin est sur cette même ligne, tandis que Vienne appelle à une interdiction générale dans l'UE.

Pour Didier Billon, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), "le fond du problème, c'est que les Européens doivent remettre à plat le dossier de la relation avec la Turquie", un partenaire dans l'Otan et dans la lutte contre l'immigration clandestine mais dont l'évolution sur les principes démocratiques inquiète.

"Aujourd'hui, c'est le bal des hypocrites. On prétend que les négociations d'adhésion existent encore, mais c'est faux (...). Il n'y a rien de pire que la situation actuelle. Elle laisse le populisme d'Erdogan s'exprimer", dit-il.

(Avec AFP)

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