Mercredi en fin de journée, la Banque centrale et le ministère des Finances avaient une date et une bande de fluctuation en tête. Et comptaient l’annoncer le lendemain:

-en fin de matinée, Mohamed Boussaïd devait mettre au courant ses collègues du gouvernement;

-l’après-midi à 16H, Jouahri et Boussaid devaient faire une annonce publique devant la presse.

Tout le marché attendait cette annonce.

Mercredi à 22H10, les journalistes reçoivent un mail de report de la conférence de presse, sans indication de nouvelle date.

Entre mercredi fin de journée et mercredi 22H10, il s’est passé quelque chose. Mais quoi?

Aucun responsable sollicité par nos soins, ne fournit de réponse concrète, ni convaincante. Impossible d’obtenir une déclaration de Abdellatif Jouahri. La Banque centrale, le ministère des Finances, se contentent de généralités. Le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi, au sortir du conseil de gouvernement, botte en touche.

A la question “que s’est-il passé?“, il est impossible d’avoir à ce stade une réponse.

Il reste une seconde question, la plus importante: s’agit-il d’un report de quelques jours, de quelques mois, ou du gel du projet de flexibilisation des changes? Ou bien s’agit-il d’une révision à la dernière minute, de la largeur de la bande de fluctuation?

Les prochains jours ou les prochaines semaines nous le diront.

L’une des explications qui circule concerne une prudence imposée à la dernière minute par la crainte d’une décote du Dirham qui serait provoquée par la flexibilisation. Mais la panique provoquée sur le marché et qui a poussé à une ruée vers les couvertures ET vers les devises, n’était pas justifiée:

-d’une part, la Banque centrale s’est engagée à ne pas dévaluer.

-d’autre part, la correction à la baisse ne pourrait en aucun cas dépasser la largeur de la bande de fluctuation. Cette bande n’a pas été révélée, mais le marché table sur l’intervalle de 3% à 5%, de sorte que la décote ne pourrait dépasser 1,5% à 2,5% ce qui n’est pas dramatique.

La décision de migrer d’un régime de change fixe vers un régime de change flexible n’est pas anodine. Elle est l’objet d’un certain consensus des économistes libéraux mais pas de tous les économistes.

En répondant à ceux qui s’inquiètent des conséquences, la Banque centrale a mis en avant deux arguments:

-le régime flexible n’est pas irréversible;

-la bande fluctuation sera étroite et la flexibilisation sera progressive, elle pourrait s’étaler sur 10 à 15 ans.

On peut être d'accord ou pas avec la décision de changer de régime des changes. Mais une fois que la décision a été prise, le processus a été piloté d'une manière professionnelle, prudente et maîtrisée par la Banque centrale qui a fait un énorme effort de communication depuis le début de l'année.

En conclusion, personne ne sait avec précision ce qu’il s’est passé et pourquoi ce report sine die. Et rien n’indique qu’il s’agit seulement d’un report de quelques jours. Affaire à suivre, les prochains jours nous en diront davantage.